Un quotidien insupportable
Un quotidien insupportable | Irak, quatre ans aprèsQuatre ans et un mois après l'agression de Bush contre l'Irak, la situation est dramatique pour la population. Le pays est plongé dans une guerre civile et chaque semaine apporte son cortège de meurtres et d'attentats sanglants. La preuve est faite depuis longtemps que l'agression impérialiste n'a jamais eu d'autre objectif que de plonger le pays dans le chaos et que la chute de Saddam Hussein, le protégé d'hier, n'était que le prétexte à prendre pied dans cette région du monde, en particulier face à l'Iran.Le 18 avril, une énième voiture piégée explose à Bagdad dans un quartier à majorité chiite, 200 morts au total. Le marché du quartier de Sadriya était encore en reconstruction après un attentat précédent, le 3 février, qui avait tué 150 personnes. Et il ne s'agit que d'un exemple. Le gouvernement fantoche de Nouri Al Maliki voit la colère du peuple enfler après chaque attentat. Sa pseudo crédibilité a fondu avec le plan de sécurité dit " Imposer la loi ", adopté le 14 février, quotidiennement ridiculisé par les attentats. La situation est d'autant plus dramatique que la communauté chiite s'est fissurée avec les pro et les anti Moqtada al Sadr, chef de la principale milice radicale chiite, tandis que les anciens agents de Saddam continuent à organiser la résistance sunnite et que des extrémistes religieux des deux courants de l'Islam alimentent les attentats visant leurs adversaires respectifs. à ce drame sanglant s'ajoute un quotidien insupportable pour tout civil quel qu'il soit. En effet, l'occupant américain poursuit une politique de pseudo aide financière à des entrepreneurs véreux qui se font facturer des travaux mal réalisés ou pas réalisés du tout. Ainsi, dans un hôpital de Bagdad, un ascenseur prétendument flambant neuf s'est écrasé, tuant 3 personnes. Vérification faite, l'entreprise prestataire de l'armée américaine avait juste donné un coup de peinture à trois appareils défectueux alors que la propagande américaine vantait la modernisation accélérée de cet hôpital. à une autre échelle, les groupes pétroliers américains les plus impliqués en Irak, dont Halliburton, réalisent des profits mirobolants. Ainsi, Halliburton déplace son siège à Dubaï, une délocalisation réussie en quelque sorte. Rappelons que son ancien PDG était Dick Cheney, le vice président de Bush.Vers un autre Vietnam ?
Quant à l'armée d'occupation, elle en est à 3 000 morts (ce qui est peu en regard du nombre d'Irakiens tués, sans doute des centaines de milliers depuis 2003). La guerre en Irak apparaît clairement sans issue, sauf aux aveugles volontaires comme Bush et consorts. La première conséquence sur la vie politique américaine a été la défaite du parti républicain aux élections de la Chambre des représentants et du Sénat. à présent, Bush ne parvient plus à obtenir les crédits que son extension de la guerre et sa décision d'envoyer des renforts exigent.
Certains politiciens démocrates vont jusqu'à dire que la guerre en Irak est d'ores et déjà perdue par les états-Unis. Certes, Bush peut passer outre les refus du Congrès (regroupant représentants et sénateurs) et faire la matamore. Il n'empêche : les troupes américaines ne contrôlent plus qu'une partie de Bagdad, la " zone verte " qui a quand même été touchée récemment par deux attentats. l'armée irakienne et la police sont envoyées en première ligne dans les zones les plus hostiles et l'hécatombe s'accroît de jour en jour. Quel chômeur irakien va accepter aujourd'hui de s'enrôler sous un uniforme qui lui garantit un cercueil sur mesure ? Quatre provinces au moins, en zone sunnite essentiellement, échappent totalement à l'armée US, qui n'y pénètre plus que sporadiquement. Le Kurdistan commence également à s'enflammer devant la mauvaise volonté du pouvoir central à restituer au peuple Kurde la ville de Kirkouk et ses champs pétrolifères, que Saddam lui avait confisqués.
C'est vers un Vietnam d'un autre genre que s'achemine le gouvernement américain, avec de tout autres conséquences, dans une région qui constitue la poudrière de la planète.
Et même en perdant la face, les états-Unis n'en auront pas fini avec leurs déboires puisque aussi bien l'Irak ne sera plus contrôlable par personne, à la manière de la Somalie, mais dans un contexte géopolitique infiniment plus lourd de conséquences. La fin de mandat de Bush II promet un chemin menant en enfer à l'impérialisme US.
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