Réformer la civilisation ?
Chronique d'une fin de RégimeÀ un pôle, des média bien rodés qui s'enquièrent des aventures sentimentalo-rachidiennesLe terme " sentimentalo-rachidien" vient directement de la plume de Boris Vian. d'un Bonaparte de poche. À l'autre pôle, un cri qui s'échappe des barbelés des camps de rétention du Mesnil-Amelot et de Vincennes : Liberté ! À un pôle : un directeur de cabinet d'une ministre bien nourrie, pris sur le vif, dans un HLM de luxe parisien, façon Gaymard. À l'autre pôle : les CRS de cette ministre d'une droite dite " sociale " qui jettent à l'eau des sans-logis ... Non, il n'y a rien de nouveau sous le soleil de cette France d'après-rasage que Sarkozy voulait vendre aux électeurs.Non, rien de nouveau même dans cette façon de pédaler très vite en avançant peu. Quelle rupture ? Ça allait mal avant, ça va encore plus mal maintenant !Comme convenu, dans les milieux autorisés, on feint le détachement, dans le registre bien connu " La France s'ennuie "Titre d'un article devenu célèbre de l'éditorialiste du Monde, paru en février 1968., ou dans le style mensonger-mondain " le chômage baisse ". Bref, pour abuser les gens, ces bien-pensants pratiquent l'auto-intox.
Au même moment, les gens sont à bout, ils sont à cran, ils sont excédés. Ils sont plongés dans l'angoisse de ce qui va leur arriver : saisie, expulsion, licenciement, non renouvellement de contrat, suspension d'APL, radiation des ASSEDIC, maladie due à l'amiante, perte des tout derniers points de permis de conduire ... À leurs yeux, Sarkozy passe de plus en plus pour un bouffon. N'ayant plus rien à dire, il fait les poubelles des sociologues pour trouver des formules du genre " politique de civilisation " puis interrogé sur les 35 heures, il se plante en " espérant " à haute voix la fin des " 35 heures ". Or, il leur doit tout, à ces fausses trente-cinq heures, sans lesquelles il ne pourrait vendre son slogan " travailler plus pour gagner plus ", c'est-à-dire, liquider les jours de ARTT pour retrouver le niveau de salaire d'avant la loi Aubry qui, rappelons-le, fut une loi pour annualiser le temps de travail , entreprise par entreprise, par la " modération salariale " et ouvrir ainsi une brèche de taille dans la législation sociale de 1936, 37, 38. Ainsi la durée légale de travail devenait pour la première fois une mesure abstraite.
Travailler plus pour gagner plus ! Ce slogan de pub et de com' électorale fut salué comme un coup de maître, un concentré du génie sans bouillir de Sarkozy. Mais en grattant un peu, il s'avéra que cette formule avait été prononcée en 2004 par Marine Le Pen. Bel effort ! Et puis, il faut dire aussi que le vrai père de cette phrase-choc fut sans doute Maurice Thorez, chef du PCF autrefois, qui tout au long des années 1945-46, lorsqu'il était ministre d'Etat du général de Gaulle, haranguait les travailleurs, et en particulier les mineurs de fond, en leur lançant : " produisons d'abord et revendiquons ensuite ", " retroussons nos manches et demain, ça ira mieux " et pour être encore plus clair : " la grève est l'arme des trusts ".
Mini-traité par traîtrise ...
Mais passons à un autre chapitre : le 4 février, le parlement, sénateurs et députés confondus, seront réunis à Versailles pour ratifier le mini-traité européen concocté à Lisbonne. Mini-traité parce que c'est le traité constitutionnel européen compressé-zippé. Celui-là même qui a été massivement et magistralement rejeté une bonne fois pour toutes par la population travailleuse, le 29 mai 2005. Cependant, la ratification d'un texte à valeur constitutionnelle par la voie parlementaire ne va pas de soi puisque, selon la Constitution de 1958, il faut la majorité des 2/3 des suffrages exprimés. Ce qui met la balle dans le camp du PS. Et voici comment Jean-Marc Ayrault la saisit : " Il me paraît impossible que nous participions à la révision préalable de la Constitution dès lors que nous défendons la voie référendaire plutôt que la voie parlementaire ". Précisons que J.-M. Ayrault est le chef du groupe parlementaire PS et que François Hollande a aussitôt approuvé cette prise de position " révolutionnaire " car voyez-vous, c'est viril de " boycotter " la séance, ce jour-là. Tellement viril que cela permettra à Sarkozy d'avoir cette majorité des deux-tiers des suffrages exprimés et donc de faire passer le mini-traité anti ouvrier, en ayant l'air de ne pas y toucher ! À l'inverse, si députés et sénateurs PS, d'un seul bloc, décidaient, au nom du respect de la volonté ouvrière et populaire qui s'est exprimée le 29 mai 2005, de voter non ou même de s'abstenir le 4 février, cette majorité ne serait pas acquise pour Sarkozy. Certains députés PS, c'est à leur honneur, refusent de jouer ce jeu malsain.
Gageons que Sarkozy saura remercier ceux des députés PS qui se prêteront à cette farce en offrant de nouveaux strapontins à " l'ouverture " élyséenne. Alors, Jack Lang, c'est pour quand, la bonne soupe ?
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