Comment expliquer l'occupation à l'occupant ?
PalestineNous reproduisons ici des extraits d'un article d'Amira Hass publié le 8 octobre dernier dans le journal israëlien Ha'aretz (Article traduit de l'hébreu par Michel Ghys). Certes, nous ne partageons pas la totalité de ce point de vue. Mais il est suffisament honnête, lucide et courageux pour qu'il soit publié ici.Comment se fait-il qu'une petite organisation comme le Jihad Islamique réussisse à produire autant de bombes ambulantes, perpétrant des attentats-suicides en prenant comme cibles des bébés dans leur poussette et leurs grands-parents?Comment se fait-il qu'une organisation, qui a un jour déclaré être attentive à ne s'attaquer qu'à des soldats, envoie, son tour arrivé, une jeune femme se faire exploser dans une ville judéo-arabe, pour porter la mort - et la mort d'enfants - dans un restaurant dont les propriétaires, les employés et les clients sont aussi bien juifs qu'arabes, personnes âgées et enfants?
Experts du renseignement et arabisants disent que cela vient de l'Islam qui sanctifie la guerre sanguinaire, qu'il y a une incitation incessante dans les mosquées, que la Syrie et l'Iran sont derrière tout ça, que les terroristes-suicides et ceux qui les envoient aspirent à la destruction de l'État d'Israël, que ceux qui se font sauter sont des animaux et qu'Arafat encourage le terrorisme. Il y a toute une conception derrière ces explications qui veulent que cette forme malade du combat palestinien n'ait pas de lien avec l'occupation israélienne; qu'il n'y a pas de lien entre la diffusion des attentats-suicides et la conclusion largement diffusée dans la population palestinienne qu'Israël - puissance militaire - aspire à extorquer un accord de reddition palestinien dont le principe serait de préparer la mainmise israélienne sur les terres de Cisjordanie et de la Bande de Gaza (...)Ce qui permet à la société israélienne de se faire à cette situation démente - engloutir des sommes folles dans ce qu'on appelle "défense" puis avoir peur d'une bombe rudimentaire, ambulante, renforcée de quelques kilos de clous - c'est la foi dans les dispositifs israéliens du renseignement et dans "l'objectivité" de leurs informations. en provenance de toutes sortes d'aides.(...)
Expliquer aux chars la peur d'un enfant ?
Oui, seule l'occupation israélienne explique cela. Tout le reste, ce ne sont que des explications annexes, des notes marginales. Comment peut-on expliquer une occupation à un occupant? La connaissance au jour le jour de ce que vivent trois millions et demi d'êtres humains - dont l'avenir est un avenir contraint, sans espoir de normalité; l'expérience au jour le jour de la terre du grand-père et du père tombant sous le coup d'un ordre militaire ou d'un autre, d'une confiscation "publique" ou d'une autre, ou d'un avant-poste pirate? Comment expliquerez-vous à un bulldozer ce que c'est que de vivre avec une terre qui rétrécit sous vos pieds, alors qu'en face s'agrandit la somptueuse localité des Juifs ou qu'une nouvelle route est tracée pour eux? Comment le document portant les ordres militaires comprendra-t-il ce que c'est que de vivre 37 ans livré à l'arbitraire bureaucratique des représentants de l'occupation étrangère (dont beaucoup habitent des colonies): un arbitraire qui décrète qui pourra se déplacer et qui ne le pourra pas, qui recevra des soins et qui n'en recevra pas, combien de pouces aura la canalisation d'eau, si et quand le camion-citerne pourra apporter de l'eau au village, quel arbre sera déraciné et lequel non?
Comment expliquer aux chars et aux avions ce qu'est la peur d'un petit enfant - pas dix enfants, pas cent, mais des centaines de milliers, et pas une fois tous les deux mois ou toutes les deux semaines mais tous les jours, pendant trois ans, et ce qui arrive à une fille et à une grand-mère dont les proches - des civils - ont été tués sous leurs yeux - et pas dix mais des centaines? Comment expliquer aux Israéliens - qui reçoivent un compte-rendu extrêmement partiel sur les frayeurs de l'occupation militaire - que les Palestiniens sont eux aussi, jour après jour, témoins de scènes d'horreur, depuis le premier jour de ce nouveau conflit sanglant alors qu'ils lançaient seulement des pierres et ne se faisaient pas encore sauter dans les rues de nos villes ? Oui, ceux qui commettent un attentat-suicide se sentent comme les représentants de leur société. Là est leur force. Ils représentent leur société dans ce sentiment qu'il n'y a pas d'espoir sous occupation israélienne, le sentiment d'une faiblesse terrible face à la puissance militaire israélienne, d'impuissance devant la destruction de leur terre, de colère contre la stupidité de la direction palestinienne. Ils représentent leur société dans sa volonté de vengeance. (...)
