La monarchie dans le collimateur

Etat espagnolLes élections aux Cortés ont amplifié la débâcle du parti socialiste. Le gouvernement Zapatero paye ainsi dans les urnes sa soumission
aux diktats de l'Union Européenne. Mais ce n'est pas, loin s'en faut, à une victoire de la bourgeoisie et de sa principale
représentation politique dans l'Etat espagnol, le Parti Populaire, cette formation issue du franquisme, que nous assistons. Bien
au contraire, c'est une politique anti ouvrière et toute tournée contre la jeunesse qui a été sanctionnée par les travailleurs.
Le PP ne fait que répéter, à
quelques voix près le score qu'il
avait obtenu avec Aznar lors de
sa première victoire à la Pyrrhus, en
1996, alors que le PSOE, lui, perd quatre
millions et demi de voix, le laissant en
plein désarroi quant à son avenir. Le
reste des voix se répartisse entre l'abstention,
les nuls et les blancs ou s'éparpillent
entre de petites formations
nationalistes ou régionalistes. Izquierda
Unida ne parvient même pas à égaler
son score électoral de 1996, obtenu
grâce à la "pince", cette alliance aux
relents staliniens passée avec le
PP, afin de battre les socialistes,
ce que la classe ouvrière n'a pas
oublié, avec onze élus, au parlement
croupion espagnol, cette formation
hétéroclite dirigée par le
Parti Communiste espagnol reste
la force d'appoint nécessaire au
maintien de la Monarchie.
S'agissant des nationalistes catalans
ou basques, de CIU, PNV et
Amaiur, ils s'érigent tous en forces
d'appoint essentielles pour
conduire la politique d'unité nationale
dont la royauté a un pressant
besoin. Les masques sont tombés
et la réalité politique s'impose. La
presse espagnole souligne cet appui
avec la photographie du dirigeant
d'Amaiur serrant la main du monarque
et saluant "Sa Majesté" lors de l'acte
d'allégeance au Roi des députés.

Union nationale autour du
monarque



Car c'est bien là le sens des déclarations
des dirigeants de toutes les formations
politiques et syndicales, en commençant
par le PP et le PSOE qui ont
formé au lendemain des élections un
comité de passation du pouvoir bipartite,
chargé de réaliser la convergence de
leur politique à travers des mesures scélérates toutes dirigées contre les travailleurs,
en application rigoureuses des
directives de l'Union Européenne et du
FMI. Il s'agit là de la mise en oeuvre de
nouvelles agressions contre les travailleurs
au nom de la réduction de la
dette publique, dans la continuité de ce
que le gouvernement Zapatero avait
déjà commencé à faire avec la réformes
des retraites, prolongeant l'âge de
départ à 67 ans et les annuités requises
pour une retraite à taux plein, ou la
réforme de la Constitution de 1979
instaurant la "règle d'or" budgétaire qui limite le déficit du budget de l'Etat, prétexte pour d'autres plans de rigueurs
contre la classe ouvrière.

Les objectifs de Rajoy



La prochaine charrette de mesures
anti-ouvrières que le gouvernement de
Mariano Rajoy s'apprête à lancer
concerne la réforme du travail modifiant
les conventions collectives dans le but
d'éliminer les conventions sectorielles
et territoriales et réduisant celles-ci aux
seules conventions d'entreprise.
Jusqu'ici les dirigeants de l'UGT et des
CC.OO ont pu empêcher la mobilisation
des travailleurs, mais jusqu'à quand ?


Car la crise économique met à l'ordre
du jour la grève générale contre la liquidation
des acquis sociaux qui se sont
traduits dans toutes les autonomies par
des baisses de salaires et des licenciements
dans la fonction publique, comme
en Catalogne où on ferme des hôpitaux
et à Madrid, où des milliers d'enseignants
sont menacés de licenciements.
Encouragés par la trahison des dirigeants
syndicaux les patrons menacent,
exigeant une gestion privée des
services publics, le licenciement des
fonctionnaires ou l'instauration d'un
salaire minimum pour les jeunes
de 400 euros.

Vers une crise de régime



Pendant ce temps la corruption
fait rage et après les affaires mettant
en cause plusieurs élus du PP
de la mairie de Valence, c'est la
monarchie, elle même qui est
dans le collimateur. La famille
royale mise en examen pour une
affaire de détournement de fonds
et de fausses factures oblige la
monarchie héritière du franquisme
à monter sur le devant de la scène,
plus affaiblie que jamais par la
déroute de son principal soutien, le Parti
Socialiste. Comme le souligne "El
Païs" : "La défaite du PSOE inquiète le
PP de Rajoy qui y voit le péril d'un mouvement
de protestation généralisé de la
population gonfler peu à peu". La classe
ouvrière, elle n'est pas disposée à
accepter une baisse de son niveau de
vie et elle ripostera par la lutte de classes,
à un gouvernement et à un régime
en plein désarroi, déconcertés par la crise
de surproduction capitaliste et rongés
par la corruption.


Domingo Blaya, 17 décembre 2011.
Modifié le mercredi 28 décembre 2011
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