Hommage à Frédérique

Début août, notre camarade et amie, Frédérique Mulot, sympathisante de la Commune, décédait à 52 ans, atrocement assassinée dans son sommeil par son mari. Nous souhaitons ici lui rendre hommage et s’associer au deuil de ses proches et amis. Frédérique était déterminée à combattre l’oppression et l’injustice. Son meurtre s’inscrit dans la longue liste des femmes tuées par leurs conjoints et maris, violence que perpétue le capitalisme.

Hommage à Frédérique

Nos pas ont rencontré ceux de Frédérique lorsqu’elle obtint son affectation au sein du site des Archives Nationales de Fontainebleau, en 2012. L’interdiction faite aux personnels, fin mars 2014, de pénétrer dans leurs espaces de travail, puis l’annonce d’en retirer la totalité des archives pour aboutir à une démolition et vente du site nous ont encore rapprochés dans la décision de combattre une décision politique prenant prétexte de défauts des bâtiments pour procéder à un vaste plan de restructuration des archives nationales. Avec son camarade Franck, Frédérique a alors pris à bras le corps la constitution et l’animation de la section CGT du site des archives de Fontainebleau. Ni sa pugnacité, ni sa détermination n’ont faibli dans ce combat. Et, dans les moments de doute, elle savait redonner l’énergie nécessaire à toutes celles et ceux qu’elle côtoyait. Son sourire est dans toutes nos mémoires.

«Fred» a ainsi été l’animatrice de l’occupation du site lorsque celle-ci fut décidée par une majorité d’agents pour s’opposer au projet de fermeture. Les nombreux collègues qui ont participé à ces longues nuits festives en gardent un souvenir ému. Éprise de justice, elle était à l’écoute des plus faibles, notamment les salariées des sociétés de nettoyage présentes sur le site…

Mais Frédérique, qui aimait tant la vie, nous a été arrachée par un mari assassin et rejetée dans ces statistiques qui accompagnent la page des faits divers. Comme le rappellent trois journalistes de Libération dans leur enquête «220 femmes tuées par leur conjoint, ignorées par la société» (Cf. http://www.liberation.fr/apps/2017/06/220-femmes-tuees-conjoints-ignorees-societe/ ), en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son mari ou ex-conjoint, «l’écrasante majorité des victimes de meurtres conjugaux (étant) de sexe féminin». Et les journalistes de rappeler que «Le meurtre a souvent lieu au domicile ou à proximité et dans un contexte de séparation ou au moment de l’officialisation de la rupture (déménagement ou instance de divorce) ... L’auteur réalise alors le caractère irréversible de la rupture et ne l’accepte pas… L’homme qui tue semble considérer que la femme est sa chose ; elle ne doit pas lui échapper».

Non, Frédérique n’est pas la victime d’un crime passionnel.

Comme l’expliquent nos camarades du MST dans « Femme, violence et capitalisme, de l’oppression à la libération » : « Nous pensons que cette domination et ce patriarcat ont un enracinement historique concret et qu’ils s’incarnent dans le système capitaliste, non dans les «mâles» (page 105, 3e édition). Cette compréhension marxiste des causes est indispensable afin de nous guider vers l’émancipation des femmes et des hommes.

Comme le proclamait Lénine dans un discours prononcé en septembre 1919 à la Conférence des ouvrières sans-parti de Moscou (« Les Objectifs généraux du mouvement féminin ») : « Depuis bien longtemps, depuis des siècles, tous les mouvements émancipateurs d’Occident ont réclamé l’abolition de ces lois vétustes et l’égalité des deux sexes devant la loi. Mais pas un État démocratique, pas une république avancée, n’a pu opérer cette réforme, car là où existe le capitalisme, là où subsiste la propriété privée de la terre, des fabriques et des usines, là où subsiste le pouvoir du capital, l’homme conserve ses privilèges.

(…) Le but des Soviets, c’est que les travailleurs organisent leur existence sans cette propriété privée sur la terre, les fabriques et les usines, qui, partout dans le monde, même dans les républiques les plus démocratiques, a réduit les travailleurs à un état de misère et d’esclavage salarié, et la femme à un double esclavage. »

« Une fois encore, les conditions d’apparition d’un mode de vie et d’une famille d’un type nouveau ne peuvent être séparées de l’œuvre générale de la construction socialiste. » (Trotsky, Les questions du mode de vie, de l’ancienne famille à la nouvelle »).

Cette lutte était aussi celle de Frédérique.

Pour son assassinat, ni oubli, ni pardon !



Le 1er septembre 2017

Modifié le dimanche 17 septembre 2017
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