Le Ministère de la Culture en temps de pandémie : la casse continue !
« Pour une heure, pour un jour, pour une semaine ou pour un mois, laissez-nous entrouvrir nos portes » réclamaient, dans une pétition publiée le 2 février dernier sur Change.org, une centaine de responsables d’établissements culturels, à la tête desquels ceux du Palais de Tokyo, structure au financement mixte public/privé, mais aussi ceux du musée national du Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MUCEM) de Marseille, du Centre Pompidou de Metz, de fondations privées (Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, Fondation Pernod Ricard,…). Avec pour conclusion cette formule « choc » : « L’art au même titre que la santé, participe à soigner l’âme humaine. »
Quelques jours avant eux, sans s’embarrasser de ces considérations, Stéphane Bern, Patrick Poivre d'Arvor, Luc Ferry, Carla Bruni-Sarkozy et Cie, réclamaient également dans Le Monde la réouverture des musées. Le maire frontiste de Perpignan, Louis Aliot, les a pris au mot et à droite, en ouvrant « pour un jour » les quatre musées municipaux avant de les refermer suite à la décision du tribunal administratif.
S’il s’adresse au premier de cordée Emmanuel Macron ainsi qu’à ses ministres, l’Appel-pétition vise clairement à concurrencer et mettre en sourdine les alertes et revendications exprimées par le milieu hospitalier, médical et scientifique, alors que l’épidémie s’aggrave sous l’effet des variants, mettant à mal un hôpital public saigné à blanc au fil des gouvernements.
Alors que le nombre d’hospitalisations ne faiblit pas mais augmente, notamment en Ile-de-France, que des hôpitaux doivent déprogrammer nombre d’interventions et transférer des malades du Covid faute de moyens en réanimation, ces responsables d’établissements culturels mettent en avant leur réouverture comme garante de la santé mentale de « la jeunesse du pays », particulièrement les « élèves et publics en situation d’exclusion ».
A ce titre, les belles intentions « humanitaires » servent à mieux cacher les rouages et intérêts financiers qui sont à l’œuvre dans les établissements publics du ministère de la Culture, véritables industries culturelles autonomes dont la politique et la gestion sont décidées dans des conseils d’administration où les sociétés les plus influentes comme AXA, Total, Renault, LVMH, Christie’s, Coca-Cola pèsent de tout leur poids.
Comme le révèle la feuille de route d’Action Publique 2022 révélée fin 2017, il s’agit pour le ministère de la culture d’aller toujours plus loin dans l’autonomie de gestion, jusqu’à la privatisation. L’État se désengageant budgétairement, charge à ces établissements publics de développer à qui mieux mieux leurs ressources propres. Cela se traduit donc par des tarifs d’entrée en hausse constante, des locations d’espaces, des mécénats ou prestations de service, ainsi que par un recours massif aux contrats les plus précaires. Plus question ici de recruter des fonctionnaires ni de défendre la gratuité.
Se targuant d’ « un rôle essentiel de solidarité », ces responsables signataires se gardent bien d’évoquer les centaines de contractuels qui ne verront pas leurs contrats renouvelés, sous prétexte de crise sanitaire et d’absence de recettes de ces « services publics » culturels, alors que dans le même temps ils recevront des aides exceptionnelles de l’État (126 millions notamment pour les établissements publics de création type Palais de Tokyo).
C’est cette contradiction entre les belles intentions affichées par les responsables de ces établissements culturels et la réalité des prix que vient illustrer la situation de Smaïl Bessaha, représentant CGT à la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration qui a vu la direction refuser le renouvellement de son détachement. Car gare à qui s’oppose et dénonce la politique de ces entreprises culturelles !
Pierre-Yves Chiron,
4 mars 2021
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