L’effet Bernie Sanders
Les deux mandats d’Obama se terminent et le processus de désignation de celui ou de celle qui représentera le Parti démocrate ou le Parti républicain à l’élection présidentielle est engagé et il réserve quelque surprise. Pour le Parti démocrate, seuls deux candidats sont en course, Hillary Clinton que l’on ne présente pas et, c’est là qu’est la surprise, Bernie Sanders, inscrit au Parti démocrate en 2005 qui se présente comme socialiste et prétend réaliser une « révolution politique » !
Du côté du Parti républicain, il y a pléthore de candidats. Celui qui tient la corde, le milliardaire Donald Trump tient un discours raciste, anti-élites, anti-Washington. Il veut construire un mur infranchissable à la frontière avec le Mexique dont les immigrés sont, selon lui, tous des voleurs et des violeurs et voue les musulmans aux gémonies.
« Révolution politique »
Le succès inespéré de la campagne de Bernie Sanders pour la désignation du candidat du Parti démocrate aux élections présidentielles des Etats-Unis, face à Hillary Clinton, a ébranlé les dirigeants impérialistes et a donné une voix à des millions d’exploités et d’opprimés des USA.
Le sénateur du Vermont est arrivé à quatre votes de Clinton dans l’État de l’Iowa et l’a écrasée dans le New Hampshire avec 20% d'avance. Héritière d’une des dynasties politiques les plus puissantes des États-Unis, Hillary Clinton semblait pourtant avoir sa nomination assurée.
Malgré le soutien de l’appareil du Parti démocrate et des capitalistes de Wall Street, Clinton est mise au défi par une révolte progressiste de sa base électorale. La montée de ce que Sanders appelle sa « révolution politique » met à bas le mythe faisant des États-Unis un pays conservateur par essence.
Le programme de Sanders
Le cœur de la campagne de Sanders est axé sur les inégalités économiques et sociales. Il propose d’augmenter les impôts des plus riches, d’augmenter le salaire minimum à 15 dollars de l’heure, de créer un système national de santé publique et d’éliminer les droits d’entrée aux universités, ce qui lui a gagné la sympathie de centaines de milliers de jeunes condamnés à payer, certains pendant des dizaines d’années, les crédits qu’ils ont dû contracter pour payer leurs études. Il introduit dans le débat national des thèmes ignorés ou simplement effleurés par les autres candidats : le changement climatique, l’inégalité des sexes et l’oppression raciste. De plus il se revendique socialiste, bien que ce soit dans des termes généraux, limités au cadre du système et non au sens anticapitaliste.
L’irruption de Sanders sur la scène politique, les dizaines de milliers de ses soutiens financiers, le soutien de fédérations syndicales (infirmières, postes et télécommunications) sont le reflet et le sous-produit d’une volonté de changement, d’un tournant progressif de millions de citoyens américains, fatigués d’un système politique conçu de manière éhontée pour les bénéfices des grandes entreprises et contre leurs intérêts propres. C’est aussi l’expression d’un phénomène mondial, qui se développe au rythme de la crise capitaliste et qui, à des degrés divers, s’exprime dans d’autres pays par des aspirations identiques, se situant à la gauche des vieux partis et des régimes politiques.
Pour ce qui le concerne, Sanders canalise les processus de mobilisation qui se sont développés aux États-Unis ces dernières années. La grève générale du Wisconsin, la grève des instituteurs de Chicago, Occupy Wall Street qui a regroupé des milliers de manifestants, la campagne nationale pour un salaire minimum de 15 dollars de l’heure et les mobilisations du Black Lives Matter contre la violence policière, sont les expressions d’un réveil massif du peuple américain qui se retrouve dans le discours de Sanders.
Un mouvement de masse
L’enthousiasme, suscité par la campagne de Sanders chez des millions de personnes, s’est transformé en un véritable mouvement de masses. Ses rassemblements ont regroupé jusqu’à 100.000 personnes dans des villes aux quatre coins du pays. Les résultats des premières consultations ont démontré que cet enthousiasme est capable de se transformer en vote.
Il est évident que le potentiel existe pour construire une alternative au bipartisme impérialiste. Malheureusement, la décision de Sanders de s’inscrire dans les primaires du Parti démocrate limite ce potentiel, spécialement son intention manifeste de soutenir Hillary Clinton s’il perd la primaire. L’énergie qui s’est agrégée autour de sa campagne serait détournée vers le parti qui représente tout le contraire de ce qu’il propose, un parti qui a déclaré de manière répétée qu’il n’appuierait aucune proposition de Sanders si celui-ci gagnait les primaires.
Bien qu’il soit peu probable qu’il les gagne, il est clair qu’il ira plus loin que ce qu’il espérait, élargissant et approfondissant le processus de révolte en cours. La véritable question est : comment continuer après les primaires, comment profiter de cette force en mouvement pour s’atteler à la construction d’un parti ouvrier anticapitaliste ?
Jean-Baptiste Carrier,
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