Un impérialisme en crise

En digne héritier de la politique de ses prédécesseurs, Trump poursuit la même politique de domination impérialiste états-unienne. Depuis 2016, il ne recule devant aucune manoeuvre pour terminer le « boulot » commencé en 1979 : mettre à genoux l’Iran et son peuple.

Un impérialisme en crise
(Photo : Pat Benic / Picture Alliance)

« Il croit que ce monde est fait de deux catégories : les gagnants et les perdants. Mais à ses yeux , il n’y a qu’une seule personne qui gagne vraiment : c’est Donald Trump. À ses yeux, tous les autres sont des losers ». Ces quelques mots sont de John Bolton, ancien conseiller de Trump, pour définir l’actuel président des États-Unis. Rien ne laisse penser que ce portrait soit faux au regard de la politique mise en place par Washington ces dernières années.

À moins d’un mois de l’élection présidentielle, Trump accuse un retard de huit points dans les sondages sur son concurrent, Joe Biden, Il est vrai que la campagne a lieu dans un contexte hors norme marqué par les 215 000 morts du Covid, par une mobilisation contre le racisme et les violences policières, et par la plus importante crise économique depuis les années 30.

Si Trump est malmené chez lui, l’impérialisme états-unien l’est tout autant sur la scène mondiale. A tel point que Biden annonce vouloir mettre fin à « l’isolationnisme » et à la « crise de leadership ». Pour Biden, pas de rupture, sa recette consiste à plus de fermeté contre, notamment, la Chine et la Russie.

Le 20 juillet 2015, la politique de Barack Obama avait abouti à l’adoption à l’unanimité par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies (États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni) de la résolution 2231 prévoyant la levée de l’embargo dirigé envers l’Iran. Élu en 2016, Trump n’a eu de cesse de vitupérer contre le manque de « fermeté » d’Obama et a retiré le 8 mai 2018 la signature des USA du dit accord.

Ce départ n’est pas le fait du prince mais se situe dans la logique de Trump au Moyen-Orient. Les USA ont cherché à maintenir, coûte que coûte, leur domination dans la région où le pétrole est tant convoité. Cela a signifié l’invasion de l’Irak ; le renforcement des régimes dictatoriaux ; l’imposition de sanctions assassines et la fourniture d’un soutien diplomatique et militaire ; l’amplification et l’accélération de sa politique génocidaire contre le peuple palestinien. Depuis 2018, l’embargo et les sanctions économiques ont étranglé le peuple iranien et approfondi la crise politique et sociale interne. Ainsi, les manifestations populaires de l’année 2019 ont été noyées dans le sang par le régime féodal iranien.

Le 3 janvier 2020, l’assassinat commandité par Trump du major général Quassim Soleimani, chef de l’unité d’élite Al-Qods, s’il n’a eu qu’un impact très relatif sur la capacité militaire et diplomatique du régime iranien, est un message politique clair : frapper, encore. L’assassinat de Souleymani a en revanche permis au pouvoir de mener une vaste campagne d’union nationale pour reprendre en main un peuple qui lui échappait.

Après la signature le 28 janvier 2020 de l’Accord « scélérat » du siècle USA-Israël contre le peuple palestinien, en présence des dignitaires des monarchies autocratique sunnites (Arabie Saoudite, Émirats-Arabes Unis, Bahreïn, ennemis de l’Iran chiite), Trump lance le 20 août 2020 un nouveau raid contre l’Iran, cette fois-ci devant l’ONU.

Trump demande à l’ONU d’en finir avec l’accord de 2015 et de remettre en place l’embargo antérieur. Les USA imposent un vote dont Trump n’est pas prêt de se remettre. L’échec est total, hormis la République Dominicaine, l’ensemble de l’assemblée rejette le diktat états-unien, les uns en votant contre (Russie, Chine), les autres en s’abstenant (France, Allemagne, Grande-Bretagne) .

La défaite est amère et fait vaciller l’impérialisme états-unien. Dernier coup de bluff, le samedi 3 octobre, Mike Pompéo affirme que les sanctions contre l’Iran sont « à nouveau en vigueur » et promet des mesures pour punir ceux qui les « violent ». Les ministres français, allemand et anglais affirment pour leur part que la dite manœuvre n’a aucune valeur juridique. Nous apprécierons dans l’avenir si ceux-là iront jusqu’au bout de leur logique… Quant à la Chine et à la Russie, nul doute qu’elles sauront profiter de l’aubaine pour consolider leur présence au Moyen-Orient. Un impérialisme en cachant souvent un autre.

Nous, militants révolutionnaires, dénonçons les politiques impérialistes, d’où qu’elles viennent et réaffirmons notre soutien inconditionnel à tous les peuples en lutte contre l’impérialisme et l’oppression.



Francis Charpentier
15 octobre 2020

Modifié le dimanche 18 octobre 2020
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