Quelle justice ?
Quelle justice ? | Etat espagnol, face aux crimes franquistes :Pour avoir répondu aux associations de défense de " la mémoire historique " en ouvrant une instruction contre le franquisme et ses crimes, le juge Garzón vient d'êtreinculpé par le Tribunal suprême, dont la moitié des membres a prêté serment aux principes fondamentaux du Mouvement national franquiste. La demande d'inculpation
a été présentée par le parti fasciste espagnol : la Phalange. Comment se fait-il qu'un parti fasciste, ayant pleinement participé au coup d'Etat du 18 juillet 1936 contre
la République et à l'écrasement de la Révolution espagnole, puisse obtenir l'approbation d'une des plus hautes institutions de l'Etat, sous le gouvernement du socialiste
Zapatero ?La politique de soumission du
PSOE au capitalisme et à la
monarchie l'a mené à accepter
leurs institutions, parmi lesquelles leurs
forces répressives qui ont sévi jusqu'à
la mort de Franco, et même après, contre
la classe ouvrière et les indépendantistes
basques. Les gouvernements de
Felipe Gonzalez de 1982 à 1995, ont
été impliqués dans l'affaire des GAL,
ces commandos de tueurs à la solde de
l'État. Le Parti socialiste épaulé par le
PCE du très stalinien Santiago Carrillo,
prirent part, dans les années soixantedix,
deux ans après la mort du dictateur,
à la rédaction d'une loi pour la
Réforme Politique du régime franquiste,
en lieu et place d'une rupture
avec la dictature, telle que la réclamaient
les masses ouvrières. C'est
cette revendication accompagnée par
celle de la convocation d'une
Assemblée Constituante et de la proclamation
de la République que les
travailleurs exigeaient ; mais socialistes
et staliniens pactisèrent sur leur
dos, avec les phalangistes-franquistes,
et contribuèrent ainsi à asseoir
sur le trône l'héritier désigné par
Franco en 1969.
La "transition démocratique"
On eut droit, ainsi, en réponse aux
manifestations massives pour les
libertés, à une réconciliation nationale,
pur produit de la démagogie franquiste
et de la propagande stalinienne, à la loi
d'amnistie, effaçant ainsi les crimes et
assassinats, environ 100 000 perpétrés
sous la dictature de 1939 à 1975. Sans
oublier ceux commis pendant la guerre
civile par les staliniens contre les militants
de la CNT et du POUM, contre les
révolutionnaires partisans de l'abolition
du capitalisme, des crimes, aujourd'hui
encore non élucidés et impunis. Parmi
ces combattants : Andreu Nin, dirigeant
du POUM torturé, exécuté dans une prison
secrète stalinienne, Camilo Berneri,
militant anarchiste italien, retrouvé
assassiné au lendemain des journées
de mai 1937 à Barcelone.
De nouvelles menaces
Aujourd'hui, la bourgeoisie et ses
agents dans le mouvement ouvrier préparent
une nouvelle réforme du marché du travail annonçant les pires mesures
contre le prolétariat, alors que l'on
compte officiellement plus de 20% de
chômeurs - plus d'un million de chômeurs
de plus de 45 ans, un million trois
cent mille foyers sans aucune ressource
-, une multitude de travailleurs qui ne
perçoivent plus leur salaire depuis des
mois et le gouvernement Zapatero
annonce d'ores et déjà le démantèlement démantèlement
du régime de retraite, de nouvelles
attaques contre les conventions collectives
et la remise en cause de la santé
gratuite. Le combat pour que justice
soit rendue aux victimes du franquisme
ne va pas faciliter leur sale besogne.
Quelle justice ?
Rendre justice aux victimes du franquisme,
comme le prétend le juge
Garzon, lui importe-t-il ? On est en droit
de lui poser la question : pourquoi alors
qu'il faisait partie du gouvernement de
Felipe Gonzalez n'engagea-t-il pas
des poursuites judiciaires contre
les crimes franquistes ? Bien sûr,
pour cela il aurait d'abord dû désavouer
toute la politique de collaboration
avec les franquistes de tout
poil, en commençant par cette loi
d'amnistie pierre de touche de la
monarchie héritière du franquisme.
Bien entendu, poser ces légitimes
questions ne nous empêche pas de
demander, cela va de soi, la levée
immédiate de son inculpation.
Oui, il faut rendre justice aux victimes
du franquisme, aux 160 000
disparus enterrés dans des fosses
communes, aux plus de 30 000
enfants volés à leur famille. Il faut
poursuivre les coupables dont certains
sont encore vivants et exiger
l'abrogation de la loi d'amnistie.
Il faut rendre justice aux victimes
du franquisme et cela passe par la rupture
avec la monarchie dans le combat
pour la République, par la reconnaissance
du droit à l'autodétermination des
nationalités, par l'instauration véritable
de la séparation des Eglises et de l'Etat.
Domingo Blaya avec Elie Cofinhal
01 mai 2010
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