L’impérialisme sème la guerre et les épidémies

Yémen

Le Yémen est au centre d’un conflit international depuis 2015 mais cette guerre intéresse peu les médias. Il a fallu que l’épidémie de choléra qui frappe la population (30 000 cas de choléra depuis octobre 2016 1 ) prenne une ampleur considérable pour que les médias occidentaux s’en émeuvent. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’attend à plus de 250 000 cas d’ici six mois. Premier aperçu.

L’impérialisme sème la guerre et les épidémies

« La vitesse de recrudescence de cette épidémie de choléra est sans précédent » , a déclaré aux médias à Genève, par téléphone, le représentant de l’OMS dans le pays, Nevio Zagaria 2 .

L’OMS, prolongement « sanitaire » de l’Organisation des nations unies (ONU), est donc chargée d’apporter un semblant de caution « humanitaire » aux crises sanitaires crées par les États au service desquels elle se trouve 3 . Cela permet ainsi aux médias de déconnecter la question sanitaire de la question politique : « Yémen : à la guerre s'ajoute une épidémie de choléra sans précédent » (L’Express, le 15 mai 2017) ou de se contenter d’effectuer un décompte macabre des victimes dont ils sont friands (une recherche dans Google actualité sur le sujet est, à cet égard, édifiant).

Comme si l’épidémie de choléra tout comme la famine qui arrive ainsi que les millions de déplacés n’étaient pas une conséquence directe de la guerre menée par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite ! Cette coalition arabo-sunnite, avec la complicité de ses alliés occidentaux, France, Angleterre et Etats-Unis, qui apportent soutien militaire et armement sont, ici comme partout au Moyen-Orient responsables du chaos et des crises humanitaires qu’ils engendrent.

Les causes du conflit

Comme en Egypte ou en Tunisie, un vent révolutionnaire s’est levé au Yémen dès janvier 2011 et a fini par chasser le président Ali Abdallah Saleh. Cet élan démocratique des populations, fut, comme dans l’ensemble des pays arabes, d’abord réprimé puis contenu par les forces politiques constituées qui, dès lors, vont l’utiliser à leurs fins (ici islamistes, houthistes, sudistes et les nombreuses tribus). Le nouveau président Hâdi, en voulant créer un État fédéral (composé de 6 régions) va alors déclencher la colère des houthistes (chiites soutenus par l’Iran) qui perdent une partie de leur territoire et provoquer une guerre civile. Le conflit entraîne le morcellement du pays en zones d’influences diverses et les houthistes finiront par prendre Sana (la capitale) en septembre 2014 tandis que Hâdi s’installe à Aden, avec le soutien de l’Arabie saoudite. Dans le même temps, la confédération tribale des Hached (sunnite), filiale d’AQPA (Al-Qaïda dans la péninsule arabique) peut se développer grâce aux largesses des Saoudiens…

C’est ainsi que l’arrivée au pouvoir du roi Salman en Arabie saoudite en 2015 et la montée des houthistes soutenus par l’Iran vont servir de prétexte aux Saoudiens pour intervenir militairement au Yémen en mars 2015 et déclencher la guerre actuelle.

Les juteux contrats d’armement

Pour mener leur guerre au Yémen, les riches monarchies pétrolières peuvent compter sur le soutien indéfectible de leurs alliés occidentaux : le premier voyage à l’étranger de Trump est pour le roi saoudien Salman, avec à la clef, un contrat de vente d’armes de 100 milliards de dollars. Hollande et Valls ont, pour leur part, conclu un contrat de 10 milliards d’euros dont 30 patrouilleurs (Dassault). Mais les impérialistes occidentaux ont aussi les mains dans la boue et dans le sang : les États-Unis mènent des raids aériens meurtriers 4 , la France y participe activement, mais « discrètement » d’après les propos d’un officier interviewé par le Figaro 5 .

Le Yémen rejoint la longue liste des pays où les puissances impérialistes, régionales ou occidentales perpétuent des crimes contre l’humanité, génèrent chaos et désolation.

Au Yémen comme ailleurs, il manque cruellement un mouvement anti-guerre mondial qui mène campagne et manifeste partout pour l’arrêt des interventions des forces impérialistes au Proche et Moyen-Orient.




Julie Charmoillaux,
20 mai 2017




1. Source : Médecins du monde dans http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/05/19/il-est-de-la-responsabilite-de-la-france-d-attenuer-l-etau-qui-asphyxie-la-population-yemenite_5130502_3232.html
2. http://www.lemonde.fr/international/article/2017/05/19/yemen-le-cholera-a-fait-242-morts-en-trois-semaines_5130551_3210.html
3. L’OMS, financée par les États, les laboratoires pharmaceutiques ou les grandes entreprises, se met en réalité au service de ses différents maîtres selon la conjoncture.
4. http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/01/29/raid-americain-au-yemen-contre-al-qaida-dans-la-peninsule-arabique_5070861_3218.html
5. Article G. Malbrunot, Le Figaro, 11 mai 2016.

Modifié le mardi 23 mai 2017
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