Troupes françaises : dehors !

Côte d'IvoireDepuis le 19 septembre dernier, la Côte d'Ivoire vit dans une situation de crise politique à la suite du soulèvement d'officiers chassés de l'armée il y a deux ans et dont le slogan essentiel est " Gbagbo dehors " . Première analyse.Cette ancienne colonie a toujours été considérée comme la plus riche d'Afrique de l'Ouest par l'impérialisme français. 20 000 français y vivent, ce qui est un record absolu pour tout le continent. l'électricité et l'eau sont aux mains du groupe Bouygues, les transports de marchandises sont détenus par le Groupe Bolloré, la Générale sucrière et ses succédanés y sont présents, tout comme les géants des Télécommunications. La Côte d'Ivoire est le premier producteur de cacao, dans les cinq premiers pour le café, etc... Sa production de bois est la première de l'ex-Afrique Occidentale française .

Dans le domaine reservé

Un tel pactole valait bien l'attention des gouvernements de la Vème république. La " françafrique " avec ses réseaux de barbouzes, ses ambassadeurs itinérants du gaullisme et du post-gaullisme mâtinés de mitterrandisme, ont toujours sévi avec un zèle particulier dans cette ex-colonie. Il est bon de savoir qu'au temps de Houphouët-Boigny, un accord tacite existait entre plusieurs planteurs de cacao et de café d'une part, le dictateur de l'autre, parce que celui-ci avait créé la STABEX, une caisse de stabilisation des prix, qui assurait un revenu jugé correct par les intéressés quel que soit l'état des cours du cacao ou du café à la Bourse. Il convient de préciser que les producteurs en question ne sont pas des paysans pauvres mais de gros propriétaires terriens. Ce bel édifice s'est effondré à la mort du despote, et ses successeurs ont dû plier devant les injonctions du FMI et de la Banque Mondiale. La caisse de stabilisation a été démantelée et le peuple ivoirien a essuyé un très rude coup avec la dévaluation de franc CFA décidée par Balladur en janvier 1994, les prix ayant été multipliés par cinq du jour au lendemain. Les produits de base ont cessé d'être accessibles aux ivoiriens moyens, cependant que la terre faisait l'objet de disputes entre les autochtones et les immigrés venus du nord de la Côte d'Ivoire et surtout du Burkina-Fasso et du Mali.

" l'ivoirité ", une invention pour diviser et regner

Konan Bédié, successeur d'Houphouët-Boigny, a lancé le dangereux concept " d'ivoirité ", décrétant que " les gens du nord " n'étaient pas tous ivoiriens et que les terres concédées aux ouvriers agricoles du Sahel venus gagner leur vie n'avaient pas vocation à devenir leur propriété. Ainsi a été introduit le virus éthniciste qui avait jusqu'alors totalement épargné la Côte d'Ivoire. Laurent Gbagbo, président depuis deux ans, membre du FPI (front populaire ivoirien) et de la IIème internationale a repris le thème de l'ivoirité à seule fin de barrer la route à un prétendant, ancien fonctionnaire du FMI, Allassane Ouattara, accusé d'être burkinabé. Ouattara profite de son appartenance ethnique daoulé pour construire un électorat favorable chez les habitants du nord du pays, qu'il oppose aux partisans de l'ivoirité essentiellement regroupés dans le sud.

La situation s'est précipitée avec le coup d'Etat parti de " nulle part ". l'ex-putchiste et ex-président Queï a été assassiné par des gendarmes fidèles à Gbagbo le jour même, ainsi que toute sa famille. Etait-il auteur de ce coup d'Etat ? S'agit-il d'un règlement de comptes auquel Gbagbo aurait jugé opportun de procéder, vu les circonstances ? Il est impossible, en l'état actuel des informations, de le dire. Il est sûr, par contre, que les mutins ont, dans leur direction, des militaires radiés de l'armée en 2000, après un putsch manqué, et une majorité de nordistes, avec un Q.G. au Burkina-Fasso que le président accuse de vouloir déstabiliser la Côte d'Ivoire. S'ajoutent à ces mutins, des mercenaires ayant exécuté leurs basses oeuvres dans les guerres civiles récentes au Liberia et à Sierra Leone et qui se retrouvent sans travail.

l'oeuvre de l'impérialisme

La Côte d'Ivoire est coupée en deux, avec le nord et une partie de l'ouest aux mains des rebelles et l'armée française en " tampon ", au sud de Bouaké.
Il est clair que l'Elysée a peu de sympathie pour le président Gbagbo. Quant aux Etats-Unis, Ouattara a leur oreille.

Aucune issue n'est exclue à ce jour de fin octobre. Assistons-nous à un nouvel épisode, par factions interposées, de la rivalité que se mènent les USA et la France pour le contrôle des richesses africaines ? S'agit-il plus simplement d'un règlement de comptes interne entre diffrérents clans d'une armée ivoirienne en pleine décomposition, dans un pays et un continent lui-même en décomposition du fait de la rapacité du FMI ? l'avenir proche nous le dira.

Il reste que tous ceux qui ont inventé le concept réactionnaire et absurde d' " ivoirité " portent une lourde responsabilité dans la situation de chaos.
Il reste aussi qu'il appartient aux démocrates et au mouvement ouvrier international d'exiger le respect d'un principe élémentaire bafoué par l'impérialisme français et US :

Droit du peuple ivoirien à disposer de son sort
Troupes françaises, troupes US hors de Côte d'Ivoire et d'Afrique.

Modifié le jeudi 23 juin 2005
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