" ...les opérations armées, dans les conditions prévalants dans notre pays, peuvent causer du tort à l'aspiration de mettre fin à l'occupation le plus tôt possible. Au contraire, de telles opérations donnent un prétexte aux forces d'occupation pour prolonger leur présence dans notre pays ... et portent préjudice aux efforts faits pour préparer les conditions pour la négociation avec les autorités d'occupation pour en finir avec elle et établir un calendrier de retrait des troupes occupantes". Son secrétaire général, Hamid Majid Mousa a déclaré que ce "gouvernement" est un pas vers la démocratie et l'indépendance de l'Irak ! Un "gouvernement" qui a vu le jour par un décret du proconsul Bremer, lequel s'est arrogé un droit de veto à l'encontre de n'importe quelle résolution prise par ce "gouvernement", et qui se réserve le droit de changer sa composition s'il estime que l'une de ses composantes ne suit pas ses diktats.
De leurs côtés, les chefs religieux sont divisés, tandis que le leader du conseil supérieur de la révolution islamique en Irak, Bakr al-Hakim, réaffirme l'édit prohibant la participation à la résistance armée contre les forces d'occupation, dans les régions sunnites du centre de l'Irak, les chefs religieux appellent au calme à Fallujah et à la résistance à Bagdad.
La résistance s'amplifie
Depuis le premier mai, date à laquelle Bush a déclaré la fin des hostilités, plus de 120 soldats américains sont morts et 1058 blessés à la date du 25 octobre. Par rapport aux effectifs engagés, le taux des victimes (morts et blessés) est de 7,38% contre 3,2% lors de la première guerre du Golfe, en 1991.
l'importance de la résistance du peuple irakien ne peut s'évaluer seulement par le nombre de soldats américains morts.
Après l'attentat, le 19 août, contre l'hôtel où était installée la délégation de l'ONU, causant la mort du diplomate brésilien Vieira de Mello, un autre plus spectaculaire vient d'avoir lieu, le 26 octobre, contre l'hôtel Al-Rachid où résidait le secrétaire adjoint à la défense américaine, Paul Wolfowitz. Depuis le 1°mai, on a enregistré une moyenne de 5 à 7 attentats par jour et dans ces trois dernières semaines cette moyenne s'est élevée à 25 pour atteindre 35 en cette fin d'octobre. Il est clair que cette guérilla a le soutien de la population, sinon comment expliquer le nombre croissant d'attentats, la diversité des lieux (Bagdad, Tikrit, Fallujah, Baqouba, Mossoul...) et en ce qui concerne celui auquel a échappé Paul Wolfowitz, le fait qu'on ait pu faire circuler dans les rues de Bagdad un camion porteur d'une machine lance-roquettes.
Le secrétaire d'Etat, Colin Powell, a été obligé de reconnaître dans un entretien à la chaîne de télévision NBC que : "Nous sommes encore en conflit ... Il n'y a pas de combats majeurs, mais nous sommes en situation d'insurrection ... C'est un environnement sécuritaire beaucoup plus difficile."
Les conséquences aux USA
Six-cent familles de militaires réunies avec l'organisation "Military Families Speak Out" ont fait part de leurs préoccupations quant aux conditions de sécurité et à l'état de santé physique et mentale des troupes US qui servent en Irak et le rejet de celles-ci à tuer des irakiens. D'après le quotidien Libération du 27 octobre : "le Pentagone a admis, il y a quelques jours, qu'au moins treize soldats s'étaient suicidés", par ailleurs "au moins 28 soldats ne sont pas retournés en Irak après leur permission de deux semaines" et "plusieurs centaines ont été évacuées pour des problèmes de santé mentale (478 au 25 septembre)".
Un sergent, Eric Wright, explique : "Nous n'en pouvons plus. Mentalement et physiquement épuisés au point que certains d'entre nous espèrent qu'on les blesse pour retourner chez eux ... Qu'on me tire dessus pour retourner chez moi".
Selon un sondage réalisé par CNN, USA Today et Gallup publié le 27 octobre, 50% des Américains désapprouvent la façon dont leur pays mène la guerre en Irak contre 47% qui l'approuvent, ils étaient respectivement 18% et 80% au mois d'avril.
Les mensonges de Bush sur les armes de destruction massive, les promesses d'un rapide retour et les dernières déclarations de l'état-major qu'il n'y aurait pas de retour avant au moins un an, commencent à ouvrir pour lui et son gouvernement une crise impensable il y a six mois.
Le samedi 25 octobre, à Washington et San Francisco, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés pour "le retour des troupes à la maison maintenant - la fin de l'occupation en Irak - De l'argent pour l'emploi et l'éducation, pas pour la guerre et l'occupation". l'UIT (IV° Internationale) et ses sections appellent à soutenir et à participer à ce mouvement.
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