Un pays en crise

ArgentineLe 17 août dernier, l'Argentine tout entière a assisté abasourdie à une scène surréaliste dans laquelle un ex-ministre de Kirchner, Daniel Varizat, a foncé au volant de son énorme 4X4 de plus de deux tonnes dans une manifestation d'opposition à un meeting électoral du Président Kirchner et de son épouse Cristina, sénatrice et candidate aux élections présidentielles du 28 octobre, dans la ville de Rio Callegos capitale de l'état de Santa Cruz, dont Kirchner fut le gouverneur pendant douze ans.Passant littéralement sur le corps d'une vingtaine de manifestants, ce proche de Kirchner a laissé sur le carreau dix-sept blessés. Cinq sont encore hospitalisés à ce jour, dont une enseignante dans un état grave. Kirchner et son épouse n'ont fait aucune déclaration et se sont enfuis précipitamment à El Calafate, un centre touristique de la province. Le gouverneur de la province, contrôlé depuis le palais présidentiel à Buenos Aires - " La Casa Rosada " - a qualifié l'ancien ministre d'irresponsable. Le dé­goût face à cet acte est général dans le pays, c'est une nouvelle étincelle qui embrase le soulèvement populaire dans la province de Santa Cruz. Tout le pays voit comment Kirchner et ses amis, fonctionnaires et partisans, gouvernent de manière dictatoriale et en toute impunité. Mais rien ne sera plus comme avant dans cette province lointaine de la Patagonie. Le rejet de ce crime s'est propagé comme une onde de choc dans tout l'Argentine, frappant de plein fouet le Président et son épouse.

l'ombre de l'Argentinazo

Le spectre du soulèvement populaire des 19 et 20 décembre 2001 a contraint la justice à maintenir en prison Daniel Varizat, à démissionner le chef de la police Wilfredo Roque, tandis que le gouverneur Daniel Peralta accordait des augmentations de salaires aux enseignants.

Pour Kirchner, cet événement est l'un des plus graves depuis son accession à la présidence en 2003. Mais ce n'est pas le seul, et sûrement pas le dernier. Les huit semaines qui restent avant l'élection présidentielle vont paraître un siècle pour le " pingouin ", c'est le surnom que s'est donné le Président argentin. Encore plus long le temps jusqu'au 10 décembre, date à laquelle le " pingouin " discrédité laissera la place à son successeur.

Son double discours, construit à travers une immense activité médiatique, a été mis à nu brutalement. Les discours creux et les images publicitaires ne peuvent plus masquer l'absence de mesures en faveur des salariés et des sans-emploi, et c'est la candidature de son épouse Cristina qui en fait les frais.

La réalité qui apparaît au grand jour, une fois dissipé le rideau de fumée des illusions et des artifices, c'est le pays après le soulèvement populaire de décembre 2001-janvier 2002, c'est un gouvernement qui a démontré dans ces derniers mois son incapacité à " normaliser " le pays comme l'exige de plus en plus fort le patronat argentin.

Vers les élections présidentielles

C'est dans cette situation que se débattent aussi les candidats parrainés par le système, avec le soutien du patronat. Aucun d'entre eux n'est en mesure à ce jour de menacer la victoire probable de Cristina et ils sont condamnés à supputer sur les voix que celle-ci est entrain de perdre, l'obligeant à un second tour, car les affiches qui cou­vrent les rues de la province de Santa Cruz et les mots d'ordre scandés dans les manifestations, par exemple le fameux " Que se vayan todos ! " - " Qu'ils s'en aillent, tous ! " - les concernent eux aussi. Dans ce contexte, les propositions faites par le MST et les militants, groupes et organisations pour une " Nouvelle Gauche " sont écoutées avec sympathie. Plus que jamais, le combat engagé pour la construction de cet outil est une question décisive alors que l'espace politique s'élargit pour ce projet. Le résultat obtenu dans les élections à Buenos Aires doit se prolonger à travers tout le pays à l'occasion des élections présidentielles.

Grèves et manifestations

À ce jour, les enseignants de cinq provinces sont en grève, et ils viennent d'être rejoints par ceux de Buenos Aires, qui représentent la moitié de tous les enseignants d'Argentine. Au centre de leurs grèves et de leurs manifestations se trouve la question des salaires ; ceux de Santa Cruz ont obtenu une augmentation du salaire de base de 161 pesos à 780 pesos. Les enseignants veulent 1200 pesos de salaire de base. La crise continue ...
Modifié le dimanche 16 septembre 2007
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