Brut de salaires !
De nombreuses grèves ont éclaté sur la question des salaires. Sans bruit médiatique, il est vrai. Ainsi même, la lutte des classes a creusé ses galeries en profondeur, pendant que les formations politiques battaient la campagne. Ces grèves sont d’autant plus remarquables que les discours et les mauvais plans de « réduction des coûts du travail » frappent les esprits… et le porte-monnaie. N’est-il pas temps de revenir aux « fondamentaux » ?
Les économistes bourgeois prétendent que le salaire est le « prix du travail » effectué par les salariés. C’est une fiction. Dans la vraie vie, le salaire est le prix de la force de travail et ce prix est inférieur au résultat de la production (vente de produits). Autrement dit, l’exploitation de la force de travail des salariés est la source des profits capitalistes.
Marché du travail
Nos exploiteurs finissent par le reconnaître à demi-mot lorsqu’ils parlent de « marché du travail » où lorsqu’ils expliquent que la réduction du coût du travail permet d’augmenter « le taux de marge » ou « le taux de profit ». (NDLR : L’objet de ce dossier n’est pas d’aborder l’explication marxiste sur « Salaires, prix et profit », bien qu’il soit indispensable de s’en imprégner. Rappelons que Marx, lorsqu’il a élaboré Le Capital, s’était basé sur les travaux d’économistes bourgeois classiques, précurseurs de l’économie politique : Adams, Sismondi .) Les salariés vendent leur force de travail sur le marché du travail. Les capitalistes l’achètent pour en extorquer des profits (plus-value).
Coût du travail
La notion de « coût du travail » employée à tour de bras par ceux qui se prennent pour des « réalistes économiques » mérite elle-même d’être précisée. Rappelons tout d’abord ceci :
- taxes et impôts des entreprises n’ont strictement rien à voir avec le coût du travail.
- ce que l’on appelle frauduleusement, les « charges sociales » sont en réalité la part patronale des cotisations sociales versées à la Sécurité sociale (Maladie, Vieillesse, accidents de travail, allocations familiales) qui sont redistribuées aux salariés sous forme de prestation de soins et de pension. Ces « cotisations patronales » font partie du « coût du travail », c’est-à-dire des salaires.
Le salaire réel
La notion de salaire doit ici être pleinement rétablie :
Salaire réel = le salaire net+ la part salariale des cotisations+ la part patronale des cotisations, ou : salaire net + salaire différé – En comptabilité d’entreprise, c’est ce que l’on appelle le salaire « super brut » ou salaire « chargé ».
Salaire différé = part salariale des cotisations + part patronale des cotisations qui sont versées dans le pot commun qu’est la Sécu et Allocations familiales – (Cette partie du salaire versée à la Sécurité sociale est redistribuée en prestations de soins, en allocations familiales et en pensions invalidité, retraite, veuvage, indemnités partielles permanente à la suite d’accidents du travail. S’y ajoute la part dédiée aux allocations-chômage, aux retraites complémentaires).
Salaire brut = salaire net+ part salariale des cotisations
(NDLR : La question a été compliquée à partir de 1990 par la mise en place de la CSG qui est un impôt prélevé à la source mais pour l’heure, cet impôt est perçu par la Sécu – La Cour de cassation et le Conseil d’État considèrent pour leur part que la CSG est à la fois un impôt et une cotisation sociale. Cet impôt qu’est la CSG se substitue progressivement aux cotisations sociales, cotisations maladie en particulier)
Or la grande mode dans les promesses électorales consiste à parler d’augmentation des salaires net par… la réduction des cotisations sociales. C’est à cet exercice de style frauduleux que s’est livré Hamon lors du « grand débat ». Ainsi, lorsque Mélenchon parle d’une augmentation du SMIC net, il laisse planer un doute sérieux sur l’augmentation du salaire réel.
« Du pain et des roses »
Nous avons vu que les salariés vendent leur force de travail sur le marché du travail. Cette force de travail, il faut l’entretenir au même titre que l’on entretient une machine. Au même titre qu’une machine, la force du travail est une marchandise. Une marchandise qui produit plus qu’elle ne consomme [NDLR : De nos jours, il y a des salariés directement productifs (ouvriers) et des salariés indirectement productifs (employés et une partie toujours plus importante d’ingénieurs et cadres). Sans employés, ingénieurs, vendeurs, personnel de maintenance, etc., la production serait figée et bloquée.]
Le salaire est donc le coût de l’entretien et de la reproduction de la force de travail des salariés : les salariés doivent avoir les moyens de se nourrir, se vêtir, se soigner, de procréer, éduquer leurs enfants préparer leur retraite, de communiquer et de se « divertir, s’informer, se cultiver ». Au dix-neuvième siècle, cherchant à s’arracher à une exploitation sans autre limite que l’épuisement total et la démence, les salariés et leurs premières organisations de défense réclamaient : « Du pain et des roses ».
À suivre
Daniel Petri,
23 juin 2017
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