L’Amérique latine et les défis de la gauche
L’Amérique latine entre dans une phase de changements, avec de nouveaux processus, de nouveaux gouvernements, l'échec de projets antérieurs et une nouvelle politique des USA vis à vis de la région. Au cœur de tous ces événements, les travailleurs et la jeunesse n'ont cessé de lutter. Les défis pour la gauche vont être nombreux.
Dilma Rousseff et Michel TemerGetty Images/AFP
Notre monde vit une crise capitaliste qui s’est installée avec force sur notre continent il y a quelques années. Ceci a engendré l'émergence de projets politiques tels que le PéTisme (Brésil), le Bolivarisme (Venezuela) ou, ici, le Front Pour la Victoire (FPV). Aujourd’hui nous pouvons constater qu’aucun n’a réussi.
Bien qu’ils soient tous différents, d’une façon ou d’une autre tous ont répondu à la crise avec des mesures d’austérité et ainsi ils ont perdu le soutien d’une grande partie des masses. Cela s’est vu dans la défaite électorale du FPV et dans le vote de défiance dont Macri a bénéficié. Au Brésil, des mesures anti-populaires entraînant un fort mécontentement social, ont fait s'effondrer la popularité de Dilma Rousseff. Cela a ouvert la voie à la droite brésilienne pour faire procéder à sa destitution et imposer le gouvernement réactionnaire de Temer.
Au Venezuela, il y a rupture entre une partie des masses et Maduro, qui a abandonné les aspects les plus positifs de l’héritage de Chavez, prenant le chemin de l’austérité et du bonapartisme antidémocratique, en accord avec les grandes entreprises minières et pétrolières, alors que l’accès de la population aux produits de première nécessité n’est pas garanti. Ainsi la droite, le MUD, essaie de capitaliser cette situation pour un projet pro-impérialiste. Le Venezuela est aujourd’hui la démonstration d’un échec et de la fin d’une étape. Nos camarades de Marea Socialista reflètent la nécessaire construction d’une nouvelle organisation à gauche pour de nouvelles tâches.
Pour de nouvelles alternatives
L’arrivée de nouvelles droites et l’échec des vieux projets mettent en avant la nécessité de construire de nouvelles alternatives. Nous sommes des militants opposés aux plans impérialistes et il ne s’agit pas de défaire la droite en faisant revivre des projets qui ont échoué. L’unique façon d’ouvrir une issue populaire est de construire en Argentine, au Brésil, au Venezuela, au Pérou et dans les autres pays, une troisième option de gauche. Tirant les enseignements des échecs précédents, il nous faut envisager deux ambitions décisives ; d’une part devenir des alternatives amples, unitaires, rassemblant différentes expressions de la gauche et du mouvement populaire, sans sectarisme, afin de refléter l'expression de millions de personnes. D’autre part, nous devons nous doter d'un programme de fond qui, répondant aux besoins immédiats des populations, permette d’avancer dans un mouvement, coordonné régionalement, vers des politiques anti-impérialistes, de rupture avec le capitalisme dans chaque pays.
Sans ces composantes, nous ne pourrons venir à bout des castes politiques et de leurs régimes.
Notre stratégie
Les changements en cours, avec l’avènement de nouvelles droites et avec les USA qui essaient de récupérer le terrain perdu depuis ses accords du Pacifique, se font sans que les masses n'aient à subir véritablement de défaites sur le terrain de la lutte des classes. Cela dote les nouveaux gouvernements d'une faiblesse structurelle dans le développement de leurs plans. Sans sombrer dans la facilité, nous pouvons dire que, même s'ils mettent en place des plans d’austérité, ils sont loin d’être invincibles. La perspective qui s’ouvre passe par une forte résistance, de grandes mobilisations, d'importantes confrontations et de nouvelles luttes sociales et politiques. Rien n’est écrit à l’avance, nous pouvons gagner comme nous pouvons perdre, mais c’est une bataille qui se déroulera dans la rue, avec force. Impulser ces combats et soutenir l’éclosion de nouveaux dirigeants ouvriers, populaires, étudiants, fait partie de la stratégie anticapitaliste et socialiste.
Dans les batailles ouvrières, populaires et de la jeunesse et dans la construction de nouvelles alternatives, il est nécessaire de renforcer aussi les organisations révolutionnaires. Au milieu de la crise capitaliste et de cette nouvelle étape sur le continent, le rôle d’un parti et d’une organisation révolutionnaire est stratégique et vital face à tous les pouvoirs que nous affrontons. Et plus fort nous serons, meilleurs nous serons pour contribuer à la formation de grandes alternatives anti-impérialistes et anticapitalistes. L’Amérique latine a toujours vécu entre révoltes et révolutions, il en sera ainsi dans la période qui vient. Pour cela, nous nous préparons à de grandes confrontations sociales de classe, en renforçant notre parti, dans un regroupement plus large pour un projet commun, avec celles et ceux qui, venant de différentes mouvances, veulent un chemin émancipateur pour l’Amérique latine.
Sergio Garcia,
29-06-2016
Alternativa Socialista n° 666.
Extraits traduits par Paul Dumas.
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