Déclaration de militants du NPA de l’Hérault, novembre 2014 : Pourquoi nous démissionnons du NPA
Chers camarades,
Il arrive un temps où la quantité de divergences accumulées se transforme finalement en qualité. Ce temps est venu : nous quittons le NPA. Ce qu’est devenu ce parti, en quelques petites années, n’a plus rien à voir avec les principes fondateurs du NPA que nous partagions et pour lesquels nous avions voté. Ainsi, par glissements successifs les principes fondateurs du NPA ont été remplacés par d’autres « valeurs ». C’est ce que révèle singulièrement le texte de Sandra et autres signataires pour le prochain congrès de janvier : « Eléments pour un projet de résolution » (BI Congrès 2015.N°1). Texte qui nous sidère et qui nous fait dire que nous n’avons plus rien à faire ensemble.
En ce qui nous concerne, nous avons été, jusqu'’à la dernière seconde, des militants loyaux du NPA, disponibles, combattant pour construire le NPA, et, ce n’est pas un détail, compte-tenu du laisser aller ambiant sur cette question, à jour de nos cotisations.
Allons donc à l’essentiel : la lecture du texte de Sandra, Côme, Roseline. nous fait dire que « trop, c’est trop ». Répétons-le : la « quantité » s’est transformée en « qualité »
Entreprise de culpabilisation de la classe ouvrière
Trop, c’est trop quand nous lisons que les abstentions favorisent la supposée « montée de l’extrême- droite », façon à peine déguisée de rendre les travailleurs responsables de la prétendue « montée » du FN, façon de les culpabiliser :
« L’abstention massive a traduit le rejet de l’UE par les classes populaires et l’accentuation de la crise de représentation politique. La poussée des partis d’extrême droite, nationalistes, populistes et anti-Europe, favorisée par l’abstention,( souligné par nous) est à la fois le produit de la crise que les classes dominantes font payer au monde du travail et un accélérateur de la crise des forces politiques traditionnelles. Sans en surestimer les traductions immédiates tant l’abstention brouille la photographie électorale, elle exprime néanmoins des tendances lourdes de la situation. Vote sanction, de protestation, bras d’honneur adressé à l’ensemble de la classe politique, y compris d’une certaine façon à la gauche de la gauche, le vote pour les droites extrêmes représente une menace sans précédent depuis la dernière guerre mondiale pour les classes populaires. »
Nous avons bien lu, il est écrit, noir sur blanc : l’abstention favorise la poussée de l’extrême-droite !!! Avec Trotsky, nous continuons pour notre part à penser que « Front populaire et fascisme sont les dernières ressources politiques de l’Impérialisme dans sa lutte contre la révolution prolétarienne » et que par conséquent, c’est la politique de ce gouvernement et des appareils, singulièrement l’appareil de la social-démocratie et du stalinisme, intégrant le Front de gauche, qui « conduit la classe ouvrière à l’impuissance et qui ouvre le chemin au fascisme ».
Fort heureusement, nous n’en sommes pas là, le FN n’est pas le parti nazi, Marine Le Pen n’est pas Hitler, la classe ouvrière est loin d’être défaite mais cette leçon majeure de l’histoire pour tout militant révolutionnaire est aux antipodes d’un texte d’orientation qui vise à accuser les masses de la montée du FN. Quel aveuglement, quelle honte ! Comment peut-on se présenter devant la classe ouvrière avec de telles idées ?
Trop, c’est trop quand nous lisons ce charabia selon lequel le « clivage gauche-droite » serait l’expression du « clivage social bourgeoisie- classe ouvrière », (la gauche représentant la classe ouvrière? quelle ironie) et que, de surcroît, il existerait un clivage « national –ethniciste ». Voilà qui a de drôles de relents ? Qui sont donc ces supposés « ethnicistes » ? Y aurait-il désormais une guerre intérieure entre ethnies en France ? Et lesquelles ? Bizarre, cette notion qu’on ne retrouve que chez le franchouillard…Mélenchon.
Quand on lit, par ailleurs, dans ce même document qu’il existerait une « radicalisation antisémite de franges de la jeunesse des quartiers », cette histoire de « clivage ethniciste » a, qu’on le veuille ou non, des relents anti-musulmans. En pleine honteuse « union sacrée » qui se constitue dans ce pays contre les immigrés, singulièrement les musulmans, au prétexte de lutte contre ces, effectivement, barbares de l’EI, ça ne sent pas bon, camarades.
