Le mouvement vers la grève générale

Les statistiques indiquent une amorce de reprise économique en Argentine mais, dans la rue, la tension sociale s'accentue en raison d’une inflation à 40 % : Des dizaines de milliers d'Argentins ont manifesté, mardi 7 mars, contre le gouvernement. La CGT était présente pour protester contre les licenciements, la vie chère, et pour un changement de politique économique. Impliqués dans le fonctionnement de la table ronde, les dirigeants syndicaux ont voulu éviter la rupture avec le gouvernement ce qui a suscité des incidents en fin de manifestation.

Le mouvement vers la grève générale

« Ce gouvernement est résolument contre les travailleurs et la classe ouvrière. Il veut gouverner pour des gens comme eux, des chefs d'entreprise. Il faut une grève ! », estime Cristian, ouvrier métallurgiste 1 . Sabrina, employée de la santé publique, appelle elle aussi à la grève générale : « Ce qui me préoccupe le plus et me fait mal, c'est la quantité de postes de travail qui ont été perdus depuis que Macri est au pouvoir. Et il y a aussi l'inflation ! Nos dirigeants doivent écouter ce que demandent les gens : qu’on appelle à la grève générale. Il y a longtemps qu'on le demande, mais ils font la sourde oreille, parce qu'ils veulent donner une opportunité au gouvernement de réagir et amorcer un changement » 2 .

le 19 mars, des dizaines de milliers d'enseignants du secteur public ont défilé face au palais présidentiel pour exiger une hausse de 35% de leur rémunération. Dans la province de Buenos Aires, la rentrée des classes prévue le 6 mars n'a toujours pas eu lieu.

La gouverneure, alliée du président, a essayé de convoquer 60.000 volontaires pour assurer les classes, puis a proposé des primes aux enseignants non-grévistes avant de renoncer devant le tollé général. Dans les autres provinces du pays, les cours sont perturbés.

Le fossé se creuse entre les dirigeants syndicaux et la base

Les manifestations contre la politique de rigueur du gouvernement sont presque quotidiennes dans le centre de Buenos Aires.

Les dirigeants syndicaux n'ont pas appelé à la grève générale afin de dégonfler la chaudière qui est prête a exploser. Pour la grève nationale du 6 avril, ils veulent une journée light comme un dimanche, sans manifestation.

Devant la pression et la mobilisation des travailleurs, la CGT a convoqué une conférence de presse pour appeler, à contre cœur, à la grève le 6 avril mais a invité les grévistes à rester à la maison. Une véritable aberration reflétant la terreur des caciques syndicaux envers la mobilisation des travailleurs qui a montré sa force le 7 mars.

Les dirigeants syndicaux cèdent au lieu de préparer la grève 3

Ils veulent donner une chance au gouvernement et arriver avant le 6 avril à un accord avec les enseignants, en grève depuis le 6 mars.

Mais ce n’est pas la position du MST qui impulse le combat pour un syndicalisme de classe. La journée du 7 mars a mis en évidence deux éléments fondamentaux, la détermination des travailleurs pour lutter contre l’austérité et leur volonté de voir les dirigeants syndicaux appeler à la grève générale.

La méfiance envers les dirigeants se renforce depuis qu’ils ont appelé à une « grève calme et silencieuse ». Les déclarations des ténors de la CGT ces derniers jours ne laissent pas de doute lorsqu’ils affirment que le 6 avril n'est pas contre Macri ni contre qui que ce soit d’autre. La trahison de ces dirigeants n'a pas de nom. Leurs interventions sur les lieux de travail concernant la journée du 6 avril génèrent chaque fois un rejet de la part des militants de base.

Le 6 avril : des manifestations dans tout le pays

La « grève à la maison » n’a rien à voir avec l'histoire réelle de notre classe. C'est une invention de la bureaucratie. La tradition du mouvement ouvrier argentin est celle des grèves avec mobilisations, piquets, prise d'usines et plans de lutte.

Pour des centaines de milliers de travailleurs va se poser la question de comment faire le 6 avril et pour continuer le 7, c’est pour ça que la grève doit être organisée et prise en main par la base. Les décisions devront être discutées collectivement et démocratiquement pour décider d’un programme de lutte et prévoir la suite.

La nécessité impérieuse de forger une nouvelle direction

Si les dirigeants syndicaux avaient la volonté de préparer une véritable grève le 6 avril et d’organiser la grève générale, les travailleurs et la population se trouveraient dans les meilleures conditions pour abattre le plan d’austérité de Macri. Mais les dirigeants syndicaux ont peur de la lutte de classes.

Un processus alternatif, organisé par la base, se dessine. De nouveaux délégués surgissent des grèves et contestent les dirigeants en place jusqu'aux directions des syndicats.

Le MST coordonne l’activité de ces nouveaux délégués issus de la base et tournés vers la lutte de classes.



Rémi Duteil,
1er avril 2017



1. AFP Buenos-Aires - 22/03/2017
2. Reuters Buenos Aires - 08/03/2017
3. Alternativa Socialista du 29/03/2017

Modifié le vendredi 14 avril 2017
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