Un danger pour la révolution

Venezuela : l'entrée dans le MERCOSURl'entrée du Venezuela dans le MERCOSUR, le 4 juillet 2006, s'est accompagnée d'une gigantesque propagande gouvernementale qui amène les travailleurs et les milieux populaires à se poser des questions : le chômage va-t-il finir ? Va-t-il y avoir des salaires dignes pour tous les Vénézuéliens ? Un plan massif de constructions de logements, d'écoles et d'hôpitaux ? l'État va-t-il promouvoir la Sécurité sociale intégrale et gratuite pour tous les Vénézuéliens ? Est-ce la voie pour aller rapidement vers l'indépendance nationale ? Pour tenter de répondre à ces questions, voyons ce qu'est vraiment le MERCOSUR.Le MERCOSUR a été fondé le 26 mars 1991. Il regroupe le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay, et a été mis en place pour des entreprises multinationales comme Ford, Volkswagen, Général Motors, Fiat, Repsol YPF, Techint, les exportateurs de soja et autres aliments, les grandes banques et les puissances impérialistes.

Un marché commun du Sud

Cet accord a permis une division du travail consistant en une plus grande exploitation des travailleurs de ces pays par l'abaissement des coûts de production et la production d'énormes bénéfices pour les grands actionnaires, c'est-à-dire les multinationales. Il a développé la privatisation-destruction des services publics en permettant, comme en Argentine, l'entrée des capitaux des grands consortiums mondiaux.

Pendant ses quinze années d'existence, il a été démontré que les pays du MERCOSUR sont les associés minoritaires des grandes puissances, vivant des miettes que laissent tomber les multinationales et la Banque mondiale. C'est dire que la dynamique politique et économique du MERCOSUR est liée aux lois du capital et donc à la domination des impérialismes américain et européens et de tous leurs traités.

Lula et Kirchner, valets de l'impérialisme

Pour Washington, l'entrée du Venezuela dans le marché commun du Sud est importante, car il s'intègre ainsi dans un bloc régional dirigé par Lula et Kirchner, qui sont les représentants politiques de l'impérialisme en Amérique du Sud. Au-delà du profit commercial que signifie l'incorporation du pétrole et du gaz à bas prix venant du Venezuela, le plus important est l'influence politique que peut exercer l'impérialisme, se servant de Lula et Kirchner comme courroie de transmission sur Chávez. Ce fut notamment le cas lors de la nationalisation partielle en Bolivie, quand ils firent pression sur Chávez pour qu'il demande à Evo Morales de baisser le ton au sujet de la nationalisation des hydrocarbures - qui devait être totale et sans indemnisation -, protégeant ainsi les intérêts des multinationales du pétrole comme Repsol et Petrobras.

Ce serait une faute d'entretenir l'illusion que l'entrée du Venezuela dans le MERCOSUR allait transformer celui-ci en une alliance anti-impérialiste, alors que c'est un bloc créé pour les multinationales qui se combattent férocement pour le marché de l'automobile, du sucre, des poulets, du textile, de l'électroménager, des investissements.

Un but contre son camp

Plus qu'un but pour le Venezuela (comme le prétend la propagande officielle), avec l'intégration dans le MERCOSUR, c'est un but contre son camp que marque la star, le Président Chávez. Sur cette voie il n'y aura pas plus d'emplois, pas plus qu'il n'y aura de construction de logements, d'hôpitaux et d'écoles, pas plus que de meilleurs salaires et encore moins d'augmentation du bien-être social.

Ce qui est sûr, c'est que cela va aboutir à favoriser l'extraction de matières premières à bas prix, comme le gaz et le pétrole, profitant, par exemple, à Repsol, multinationale espagnole dont le défenseur est le Président argentin Kirchner.

Quelle autre politique ?

Pour aboutir à un front anti-impérialiste favorable aux les intérêts des travailleurs et des secteurs populaires, nous devons exiger du gouvernement Chávez qu'il reprenne l'Alliance Bolivarienne des Amériques (ALBA), en dehors des cadres impérialistes, pour :

- nationaliser complètement le pétrole, le fer, les banques et le commerce extérieur ;

- mettre en place un groupe des pays endettés pour l'annulation de la dette extérieure et l'utilisation de cet argent pour le bien-être ouvrier et social ;

- impulser une réforme agraire complète en expropriant les grands propriétaires terriens pour donner la terre à ceux qui la travaillent.
Il n'est pas vrai qu'en s'intégrant au MERCOSUR nous éviterons le harcèlement impérialiste : nous n'y arriverons que si nous rompons toute attache avec lui.

Mahecha Juan Raúl,

le 30 août 2006.
Modifié le mercredi 13 septembre 2006
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