« Bonjour Jean-Luc, c’est Arnaud Montebourg »

Dans l’attente de la candidature d’Emmanuel Macron, qui use de tous les moyens présidentiels à sa disposition pour faire campagne sans le dire, les candidat.e.s de l’élection présidentielle se dévoilent les un.e.s après les autres.

« Une femme pour faire le ménage » ?

Au menu de l’automne, il y a eu : l’investiture attendue d’Anne Hidalgo par le Parti socialiste le 14 octobre 2021, créditée à ce jour de 3 % d’intentions de vote. C’est dire l’effondrement d’un des deux partis vertébrant la V^e République. Puis l’entrée en campagne le 30 novembre 2021 du journaliste Zemmour, qui multiplie provocations et insultes pour faire le buzz, soutenu par le milliardaire Bolloré¹ et son groupe, en particulier la chaîne Cnews dont Zemmour a été un des chroniqueurs vedettes. C’est enfin la victoire de Valérie Pécresse à la primaire de la droite, celle qui déclarait en 2015 lors de la campagne pour la région Île-de-France : « Moi, je veux une région propre, rien de tel qu’une femme pour faire le ménage », se rêvant à mi-chemin entre Margaret Thatcher et Angela Merkel…

Une seule cible : la classe ouvrière !

Tous ces candidats se mettent à l’unisson de Zemmour et de ses nouveaux amis Philippe de Villiers, Jean-Frédéric Poisson (ex Parti chrétien-démocrate rebaptisé VIA, la Voix du peuple), Jacques Bompard (ancien maire FN d’Orange), Benjamin Cauchy ou Jacline Mouraud (2 ex-Gilets Jaunes d’extrême-droite). La droitisation est telle que même Marine Le Pen a du mal à suivre ! La candidate de la droite républicaine Pécresse promet : la création de brigades « coups de poing » pour faire face à la délinquance ; le déploiement des drones dans les manifestations (toujours censuré par le Conseil constitutionnel) ; la reconnaissance faciale à l’entrée des transports en commun « afin de lutter contre le terrorisme » ; des quotas annuels d’immigration par métier et par pays ; le traitement des demandes d’asile dans le pays de départ ; la suspension de la délivrance de visas pour les habitants de pays s’opposant au retour de leurs ressortissants sans-papiers ; la présomption de majorité pour tout « mineur non accompagné » refusant un test osseux ; la réduction des aides sociales aux demandeurs d’asile et aux bénéficiaires du regroupement familial sur le territoire français… Cette politique anti-démocratique et répressive est un préalable nécessaire pour mettre en œuvre une politique anti-ouvrière. Pécresse revendique la suppression de 200 000 postes de fonctionnaires, la retraite à 65 ans et le retour aux 39 heures ...

Et à « gauche » ? Pas mieux !

La gauche social-démocrate, réformiste et stalinienne n’est pas en reste. Quelle différence avec un Roussel manifestant avec les syndicats policiers devant l’Assemblée nationale ou un Montebourg qui déclare le 7 novembre au Grand Jury de RTL, Le Figaro et LCI : « Pourquoi on n'arrive pas à intégrer ? Vous avez aujourd’hui 100 000 mesures d'obligation pesant sur des personnes qui doivent quitter le territoire qu’on n’arrive pas à exécuter. Ces personnes sont là et sont d'ailleurs souvent des délinquants. Donc moi je suis décidé à taper au portefeuille » ? Aucune !

Finalement désavoué par ses bras droits et les jeunes de son mouvement, Montebourg, crédité de 2 % des intentions de vote, est tout comme Hidalgo dans une déshérence politique sans fin. Ces deux-là veulent aujourd’hui proposer une primaire aux autres candidats de la « gauche », Mélenchon, Jadot et Roussel… qui ont déjà tous les trois décliné ! Et c’est ainsi que l’on a pu assister à des scènes pathétiques diffusées par Montebourg sur son fil Twitter. Montebourg s’est enregistré pendant de très longues secondes, écoutant les répondeurs téléphoniques de Mélenchon et de Jadot, leur laissant des messages, et concluant : « Pour le reste, je continue ma campagne téléphonique ».

La classe ouvrière, elle, ne « répondra » pas plus à Montebourg qu’aux autres candidat.e.s de cette « seconde droite » qu’elle rejette intégralement. Elle ne peut, pour le moment, que compter sur elle-même !

14 décembre 2021

1.Ce groupe, issu d’une entreprise familiale bretonne, est une multinationale de transport, logistique, industrie et communication à la manœuvre en Afrique, exploitant concessions portuaires et chemins de fer, résumant à lui seul la gamme étendue des méfaits de l’impérialisme français (travail d’enfants, corruption, accaparement des terres…)