Etats-Unis : victoire de l’obscurantisme.
Ce vendredi 24 juin 2022 est certainement le jour le plus sombre pour les femmes états-
uniennes. La Cour suprême a renversé l’arrêt de 1973 qui garantissait le droit à
l’avortement dans l’ensemble du pays. Cette décision ne rend pas les interruptions de
grossesses illégales mais il renvoie les femmes à ce qu’elles connaissaient avant 1973 : la
plus haute autorité laisse chaque État libre de légiférer pour limiter ou interdire le droit à
l’avortement.
Cette décision va permettre à plus de cinquante États de mener jusqu’au bout leur
campagne réactionnaire contre les femmes.
Cette situation n’est pas le fruit du hasard ; depuis plusieurs décennies, le mouvement
anti-avortement mène une lutte acharnée contre l’arrêt de 1973. Ce lobby puissant a mis
en œuvre une politique offensive visant à constituer un bloc réactionnaire à la Cour
suprême. Ce qui permet, aujourd’hui, à la même Cour de voter ce texte scélérat par six
voix contre trois.
Le texte précise la liberté de chaque État de légiférer : « La Constitution n’interdit pas aux
citoyens de chaque État de réglementer ou d’interdire l’avortement » ; la Cour rend « ce
pouvoir au peuple et à ses représentants ». Les années Trump ont permis que les droits
élémentaires, en particulier ceux des femmes, soient mis en danger. Pour preuve : « Le
droit à l’avortement est jeté aux oubliettes de l’histoire » ironise Mike Pence, ancien vice -
président de Trump ; il se permet d’ajouter : « Il incombe à tous ceux qui chérissent le
caractère sacré de la vie de décider que nous prendrons la défense de l’enfant à naître ».
Très clairement cette régression politico-religieuse vise tout particulièrement les femmes
les plus défavorisées des Etats-Unis. Plus de 50 % des femmes qui avortent, vivent sous
le seuil de pauvreté ; elles sont très majoritairement d’origine latino-américaine ou afro-
américaine.
Il faut savoir que la Cour suprême a dans son viseur la contraception, le mariage gay …
Un linceul noir vient de s’abattre sur ce que certains osent encore appeler le grand pays
de la démocratie.
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