Touche pas au grisbi...

Chronique d'une fin de RégimeLazare Ponticelli s'est éteint le 12 mars 2008 à l'âge de 110 ans. C'était le dernier rescapé de la boucherie de 14 -18 qui, rien que pour la France, causa la mort de 1 million 500 000 travailleurs et paysans sous l'uniforme pour le compte des rapaces impérialistes européens et américains.
Sarkozy a voulu mettre en scène un hommage national à ce dernier des " poilus "..." Je refuse ces obsèques nationales " avait-il déclaré à la veille des cérémonies du 11 novembre 2007. Il refusait la guerre. Il en refusait tout autant les honneurs militaristes.
Evidemment, pour Sarkozy et sa bande, tout est bon pour tenter de susciter l'atmosphère de la cohésion nationale qui accompagne la sinistre chasse aux immigrés et à leurs enfants " sans papiers " et l'escalade des " réformes ". Le chauvinisme étant destiné à encamisoler les masses.

Le Rapport Attila

Précédemment, Jacques Attali, l'ancien conseiller personnel de Mitterrand, de gauche, bien rangé, est devenu missionnaire et petit rapporteur de Sarkozy. Compétitif dans son genre, il restitue son rapport, fissa. Et propose de tout passer à la désherbeuse. Le tout sous prétexte de " libérer la croissance ". Avec la bénédiction de Ségolène Royal soi-même, Attali préconise : la suppression progressive des départements , accentuer la baisse des " coûts du travail " ( salaires et effectifs), supprimer la carte scolaire, généraliser l'alternance école-entreprise à l'université, développer les financements privés des universités et leur autonomie comme l'avait exigé Strauss -Kahn , réduire à 1% la part des dépense publiques dans le Produit Intérieur brut ( PIB) , généraliser les dérogations par branches et par entreprises à la durée légale du travail, décréter que deux fonctionnaires sur trois partant en retraite ne seront pas remplacés, etc. Attali s'en prend aussi aux professions d'avoué, de notaire, de pharmacien, et de chauffeur de taxi. Mais ces derniers sont parvenus à faire reculer le gouvernement, par deux grèves successives.

Cohabitation, nouvelle mouture

On aura beau dire : le rapport Attali, quels que soient les grincements de dents des parlementaires du PS avant d'avaler cette couleuvre géante, scelle la cohabitation qui se fait jour entre Sarkozy et ce qu'il est encore convenu d'appeler " la gauche ".

Le résultat des municipales rend cette cohabitation inévitable. Il s'agit de la cohabitation entre un Chef de l'Etat affaibli et la quasi-totalité des présidents de Région, la majorité des présidents de Conseils généraux, la majorité des maires des grandes et moyennes communes, dont Paris, Lyon, Lille, Toulouse.

Ni arme, ni violence et sans passer par les égouts.

Dans le même temps, nous assistons à une recrudescence des scandales et fric-frac. Ainsi, la fraude organisée par un trader et employé de la société générale : 5 milliards d'euros. Ni arme, ni violence et sans passer par les égouts. Désormais, le casse de Nice perpétré le 20 juillet 1976 dans les coffres forts de la société générale de Nice passe pour un travail d'amateursC'est en passant par les égouts qu'une bande de pieds nickelés s'étaient introduits dans la salle des coffres de cette succursale de la Société générale. Ils y avaient laissé un mot " ni arme, ni violence et sans haine. " Sans haine, pas tout à fait car le cerveau de cet " exploit " était un activiste fasciste. . Jérôme Kerviel, 31 ans, l'auteur de ce " joli coup ", a été incarcéré à la Santé pendant un mois et demi pour " empêcher qu'il se concerte avec d'éventuels complices " et qu'il " détruise des preuves "

