Une révolte populaire
Argentine - Etatde Santiago del EsteroD'une superficie égale au quart de la France, Santiago del Estero est une province de 800 000 habitants au Nord de l'Argentine. C'est l'une des plus pauvres du pays. Elle a été gouvernée durant des décennies par Carlos Juárez et sa famille. Ce vieux " caudillo " provincial du Parti Justicialiste (péroniste) gouvernait en s'appuyant sur un appareil répressif, combinant des aides à ses partisans et la répression contre ses opposants. " Nina " Juarez, son épouse octogénaire, fut élue gouverneur en 2002.En 2003, on a découvert les corps de deux jeunes filles assassinées, Leyla et Patricia. Les parents, avec le soutien des organisations de défense des Droits de l'Homme et des partis de gauche, ont organisé la mobilisation pour le châtiment des assassins, tous liés au pouvoir politique de la province.
Effondrement du pouvoir provincial
Une véritable rébellion populaire a sonné la dernière heure du régime de la province, jusqu'à le détruire. Cette révolte provinciale s'inscrit totalement dans le processus ouvert par le soulèvement des 19 et 20 décembre 2001 qui a mis à bas le président De la Rua et ses successeurs immédiats. Le Parti Justicialiste, pilier du pouvoir dans cette province pendant des dizaines d'années, a commencé à se fissurer, et des dizaines de milliers d'habitants, qui l'avaient suivi des années durant, l'ont abandonné. Le gouvernement national du président Kirchner n'a pas trouvé d'autre moyen que d'envoyer un contrôleur dans la province, malgré le fait que Juárez soit son allié et qu'il ait appelé à voter pour lui quelques mois avant.. Juárez, sa femme " Nina " gouverneur, Mussa Azar et les principaux chefs de la police se sont retrouvés en prison. De nombreux députés provinciaux du Parti Justicialiste les y ont rejoints. Le parlement provincial a été dissout et la quasi totalité des juges destitués. l'orientation du gouvernement Kirchner donnée au contrôleur Lanusse a consisté en deux points : recomposer les institutions bourgeoises et remettre sur pied le Parti Justicialiste en déconfiture afin de pouvoir contrôler la province.
Échec de l'intervention
Après huit mois de gestion de la province, le contrôleur Lanusse n'a pu atteindre cet objectif. La crise politique et institutionnelle continue. Le 21 septembre, la Cour suprême de justice (aux ordres de Kirchner) s'est vue obligée d'annuler le processus de réforme constitutionnelle et l'appel à une Assemblée constituante provinciale, deux mesures préconisées à la suite de l'intervention. Aujourd'hui, des élections pour le gouverneur et les députés provinciaux ont été convoquées pour le 20 février 2005, afin d'essayer de canaliser cette crise par la voie électorale, mais elle se poursuit.
Pour une Constituante
Dans le même temps qu'elle s'approfondit, un puissant mouvement de rupture est en cours parmi les travailleurs, les chômeurs, dans les quartiers les plus pauvres, avec ce qui fut pendant de nombreuses années leur parti, le péronisme. Des centaines et des milliers de ces camarades se sont tournés vers les assemblées et les locaux du mouvement " Teresa Vive "Le mouvement " Teresa Vive " est un groupement du Mouvement Socialiste des Travailleurs qui regroupe les piqueteros (sans-travail), les travailleurs et les jeunes. Il porte ce nom en mémoire de l'une des premières victimes de la répression sous le gouvernement de Carlos Menem, symbole de la lutte " piquetera ". Les parents de Teresa Vive sont des militants du MST. et du Mouvement Socialiste des Travailleurs (Section de l'UIT-IVe Internationale) afin d'organiser la lutte pour leurs revendications. Le MST et " Teresa Vive " ont été au coeur de la lutte contre Juárez et ses acolytes, dénonçant l'intervention de l'État et exigeant une Assemblée Constituante libre et souveraine pour réorganiser la province au service des travailleurs et du peuple. Grâce à une politique révolutionnaire et à une orientation audacieuse, le MST, qui mobilisait 300 personnes au mois de mars, en mobilise aujourd'hui 5 000, dont 3 500 sont organisées de manière permanente.
La construction du MST
l'accroissement considérable du MST et de " Teresa Vive " s'explique par la rupture de secteurs de masse avec le Parti Justicialiste, à la recherche d'un canal pour exprimer la lutte des travailleurs, des paysans, des chômeurs et des secteurs populaires. Les camarades organisés au MST et à " Teresa Vive " fonctionnent en assemblées de base, dans les quartiers, qui discutent et décident de la politique et des actions qu'ils vont entreprendre. Il y a 120 assemblées, dans la capitale de la province, à La Banda (la deuxième ville de la province) et dans dix autres villes. Le MST et " Teresa Vive " dénoncent le fait qu'avec le contrôleur Lanusse la faim, le chômage et la misère ne trouvent pas d'issue. Les mesures prises par celui-ci n'ont rien résolu. La seule solution repose sur la construction de la Gauche par ses militants, pour qu'à Santiago et dans toute l'Argentine gouvernent les travailleurs et le peuple.
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