« Nos chaînes seront brisées avant que nous le soyons » (Marwan Barghouti)
Pendant 40 jours, des centaines de prisonniers palestiniens ont mené une grève de la faim. Malgré une politique de répression systématique envers les grévistes, ceux-ci ont tenu sans faillir leur lutte, poussant dans ses derniers retranchements le pouvoir israélien avant qu’il n’accepte sous la pression conjuguée des grévistes, du peuple palestinien et des soutiens internationaux, de s’asseoir autour d’une table avec les représentants des grévistes. L’unité sans faille des différents courants de la résistance palestinienne a également permis la victoire.
Une grève exemplaire
Le 17 Avril, fête des prisonniers palestiniens, 1500 prisonniers sur près de 6500 incarcérés dans les prisons sionistes ont lancé leur grève pour une série de revendications démocratiques liées à leurs conditions d’emprisonnement. Pendant 40 jours, les prisonniers palestiniens ont mené une des plus longues grèves dans les geôles israéliennes. Ces prisonniers entendaient donner l’alerte sur les conditions de détention des 6500 emprisonnés, enfants et femmes compris. Ces militants dénonçaient le système judiciaire israélien appliqué aux palestiniens des Territoires occupés. Depuis 1967, 850000 d’entre eux (pour une population de 4,5 millions dans les Territoires) sont passés par les prisons sionistes. Le placement à l’isolement de certains prisonniers, leur transfert dans d’autres établissements ou la menace d’alimentation forcée n’ont pas dégrossi les rangs des militants grévistes. « Israël a tout fait pour casser la grève par la force » explique Majed Bamya, diplomate palestinien très impliqué dans le soutien aux prisonniers. « Constatant son échec, elle a été obligée de négocier avec le leader de la grève, Marwan Barghouti, et les représentants des grévistes et de répondre à leur demande de voir respecter leur dignité humain e. »
Victoire de la grève de la faim
Au moment même où débute le mois de ramadan, les prisonniers palestiniens détenus en Israël ont accepté de mettre fin à leur grève de la faim. Un accord a été conclu entre l’administration pénitentiaire (en réalité le gouvernement israélien) et les représentants des prisonniers, avec la médiation du Comité International de la Croix Rouge. Les contacts entre les services de sécurité palestiniens et israéliens se sont multipliés pendant les deux dernières semaines de la grève. Dans un premier temps, le gouvernement sioniste refusait de traiter directement avec des représentants des grévistes, en particulier avec Marwan Barghouti. Finalement après de longues tractations, le gouvernement israélien a fini par accepter le dialogue (première victoire du mouvement). Selon Kaddhoura Farès, président du Club des prisonniers palestiniens, les sionistes ont fait transférer 13 membres du comité de grévistes, dont Marwan, vers la prison d’Ashkelon, afin d’entamer de véritables négociations. Issa Qaraqe, directeur de la Commission des affaires des prisonniers palestiniens, annonce le dimanche 28 Mai, que 80 % des demandes des prisonniers ont été obtenues suite à la grève. Les améliorations les plus importantes portent surtout sur la question des visites familiales et des conditions de vie : l’accès à plus de membres de la famille (les grands-parents et les petits-enfants) ; l’amélioration de la communication, en particulier pour les enfants emprisonnés, les femmes et leurs familles ; installation de téléphones publics dans les prisons. Les interdictions de « sécurité » et les interdictions fréquentes de visite familiale imposées par l’administration pénitentiaire israélienne seront également allégées.
La vigilance est de rigueur
Les négociateurs israéliens se sont engagés à étudier les revendications non réglées. Les prisonniers palestiniens ne sont pas des naïfs, ils savent pertinemment, pour l’avoir déjà vécu, que la parole du gouvernement israélien peut se révéler peu fiable. L’état sioniste est prévenu : Marwan Barghouti annonce clairement que si les accords ne sont pas tenus la grève reprendrait immédiatement. La menace n’est pas légère, la mobilisation du peuple palestinien en soutien aux grévistes de la faim avait pris une ampleur sans pareille ; des soutiens internationaux affluaient de centrales syndicales, de parlementaires, de prisonniers politiques irlandais, kurdes ou turcs, sans oublier la grève de la faim de Georges Ibrahim Abdallah dans sa prison de Lannemezan.
Une grève unitaire
L’ensemble des dirigeants de Résistance Palestinienne se sont retrouvés dans la grève. Marwan Barghouti du Fatah, Ahmad Sa’adat du FPLP, Abbas Sayyed du Hamas, Hassan Salameh du Jihad islamique, Wadji Jawdat du FDLP, ainsi que les anciens grévistes de la faim Mohammed al-Qeeq et Samer Issawi. Cette dynamique unitaire ne manquera pas de marquer un tournant dans la lutte du peuple palestinien pour la reconnaissance de ses droits sur sa propre terre. Cette victoire sur l’État sioniste sera l’occasion de faire croître les revendications pour la liberté du peuple palestinien, mais aussi d’intensifier le soutien international contre la politique d’apartheid que mène le régime sioniste.
Francis Charpentier,
27 juin 2017
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