Ebola : le virus de l’impérialisme
Il y a probablement des milliers de siècles que le virus Ebola était tapi dans la forêt équatoriale comme hôte d'une des 300 000 variétés de chauve-souris; il y a 28 ans qu'il s'est attaqué aux hommes, d'abord dans le bassin du Congo, épisodiquement, et maintenant en Afrique de l'Ouest. Analyse d’une épidémie qui se heurte au mépris cynique des impérialismes.
Les enfants d'un village, en 1976, ont joué au chasseur et ramené une chauve-souris fatale chez eux. Les bonnes sœurs d'une mission sise à Younkounbou, sur la rivière Ebola, ont transmis le virus par des seringues contaminées aux femmes enceintes et aux autres patients de leur dispensaire. L'épidémie est restée circonscrite aux abords de leur établissement. Depuis, Ebola s'est manifesté de mille façons mais le nombre de décès n'a jamais dépassé une ou deux centaines par épidémie. Et, fidèles à leur course à la rentabilité à tout prix, les géants de la pharmacie n'ont jamais entrepris la recherche d'un vaccin ou d'un type de médicament adéquat pour cette maladie jugée orpheline, comme ils négligent les multiples pathologies qui tuent peu de gens, prises isolément et beaucoup quand on les additionne. A ce mépris cynique du genre humain et des malheureuses victimes de la part des labos s’ajoute celui des chefs d'Etats des grandes puissances et des Etats touchés. En effet l'épidémie actuelle a commencé par frapper des enfants d'une famille guinéenne d'un village situé près de Guéckédou à Noël. Elle n'est reconnue par le gouvernement de Conakry qu'en mars et en Sierra Léone et au Libéria très vite touchés, elle ne sera annoncée publiquement qu'en mai !
« La coalition de l’inaction »
En ce début de septembre on en est à 3000 morts dont la moitié ces quinze derniers jours. L'OMS (organisation mondiale de la santé de l'ONU), mammouth paralytique, commence à émettre des projets lentement, sans tenir compte de la gravité de la situation et de l'urgence d'une intervention sanitaire coordonnée. Les Etats-Unis "réfléchissent", l'UE aussi. Il n'y a que 120 lits disponibles à l'antenne de l'ONG Médecins Sans Frontières à Monrovia, capitale du Libéria, là où il en faudrait au moins 1000. "Le Monde" daté du 10 septembre rapporte que 79 professionnels de la santé sont morts d'Ebola au Libéria et le directeur de MSF de Belgique déclare : "c'est la coalition de l'inaction". MSF a dévolu une partie de son budget au Libéria à la construction d'un crématorium pour brûler 100 corps par jour. Les malades en surnombre sont refoulés derrière des grillages et agonisent dans la boue et les flaques de la saison des pluies et leur parents tentent de saisir les kits de protection sanitaires balancés au dessus les grillage (caisse blanche contenant chlore, gants, tabliers, masques) pour limiter les contaminations.
Bien sûr les bonnes âmes invoquent les méfaits des coutumes funéraires où les parents et voisins du défunt doivent toucher le mort; certes c'est difficile à éviter.
Comme au Moyen-âge
Mais que dire des gouvernements qui bouclent les villages et quartiers touchés avec interdiction de sortir comme on parquait les pestiférés au Moyen-âge avant de les brûler (Grande Peste de 1348-1350 par exemple) ? Et qui se savent à l'abri avec la possibilité de filer en Occident si le danger se rapprochait. Madame Ellen Sirleaf Johnson, présidente du Libéria est une ancienne haute fonctionnaire du FMI, primée pour des travaux en économie, à la tête d'un Etat corrompu jusqu'à la moelle. A Monrovia, des panneaux annoncent : "Ebola existe vraiment" et un jeune étudiant déclare, toujours aux journalistes du Monde : "si c'est MSF qui le dit c'est vrai, parce que le gouvernement, lui, on ne le croit pas". La défiance des masses en Afrique à l'égard des corrompus qui les gouvernent et les oppriment n'a d'égale que celle des peuples d'ici qui rejettent, par un abstentionnisme massif, les prétentions des politiciens de métier. Afrique, Europe, même combat ! Seules des nationalisations et confiscations sans indemnités ni rachats des grands labos et firmes pharmaceutiques permettraient de les mettre au service de la prévention et de la guérison des fléaux qui affectent tant de pauvres gens. Et seul le socialisme, le vrai, pas celui des sociaux-démocrates staliniens, tous socialistes de papier (papier monnaie surtout) est à même d'y parvenir.
Garledji Makélélé, 11 septembre 2014
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