Révolte paysanne
ArgentineLa grève des campagnes, qui s'est arrêtée le 3 avril, n'est pas seulement la plus importante de ces dernières décennies, elle s'est transformée en crise politique, non seulement du gouvernement de Cristina Kirchner mais aussi de toute la période Kirchner. Au rythme des barrages routiers paysans et des concerts de casseroles des villes, la petite bourgeoisie de la campagne et des grandes villes s'est rassemblée contre toutes les mesures visant à prendre l'argent dans son porte-monnaie.Le 3 avril, après une marche fédérale massive, la grève des paysans a été suspendue pour trente jours. Le gouvernement qui s'était jusqu'alors montré intransigeant avec sa mesure de taxe financière a été obligé de céder et de faire une proposition différente aux petits et moyens producteurs, les véritables acteurs de cette bataille qui ont arraché une proposition qu'ils jugent pourtant insuffisante. C'est pour cette raison qu'ils ont maintenu une série de mesures pour suivre les négociations ouvertes avec ce gouvernement en lequel ils n'ont aucune confiance. Une crise politique s'est ouverte qui a tendu la situation nationale et représente en réalité un moment charnière.Les petits producteurs en grève
Les petits producteurs, acteurs de cette rébellion, en sortent renforcés. En ayant obtenu d'être reconnus par le gouvernement : il s'agit d' une première victoire. Le gouvernement, lui, marque une défaite, parce qu'il a été obligé de faire une concession aux petits producteurs qu'il avait insultés et dont il ne voulait rien savoir. C'est une défaite politique pour le gouvernement, non seulement parce que son intention de mettre la population de son côté pour vaincre la rébellion des fermiers n'a pas abouti, mais, de plus, parce que la population a pris fait et cause pour les petits producteurs, en posant ses propres revendications.
Le gouvernement sort de ce conflit affaibli, d'autant plus que les classes moyennes des campagnes et des villes ont rompu avec lui, ce qui va rendre encore plus difficile la tâche de la nouvelle présidente pour mettre en oeuvre ses plans destinés à normaliser l'Argentine pour les besoins de l'oligarchie et de l'impérialisme.
400 barrages routiers
Le gouvernement argentin a essayé de masquer la révolte des petits paysans en voulant la faire passer comme un lockout de l'oligarchie des grands latifundiaires. La petite paysannerie en a eu assez qu'on plonge les mains dans son porte-monnaie, par des taxes qui la conduisaient à la ruine alors qu'elles n'étaient que chatouilles pour les grands propriétaires, grands bénéficiaires de la politique des Kirchner. Elle s'est donc mise en grève et a dressé 400 barrages routiers dans toute l'Argentine. Passant par-dessus la tête de leurs dirigeants, les petits paysans ne se sont pas laissé entraîner par l'oligarchie sur le terrain des courbettes au gouvernement. Bien que le gouvernement argentin ait déployé une propagande importante pour mettre la population de son côté, en agitant le spectre d'un coup d'état, appuyé par la droite et mobilisant ses groupes de choc, la gendarmerie, la police, l'appareil du Parti Justicialiste, il n'a pas pu faire barrage à la colère populaire alimentée par l'augmentation des impôts, des taxes, par l'envol des prix et l'autoritarisme du couple présidentiel.
Kirchner perd sa base électorale
La tourmente économique internationale a balayé la situation qu'a connue, à son avantage, le mari de la nouvelle présidente. Pour garantir les bénéfices des oligarques argentins et des entreprises multinationales, payer la dette contractée auprès du FMI et des pays impérialistes, Cristina Kirchner essaie de dégager un excédent de recettes fiscales sur le dos du peuple et pour cela elle doit, non seulement ponctionner les travailleurs, mais également les classes moyennes des campagnes et des villes, les économies régionales et les aides sociales qui avaient colmaté en partie les brèches ouvertes par le soulèvement de décembre 2001.
Le journal de droite La Nación note " la révolte paysanne et citadine des derniers jours a été un avertissement de ce que la volonté sociale a posé des limites définitives au pouvoir. Cristina Kirchner ne pourra, en conclusion, gouverner comme a gouverné son époux ...Jamais on n'a perdu tant de capital politique en si peu de temps ".
Cristina Kirchner vient de perdre une partie de sa base sociale qui avait permis son élection en octobre 2007. l'immense majorité de la population, qui souffre de l'inflation, des bas de salaires, des budgets sociaux de misère vient de rompre avec les espoirs que suscitaient les discours du couple Kirchner. Les affrontements sont à venir.
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