Tragédie et farce
Chronique d'une fin de RégimeDes jeunes qui, pris de désespoir et saisis d'angoisse sociale, " allument le feu ", des salariés qui, n'ayant plus d'autre abri que leur voiture ou plus rien, meurent de froid, comme ce travailleur expulsé de son logement un jour avant le début de la trêve hivernale, comme cet agent de la fonction publique, nanti d'un salaire de misère et sans abri ... Et, à contre-jour, un gouvernement qui, derrière ses discours sur l'intégration et l'égalité des chances, décrète l'état d'urgence et emprisonne à tour de bras.Le gouvernement durcit ses traits, il renforce son arsenal répressif ; c'est le propre de tout Régime bonapartiste quand la crise devient inextricable. Ainsi le gouvernement compte-t-il éviter l'explosion de la société toute entière. Résultat : l'État est nu. Les derniers événements l'ont montré sous son vrai jour : ce n'est pas l'État " providence " et " impartial ", ce n'est qu'une bande d'hommes armés ; et le gouvernement, rien d'autre que le conseil d'administration des affaires de la bourgeoisie, comme l'illustre bien le " parler vrai " de Thierry Breton, ministre de la Bourse. Voilà ce que les uns et les autres tentent de camoufler sous le pavillon de " l'ordre républicain " et de " l'intégration ". Mais le brouillard des mots se brise sur l'épave de la réalité.Régime raciste
Le Régime de la Ve République se montre sous son vrai jour, celui du bonapartisme débraillé, celui d'un Régime raciste. Comme tout ce qui est sénile, il retombe dans sa prime enfance. Rappelons-le : ce Régime est né du putsch d'Alger, perpétré par l'armée et les activistes gaullistes, contre le peuple algérien, le 13 mai 1958. C'est dire s'il était frappé du sceau du racisme à la naissance. C'est dire aussi que le mot " intégration " vient également de là, lorsque de Gaulle, en sauveur suprême, parlait en 1958 d'" intégration " des Algériens sous la férule de l'empire français. La gauche bien rangée feint de s'étonner maintenant que le gouvernement exige des enseignants qu'ils enfoncent dans le crâne des enfants les bienfaits de la colonisation. Les opprimés - colonisés d'hier, immigrés et descendants d'immigrés d'aujourd'hui - devraient apprendre à être " reconnaissants " vis-à-vis de leurs oppresseurs-intégrateurs.
Chirac singe Pétain
Chirac intervient, en pleine " crise des banlieues ", pour mettre en avant l'idée d'un service civil pour 50 000 jeunes. La voilà, la bonne vieille " intégration ", façon " Maréchal, nous voilà " ! C'est une ultime tentative pour remettre en marche les " chantiers de jeunesse "qu'avait créés Pétain, en 1941. On pourrait s'étonner, Chirac n'est-il pas gaulliste ? Mais de Gaulle, fondateur de la Ve République, avait dit ce qu'il pensait, au fond, du régime de Pétain : " les doctrines sociales de la " révolution nationale " - organisation corporative, charte du travail, privilèges de la famille - n'étaient pas sans attrait " (voir les Mémoires de guerre du général de Gaulle, 1944-1946).
Ainsi, de Gaulle n'avait pas d'autres grief à l'encontre du Maréchal Pétain que d'avoir capitulé devant Hitler ; le reste, pour " Le Général ", c'était du bon beurre !
Les poules rentrent au poulailler
Dans le même temps, le PS tient congrès. Et les poules rentrent au poulailler : la charge du non triomphant était trop lourde d'explosions pour les " dissidents " Emmanuelli et Fabius. Où l'on voit Mélenchon applaudir debout son " secrétaire général ", François Hollande, qui avait appelé à voter oui à la Constitution européenne, comme ses pères spirituels avaient appelé à voter oui à celle de la Ve République en 1958, comme ses grands pères politiques avaient voté, dans leur majorité, les pleins pouvoirs à Pétain, en juillet 1940. " Tous unis contre Chirac ", clame François Hollande. Il veut rire, non ? l'homme qui a appelé à voter Chirac en agitant le spectre de Le Pen, l'homme qui a appelé à voter oui avec Chirac à la Constitution en faisant miroiter le mirage de l'Europe sociale ! Néanmoins, des forces militantes au sein du PS ont résisté à la mascarade de la " synthèse ", comprenant sans doute qu'il n'y a là que palinodies, mauvais arrangements et unité de pure façade.
Entre la population et les représentants politiques institutionnels, le fossé est large, comme en témoigne ce sondage publié le 10 octobre : 76 % des personnes interrogées n'ont pas confiance dans les élus politiques et plus de 70 % en ont une mauvaise image. Signe avant-coureur, parmi tant d'autres ; les masses apprennent à compter d'abord sur leurs propres forces.
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