Fluide glacial

Ce n'est pas le cas de tout le monde. Ainsi, le sieur Denis Gauthier Sauvagnac, qui a bien mérité le titre de parrain de l'UIMM, reste, quant à lui libre pendant sa mise en examen. Libre de détruire d'éventuelles preuves. l'affaire s'envenime depuis septembre, jour où Madame Parisot a révélé l'existence d'une caisse de 600 millions d'euros de trafic d'argent liquide. Une caisse noire de l'UIMM Union des industries et métiers de la métallurgie, anciennement Union des industries métallurgiques et minières, colonne vertébrale du MEDEF pour " fluidifier les relations sociales ". Un grisbi anti-grève, en clair. Ainsi procèdent les héritiers des maîtres des Forges. Cet argent servait aussi bien à " soutenir " les malheureux patrons en butte à des grèves qu'à graisser la patte de syndicalistes de pacotille voire même, dit -on, à financer des groupuscules de nervis d'extrême droite ( c'est Le Pen qui le dit !). Bref, un cloaque. Le Denis Gauthier Sauvagnac, délégué général de l'UIMM, s'est fait prendre en flag par le Tracfin, organisme de lutte contre le blanchiment d'argent, alors qu'il "prélevait" des mallettes de 26 à 32 kilos de liquide.
Cette affaire sert de prétexte et de point de départ à une guerre sans merci entre les dirigeants du Medef, Parisot en tête, et les "tontons flingueurs" de l'UIMM, que Parisot veut délester d'une grande partie de leurs prérogatives dans les organismes de négociation ou de gestion paritaires avec les représentants des syndicats de salariés. S'agit-il de restructurer et de réorganiser le Medef avant la réforme du Code du travail qui se trame contre les salariés et les contrats collectifs ? Une chose est certaine, c'est bien une lutte de pouvoir qui est engagée, à couteaux tirés, entre les protagonistes de cette affaire sale. Et, sous cette forme, une crise sans précédent de direction de cet Etat-major des capitalistes et des banquiers qu'est le MEDEF.

UMP-sur- Seine

Cette crise du MEDEF est d'autant plus préoccupante pour le capital financier que l'UMP peine à être la direction politique de la bourgeoisie et le parti de choc anti-ouvrier que Sarkozy avait conçu. Moins d'un an après l'intronisation de Sarkozy, l'UMP apparaît pour ce qu'elle est, une bande d'aventuriers dont " la moitié sont bons à rien et l'autre moitié sont prêts à tout " Boutade de Coluche, à propos des ministres français à la fin des années 70. C'est ce qu'illustre la campagne de Neuilly. La ville dont Sarkozy fut maire et dont le fils cadet est maintenant conseiller général. A l'origine, la tête de liste UMP devait être David Martinon, le porte-parole du Chef de l'Etat. Le 11 février, ce " parachuté " doit jeter l'éponge face à un " divers droite ", Fromentin qui veut " réveiller Neuilly, la belle endormie " et face à deux colistiers : Arnaud Teuillé, ancien chef de la section locale UMP et le rejeton Jean Sarkozy. S'ensuit un duel scabreux entre Fromentin et Teuillé aux municipales. Curieusement, l'UMP soutient le "divers droite" Fromentin pendant que Teuillé, devenu dissident, reçoit le soutien du maire voisin de Levallois, Balkany, et s'affiche avec la mère de Nicolas Sarkozy. Au final, c'est Fromentin qui l'emporte, dans une ambiance délétère. A telle enseigne que l'écurie Fromentin stigmatise "la multiplication d'at-taques calomnieuses "

PCF : la chute libre

Les municipales s'achèvent donc sur fond d'abstentions record. Ces abstentions sont principalement des abstentions ouvrières et populaires . Dans le même temps, loin de se relever, le PCF poursuit inexorablement sa chute. l'exemple le plus marquant en est le cas de Montreuil où le maire sortant, apparenté PCF, dirigeant cette ville depuis près d'un quart de siècle, a été battu à plate couture par Voynet. Cette défaite est d'autant plus cuisante que la liste de l'édile sorti était soutenue par le PS, le PC, le groupuscule des radicaux bourgeois " de gauche ". Ce, après une campagne de haine dont les staliniens sont capables. Une fois battus, ces gens-là s'exclament " Montreuil livrée aux bobos " ! Or, à Montreuil comme partout où ils tiennent des villes, ce sont ces " anti bobos " qui ont favorisé la spéculation immobilière et l'accession à la propriété à des prix exorbitants au détriment des logements HLM et des familles ouvrières mal-logées. Ecumant de haine, le maire battu Jean Pierre Brard, prétend que Voynet a été élue grâce à l'UMP et à la droite. Qu'il se console : il est fort à parier que Voynet poursuivra la même politique municipale qu'auparavant. Et, dans l'adversité, il n'est pas le seul : le PC a perdu Aubervilliers, Calais. Fiefs et bastions tombent les uns après les autres. Y compris le Conseil général du neuf-trois. Les salariés, les jeunes, les chômeurs, par leur abstention massive, font la grève du vote parce qu'ils ne reconnaissent plus les directions du PS et du PCF comme leurs représentants et ne voient plus dans les élections le moyen d'affirmer leur volonté politique indépendante.
Modifié le mercredi 02 avril 2008
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