Manger avec un dictateur.

Macron reçoit à l’Elysée le dictateur saoudien. Avec son arrivée sur le trône, le roi Salmane a fait de son fils Mohamed ben Salmane l’homme le plus puissant de l’Arabie Saoudite. Ce triste individu a les mains pleines de sang. Il a réussi l’abominable exploit de 81 exécutions en une seule journée ; ils étaient accusés d’avoir « mis leurs pieds dans les pas de satan ». Il est également à l’origine de l’assassinat de Jamal Khashoggi dans l’enceinte du consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul où ce dernier fut étranglé et démembré. Khashoggi était un journaliste reconnu qui fut directeur général de la chaîne Al-Arab News et également rédacteur du journal Al Watan. Extrêmement critique vis-à-vis de la famille royale, il s’est opposé à l’intervention saoudienne au Yémen. 

En 2019, 184 personnes ont été exécutées par décapitation selon Amnesty International. Depuis l’accession au pouvoir de la famille Salmane, le nombre de journalistes ou de blogueurs emprisonnés a plus que triplé. Le militant des droits de l’homme, Abdallah el-Hamid, condamné à onze ans de prison pour avoir rompu « l’allégeance au roi », est mort d’un supposé accident vasculaire cérébral.

Le bilan du prince ne s’arrête pas là. Le droit des femmes est bafoué ; militer pour le droit des femmes est à très haut risque. Loujan al-Hathloul a croupi trois années derrière les barreaux pour avoir réclamé le droit des femmes à conduire. Pendant ces trois années, elle a passé plusieurs mois au secret où elle a été torturée et victime de violences sexuelles. Elle est aujourd’hui en liberté conditionnelle avec interdiction de toute apparition publique, et sous surveillance renforcée de la « State Security », la police secrète du prince.

Tous les ingrédients d’une dictature sanguinaire sont au rendez-vous. Mais l’Arabie Saoudite a un atout dans sa  manche : elle est la grande amie des « démocraties »  occidentales. Détenir la deuxième réserve mondiale de pétrole vous amène des amitiés particulières. En mars 2022, les exportations ont atteint 30,6 Mds USD, une augmentation de 123 % par rapport à 2021 ; ce qui pourrait donner une recette de 300 Mds.

Hormis la dépendance des pays occidentaux au pétrole saoudien, cette manne économique permet à ces mêmes pays occidentaux de se créer des marchés lucratifs avec la dictature. La France s’est ouvert un marché de matériel militaire, matériel qui permet aux saoudiens de massacrer le peuple yéménite dans l’indifférence généralisée des profiteurs de guerre. L’ Arabie Saoudite est le premier client de la France avec les Emirats Arabes Unis, qui sont eux aussi pleinement  impliqués dans la guerre sale au Yémen. Avec ce merveilleux tableau de chasse, la France est le troisième exportateur d’armes au monde.

De là à dire que le gouvernement français s’assoit sur les droits démocratiques des peuples et sur les massacres qui en découlent, il n’y a qu’un pas. Et ce pas, la France le franchit quotidiennement. Macron, en grand démocrate, est très attiré par les dirigeants autoritaires, voire meurtriers. Il suffit de regarder dans son  agenda pour s’en convaincre. Le 18 juillet, il a reçu Mohamed ben Zayed al-Nahyane, président des Emirats Arabes Unis, dénoncé par Amnesty international comme un despote brutal ; toutefois, il est bon de rappeler que le despote a commandé 80 Rafale à Dassault et que son territoire héberge trois bases militaires françaises. Un peu plus tard, il a reçu Abdel Fattah-al-Sissi, le dictateur égyptien, qui a fait enfermer dans ses geôles 60 000 prisonniers politiques ; mais ce dernier a acheté 54 Rafale et d’autres équipements militaires. Fin juillet, il a fait le tour des popotes africaines où il a rencontré Paul Biya, président du Cameroun depuis 40 ans et aussi chasseur d’opposants. Et pour finir, il reçoit «  le prince meurtrier » lui redonnant ainsi un statut international qu’il avait perdu après l’assissanat de Jamal Khashoggi.

Finalement, le boucher de Ryad rentre chez lui après un séjour agréable payé par nos impôts. Il semble que Macron n’ait pas mieux fait que Biden. Il devrait néanmoins se rappeler de la grenouille de La Fontaine qui finit par exploser en vol ; c’est d’ailleurs tout ce que nous lui souhaitons.

Modifié le vendredi 05 août 2022
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