Argentine : Après la grève du 31 mars
En dépit de la propagande gouvernementale, des pressions des patrons et du rôle néfaste de la bureaucratie syndicale, la grève a été ressentie fortement dans tout le pays. En plus des transports, des hôpitaux, des écoles et des banques, les secteurs de la CGT officielle s’y sont joints. La continuité et la bataille pour une nouvelle direction syndicale, sont à l’ordre du jour.
31 mars. Les villes se sont réveillées comme un jour férié. Les entrées et les avenues des lieux les plus peuplés, dans toutes les provinces, étaient pratiquement désertes. Le fait que l’immense majorité des corporations du transport appelaient à la grève la renforçait puissamment. Mais aussi le ralliement de syndicats habitués à ne rien faire, comme l’UOM, lui donnait encore plus de force.
Tentative avortée de casser la grève
Le gouvernement a essayé de la casser sans y arriver. Devant cet échec, il a alors mis en avant deux arguments pour affaiblir et minimiser le coup reçu. D’un côté, avec une dose importante de cynisme, les soutiens du régime insistèrent sur le fait que la grève était une mesure « au bénéfice de ceux qui gagnent le plus et qui ne veulent rien partager avec les retraités ». Paradoxalement, ceux qui disent semblable chose gagnent des salaires énormes, négociant le paiement de la dette extérieure au profit des multinationales, au détriment de notre souveraineté et défendent des accords semblables à celui passé dernièrement avec la Chine, et qui ne nous rapportera quasiment rien.
Pourquoi pas des grèves le samedi et dimanche !
Par ailleurs, on répète à nouveau que la grève des transports oblige les gens qui voudraient travailler à rester chez eux. Si ce n’était pas ceux qui gouvernent le pays qui le disent, cela prêterait à rire. Il est évident que n’importe quelle mesure et épreuve de force affecte le fonctionnement normal des choses, sinon cela serait complètement inefficace pour la défense des revendications. Bientôt, ils vont nous proposer de nous mobiliser les samedis…ou les dimanches soir !
La bureaucratie, l’obstacle principal
Pour nous, la grève fut importante car elle a permis que s’exprime la colère de millions, devant le recul de leur niveau de vie. Si ce n’était pas le rôle joué par les syndicalistes officiels liés depuis longtemps au pouvoir mais aussi par les papes de la bureaucratie oppositionnelle, la grève aurait été encore plus forte. Ce que réclament de nombreux travailleurs qui voient que les grèves isolées et sans préparation n’arrivent pas à tordre le bras au gouvernement et à gagner sur les revendications les plus essentielles.
Parce que ces dirigeants, en plus de mettre en avant des grèves échelonnées et sans préparation sur les lieux de travail, de faire une grève « dominicale », sans appeler à des actions unitaires, se refusent à unifier la revendication contre l’impôt sur les revenus avec la bataille pour une augmentation générale des salaires qui réponde aux besoins de plus de la moitié des travailleurs qui gagnent en dessous de 5000 pesos (535 euros).
Il faut un programme ouvrier d’ensemble
Se refusent à appeler au combat pour en finir avec la précarité, augmenter les budgets de la santé et de l’école publique, entre autres. De justes revendications que la grande majorité du mouvement ouvrier met en avant depuis des années. La vraie question est celle d’un programme ouvrier alternatif qui mette en avant une réforme des impôts progressive où serait éliminée la TVA, où serait annulé l’impôt sur les salaires et les taxes sur la consommation ; Et où ceux qui ont le plus paient le plus !
La place essentielle de notre courant syndical
Notre courant syndical avec la CTA autonome et d’autres secteurs a diffusé un tract mettant en avant ces revendications universelles et des solutions de fond. Pour nous il était fondamental de mettre au centre le bon programme et pas seulement la revendication d’augmentation des salaires, juste bien entendu mais insuffisante. Mais, bien que nous nous sommes fait entendre, nous n’avons pu déborder les chefs de la CGT qui ont limité la grève exclusivement sur la question de l’impôt, ce qui fut utilisé par le gouvernement pour porter la confusion dans une partie des travailleurs avec sa propagande.
Extraits d’Alternativa Socialista (Quinzomadaire du MST) du 9 avril 2015.
Traduction assurée par Paul Dumas, 13 avril 2015.
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