Où va le Venezuela ?
Pour comprendre la situation et lever le voile sur les informations qui sont diffusées dans le monde, inutile d'écouter la coalition de droite (MUD) pro-impérialiste ni la version du président Maduro. Le point de départ d'une analyse sérieuse se caractérise par un constat clair : le gouvernement de Maduro n'est pas de gauche. Son attitude et ses mesures quotidiennes ne sont ni de gauche ni socialistes. Bien que se réclamant de Chavez, Maduro a pris le chemin de l’austérité.
La politique de Maduro a entrainé la détérioration du niveau de vie et la recomposition politique de la bourgeoisie dans la MUD. Bien entendu, nous sommes contre la MUD qui demande à la population de descendre dans la rue contre Maduro pour la démocratie mais en réalité veut virer Maduro afin de réinstaller un gouvernement directement pro-impérialiste.
Bien sûr, nous comprenons les militants qui ressentent de la frustration alors qu’ils ont participé à l'énorme mobilisation populaire pour la nationalisation des grandes entreprises.
Comment lutter contre le sabotage de l’impérialisme mondial?
Le gouvernement a souffert de la baisse du prix du pétrole et du sabotage économique par l'impérialisme ; les problèmes sociaux en seraient la conséquence. Cela signifie-t-il que les problèmes viendraient de « l'extérieur » et que Maduro, le PSUV et l'appareil d'État n'ont pas de responsabilité ?
Bien que ces facteurs existent, ce ne sont pas les éléments centraux qui expliquent la crise. La raison principale provient du fait que, pendant des années, le gouvernement a pris des décisions de régression sociale pour continuer à payer la dette extérieure complètement illégitime.
Ni Maduro, ni la MUD
C'est ce qu’explique Marea socialista par la voix de Carlos Carcione : « la contre-révolution économique a été mise en marche pour affronter la baisse des prix du pétrole, pour maintenir les profits du grand capital, pour détourner les dollars de la nation et faire payer la dette extérieure aux citoyens. Maduro a choisi de sortir de cette crise en provoquant la faim, la pénurie des médicaments et la misère. À l'aide de recettes d'austérité, l'appareil d'État et les grandes entreprises se sont partagé les biens publics, c'est la réalité incontournable ».
L'issue ne passe pas par Maduro, ni par le PSUV ou la MUD.
Aucune manifestation avec la droite !
La droite veut réinstaller son empire avec les grandes entreprises capitalistes et financières. Ecouter les dirigeants de la MUD parler de démocratie est une insulte à celle-ci. Si des millions de manifestants arpentent les rues, la responsabilité en incombe au gouvernement et au PSUV qui ont préparé la catastrophe économique et donné la possibilité à la droite de réapparaître pour préparer un coup d'État.
Rien de bon ne viendra de ce côté-là. Nous n'avons pas appelé aux manifestations et nous condamnons les dirigeants politiques qui y appellent et poussent à des actions réactionnaires et violentes même si nous défendons le droit démocratique de manifester pour tous ceux qui y participent.
Qui doit décider ?
Pour sortir le Venezuela de la misère et de la catastrophe sociale, les organisations ouvrières, les militants du « chavisme critique » indépendants du gouvernement doivent avancer leurs propositions anticapitalistes et socialistes. C'est la tâche urgente pour une sortie positive.
Dans cette situation, la question principale repose sur un point : qui doit décider du chemin que doit suivre le Venezuela ?
De notre côté, nous pensons que c'est le peuple, la majorité ouvrière et populaire, qui doit décider de qui doit gouverner pour sortir de ce bourbier.
Marea Socialista répond bien à cette question : « la solution électorale est insuffisante et elle ne résoudrait pas la crise, encore moins, si le gouvernement ne reconnaît pas, à tous les partis, le droit de parler et de se présenter. C’est le sort qui est réservé à Marea socialista. Le gouvernement refuse un droit d'expression élémentaire et censure ce courant politique pourtant présent dans tout le pays avec des dirigeants reconnus nationalement. L’ État pratique la calomnie pour éviter la critique et les positions indépendantes. Dans le même sens, l’appareil d’ État s'attaque au site internet 1 . Malgré cet échafaudage bureaucratique, des opinions divergentes de Maduro, du PSUV et de la MUD se déclarent à l'intérieur même des bases bolivariennes . »
De mois en mois, le nombre de voix qui ne s'oriente ni vers Maduro ni vers la MUD est en constante augmentation. Ce sont des milliers de personnes qui cherchent un chemin indépendant des appareils.
Pour que le Venezuela sorte de la crise économique et politique, notre tâche est d'organiser, de fortifier une fraction indépendante du gouvernement et du PSUV qui part de la défense des acquis sociaux du bolivarisme, en rassemblant dans un projet anticapitaliste de longue portée, une nouvelle alternative socialiste de gauche, anti-impérialiste, pour battre la droite, l'impérialisme et les bureaucraties de tout poil.
Rémi Duteil,
16 mai 2017
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