Le NPA, 5e roue du carrosse Front de gauche
Trop, c’est trop, quand nous lisons que le NPA doit s’inscrire dans « le processus constituant » d’une République vers une autre, et entrer ainsi, par la porte de derrière, dans le mouvement pour la VIème république, de Mélenchon, qui croit ainsi détenir une recette pour replâtrer l’Etat bourgeois, menacé de dislocation par la crise du sommet de l’Etat bourgeois.
Trop, c’est trop, quand nous lisons que le NPA devrait prendre à sa charge « les questions de quelle organisation de la société » et réfléchir à « Que produire ? Comment ? ». Entrer dans ce « débat »-là, c’est mettre le doigt dans un engrenage douteux, en commençant par disserter sur ce que sera la société future. Les travailleurs n’ont que faire de ces élucubrations et, à proprement parler, purement sectaires, au sens littéral du terme. Quel intérêt en effet, alors que le problème immédiat est celui de la lutte pour la survie de familles entières qui ne savent pas comment nourrir leurs enfants, comme c’est le cas à la Paillade, par exemple…
Alors que le problème immédiat est de s’opposer aux licenciements, à la précarité, à la misère et d’abattre le mode de production capitaliste ?
Quel intérêt le « Que produire » sinon parler en l’air et donc échafauder des utopies qui, parce qu’elles sont hors du temps et de l’espace, sont de nature à impuissanter les exploités et opprimés et donc réactionnaires ?
Où est passé l’anticapitalisme du NPA ?
Et puis d’ailleurs, que signifie : « que produire ? ». Le prochain congrès du NPA va-t-il faire une liste de ce qu’il convient de produire et pas ? Ecrire que la question est « que produire ? », c’est avouer la complaisance de ce parti avec l’idéologie de la décroissance et ne rien comprendre au processus de production capitaliste dans lequel l’aliénation du travail salarié est la base !
A moins que ce ne soit pour disserter à l’infini de la société future ? Les travailleurs n’ont que faire de ces élucubrations malsaines à l’heure où il leur faut s’opposer chaque jour aux attaques de ce gouvernement au service exclusif du MEDEF.
Même chose pour le « comment ? Qui décide ? » dont il est question dans ce texte.
La réalité quotidienne de la classe ouvrière est la défense de sa force de travail, les conditions de travail et la vente de sa force de travail au meilleur prix, toutes choses que le capital pourrissant lui dispute à chaque minute. Qu’importe à l’ouvrier ce qu’il produit puisque de toute façon cela lui échappe et lui est « étranger » Le reste n’est que dissertations de gens bien nourris, étrangères aux préoccupations des millions d’êtres humains qui défendent leur existence chaque jour.
Où est passé le plan d’urgence du NPA ?
Ce texte Sandra, Côme etc. avance une ébauche de Plan d’urgence sur lequel il y aurait beaucoup à dire.
En effet, ce « plan d’urgence » laisse carrément de côté les revendications immédiates les plus urgentes, telles que :
- A bas le pacte de responsabilité
- Abrogation des réformes successives des retraites et retour au 37,5/ 60 ans/10 meilleures années
- Défense des bases fondatrices de la Sécu, le salaire différé !
- Arrêt des exonérations de cotisations sociales « patronales »
- Abrogation de la réforme ferroviaire
- Abrogation de l’ANI et des accords emplois-compétitivité
- Annulation de la dette
- Rupture avec l’Union européenne, ses institutions et directives
- Pas un seul licenciement, retrait de tous les plans « sociaux » - restructurations et fermetures – pour une LOI –inscrite dans le code du travail – interdisant les licenciements et le travail précaire.
