Le continent est en marche

Dossier : révolution au VenezuelaOn trouvera dans ces trois prochaines pages un dossier spécial sur le processus en cours au Venezuela, communément appelé en Amérique latine et dans le monde " révolution bolivarienne ", en référence à Simon Bolívar, le libérateur des peuples dans le continent sud-américain, qui commença son combat émancipateur au Venezuela, son pays de naissance. Nous commençons par un entretien avec notre camarade Miguel Hernández, membre du Comité National du Parti Révolution et Socialisme (PRS).Le PRS (Parti Révolution et Socialisme) s'est constitué le 9 juillet à Caracas dans un rassemblement regroupant plus de 500 militants ouvriers de tous les états du Venezuela (cf. La Commune n°52, novembre 2005).
La Commune : Quelles sont d'après toi les raisons du taux élevé d'abstention aux élections de décembre gagnées par les chávistes ?

Miguel Hernández : Je crois que le taux très élevé d'abstention (75%) reflète essentiellement le rejet par une grande partie du peuple partisan de Chávez des partis composant le bloc du changement (MVR, PPT, Podemos Mouvement pour la Ve République (le parti de Chávez), Patrie Pour Tous, et Nous pouvons, constituant la coalition au pouvoir.). Ce phénomène s'était déjà exprimé dans les élections du mois d'août où nous avions assisté à un rejet absolu du bureaucratisme, de la corruption et du clientélisme étrangers aux intérêts du peuple. C'est ainsi que les partis qui défendent le Président Chávez ont creusé un fossé entre le Parlement, les autres institutions gouvernementales et le peuple.

LC : Ceci démontre que nous sommes toujours dans un processus révolutionnaire ?

MH : Bien sûr, quelle que soit l'analyse qui peut être faite du moment présent, celle-ci est cadrée par la continuité du processus révolutionnaire et l'état d'esprit combatif du peuple travailleur, dus aux triomphes obtenus contre l'impérialisme. Les résultats électoraux doivent être compris dans ce cadre fondamental si l'on veut appréhender correctement les événements actuels. Un autre élément plus général est la situation pré-révolutionnaire que connaît le continent, situation qui, d'une certaine manière, donne une impulsion au processus révolutionnaire vénézuélien. Le processus vénézuélien s'intègre dans une avancée des luttes populaires, dans une crise des partis politiques traditionnels de la bourgeoisie latino-américaine, dans un tournant à gauche des masses. Celui-ci qui s'exprime par les victoires électorales de dirigeants et de partis de gauche avec qui nous avons des divergences mais qui reflètent ce tournant ainsi que la recherche par les travailleurs et les peuples de solutions conformes à leurs intérêts.

Le socialisme du XXIe siècle

LC : Où en est la discussion lancée par Chávez sur le socialisme du XXIe siècle ?

MH : Il faut reconnaître qu'à la différence des autres présidents d'Amérique latine et du reste du monde, le Président Chávez a le mérite de faire la proposition du socialisme pour dépasser le capitalisme. Cependant, de notre point de vue, sa proposition est un peu courte. Ce qu'il propose n'a rien à voir avec le socialisme compris de manière scientifique et ne correspond pas à la construction du socialisme à notre époque. Au XXIe siècle, comme au XXe, le socialisme, ce n'est pas la collaboration de classe. Pour le Président, il s'agit de combiner les intérêts des deux classes antagoniques, les capitalistes et les travailleurs, et pour cela il donne des subventions aux premiers pour réactiver leurs entreprises. Nous ne pensons pas que de cette manière nous arriverons au socialisme.

La place décisive du PRS

LC : Quelle est la place du PRS ?

MH : Je crois précisément que la crise des partis chávistes pose la nécessité immédiate, urgente, d'un parti révolutionnaire qui pose la question du socialisme démocratique, sans collaboration de classe, sans corruption, répondant à l'ensemble des besoins sociaux de l'immense majorité. En ce temps de grande prospérité économique pétrolière et d'énormes bénéfices, les travailleurs ont le sentiment de ne pas avoir arraché des conquêtes à la hauteur des luttes qu'ils ont menées. Pour pouvoir avancer il faut avoir un outil politique : l'UNT, le front Ezequiel Zamora et d'autres organisations sociales et populaires sont importants, mais, pour dépasser le capitalisme, pour construire une société sans inégalités, il est nécessaire de construire un parti révolutionnaire. Le PRS appelle tous les militants lutte de classe, tous les révolutionnaires à s'unir pour construire une telle organisation, qui lutte de manière conséquente à partir de la mobilisation des masses pour un gouvernement des travailleurs et du peuple, pour la construction du socialisme.

Propos recueillis par Élie Cofinhal.
Modifié le lundi 06 mars 2006
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