Si l’augmentation des salaires figure bien dans ce « plan » Sandra, Côme etc., elle est noyée dans un salmigondis de considérations pour le moins étranges, du genre :
« Affirmer que la réponse à la crise n'est pas la relance par une politique de la demande à la fois illusoire et catastrophique pour l'environnement et le climat ». Question : qu’est-ce qu’une politique de la demande ? C’est une politique de relance de la consommation des ménages, ni plus, ni moins. Laquelle implique nécessairement l’augmentation du pouvoir d’achat des foyers populaires et de tous les salariés. Elle est illusoire en tant que tentative de trouver une issue à la crise du capitalisme, dans le cadre du capitalisme. En ce sens, elle est une fiction réformiste. Mais, qui dit, aujourd’hui, tous les jours que « la réponse à la crise n’est pas la relance par une politique de la demande » ? Le Medef, la direction du PS, les commissaires européens, l’UMP… Et le NPA viendrait apporter sa petite touche « écolo » à cette partition réactionnaire ?
La politique dite de « l’offre » est, à coup sûr, moins catastrophique pour l’environnement : Arcelor Mittal ne pollue plus, PSA Aulnay non plus, le poulailler Gad non plus…
En un mot comme en mille, nous sommes éberlués et révoltés. Ce projet de texte pour le prochain congrès tourne le dos aux larges masses, à la lutte des classes et, ainsi même à la perspective d’un parti anticapitaliste, de lutte de classes, en rupture avec le gouvernement et ses soutiens FdG et Verts.
Le NPA refuse d’appeler à la rupture avec l’Union européenne
« Nous devons aussi avancer des réponses démocratiques radicales de rupture avec les traités et les institutions européennes et avec les institutions de la Vème République (élection du Président au suffrage universel, Sénat…) ». Comment ne pas dire « rupture avec l’Union européenne, ses institutions, ses directives »…tout en ayant l’air de le dire. Le mot d’ordre de rupture avec l’Union européenne auquel aspirent de nombreux militants du NPA est remplacé par une formule alambiquée « des réponses démocratiques radicales de rupture ». Lesquelles ? « Abrogation du traité de Maastricht » ? Non. « Abrogation de la Vème République » ? Pas davantage. Chacun y mettra le contenu qu’il voudra. C’est le type même de l’arnaque intellectuelle. Et, faut-il le rappeler, à la virgule près le discours de…Mélenchon. Ce clair-obscur est l’apanage de toutes les tendances,
Complaisance avec le stalinisme
Peut-on lutter au compte de la classe ouvrière et faire preuve, en même temps, de complaisance avec le stalinisme et son appareil ? Trotskystes que nous sommes, nous ne le croyons pas. C’est pourtant ce dans quoi se plonge en permanence la direction du NPA, toutes tendances confondues. C’est semble-t-il une maladie chronique qui s’exprime dans la fascination de cette direction pour le PCF et le Front de gauche, le tout enrobé de l’alibi de la lutte pour l’unité, comme il se doit, fascination qui l’a poussée régulièrement à participer à toutes les opérations pare-feu du Front de gauche et autres « journées d’action » sans lendemain , dont la dernière, le 15 octobre.
Où est passé l’internationalisme du NPA ?
Quant aux questions internationales, mêmes dérives ; sur la question kurde et de Kobané, pas moins de trois positions, dont celle de la « majo », Sabado and co, qui demande carrément à l’Impérialisme d’armer les Kurdes ! Sur la question palestinienne, au moins deux positions, sinon plus, la plupart axées sur la « revendication » de deux Etats, lorsqu’on sait que ce qui reste de terres palestiniennes équivaut à 8 % à peine du territoire historique de ce peuple !
Vive la Commune de Paris ! Vive l’Etat-Commune
En résumé, le NPA semble atteint d’un mal incurable. De 9300 adhérents au congrès de fondation de 2009, au millier environ aujourd’hui, la dérive et la déchéance sont spectaculaires et rarement atteintes dans les mouvements qui se revendiquent de la Révolution ! Nous avons tenté dans ce texte de démission d’en faire le diagnostic à grands traits. Le bilan global reste à faire, assurément. Sans nous, camarades. Nous préférons retourner vite aux préoccupations de notre classe, la classe ouvrière.
Ce que tente de faire l’organisation La Commune, pour un Parti des travailleurs,
Vive l’Etat-Commune
Vive la Commune de Paris
Montpellier, le 4 novembre 2014
Un salut trotskyste et militant
Signataires :
Annie B (Comité PSL),
Benoît T (Béziers),
Bernard B (Comité PSL),
Jean-Paul C ( Montpellier )
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