Cachan : le révélateur

Conseiller municipal : Daniel Petri | Comité Chômeurs-Salariés d'Alfortvillel'expulsion-rafle des occupants du bâtiment F de la résidence universitaire de Cachan (94) le 18 août dernier aura agi comme un révélateur. Révélateur des ravages de la politique du logement. Révélateur de la répression qui frappe les familles privées d'un titre de séjour. Révélateur, même si on en parle moins, de l'attitude de certains élus de gauche à l'égard des familles privées d'un logement digne de ce nom. Révélateur, enfin, de l'indignation de la population qui n'accepte pas le sort que réserve le gouvernement à ces familles.Le bâtiment F de la résidence universitaire de Cachan est voué à la démolition. En 2003, des familles sans logis s'y installent. Le 16 avril 2004, un jugement ordonne leur expulsion. Le 18 août dernier, 900 policiers sont mobilisés pour cette opération Kärcher à Cachan. Sur le champ, des sans-papiers sont interpellés et conduits dans les camps de rétention, tandis qu'une autre partie des familles est dirigée vers des hôtels éloignés de tout, confinés dans des chambres où il est impossible de faire la cuisine. Le surlendemain, Sarkozy fait évacuer les abords de la cité universitaire où des familles expulsées campent. La charge policière est violente, plusieurs personnes sont blessées, dont un nourrisson. À la suite de ces exactions, les expulsés s'installent dans un gymnase de Cachan.

" Risques majeurs "

À en croire le Préfet du Val-de-Marne, l'expulsion était nécessaire parce que l'immeuble présentait des " risques majeurs " en matière d'incendie, de saturnisme et d'amiante.

Cruelle ironie du sort, ce 20 août, une maison vétuste de Roubaix prend feu. Bilan : 6 morts. Le " risque majeur d'incendie " existait puisqu'un départ de feu s'était déjà produit quelques mois auparavant. Les autorités connaissaient les conditions d'hébergement des locataires de cette bâtisse en brique rouge : des piaules de 9 m2. Ainsi, des propriétaires peu scrupuleux achètent des maisons et les divisent en chambre, avec les " risques majeurs d'incendie " que l'on sait. Mais là, pas d'arrêté municipal ou préfectoral interdisant d'habiter ces bâtiments.

le lâche soulagement

Ce 18 août, lorsque l'expulsion-rafle à Cachan s'accomplit, le maire PS de cette ville, Jean-Yves Le Bouillonnec, ne cache pas son soulagement devant la presse. " J'étais parfaitement conscient que les choses allaient se régler comme ça " dira-t-il aux journalistes. Dès avant, il a rédigé un communiqué : " Le Préfet du Val-de-Marne et le Recteur de l'Académie de Créteil viennent d'annoncer les modalités, par eux retenues, pour assurer la libération du bâtiment F et rendre ainsi possible sa démolition [...].Jean-Yves Le Bouillonnec [...] se félicite donc de l'engagement, par les autorités compétentes, d'initiatives indispensables pour mettre un terme à cette situation et permettre au campus d être replacé dans des conditions d'organisation et de fonctionnement conformes à sa vocation. "

En ces termes, le Maire de Cachan applaudissait la décision préfectorale de chasser les mal-logés du site universitaire. Dès septembre 2003, précise ce communiqué, l'édile avait adressé à la préfecture un rapport de constat d'insalubrité des lieux. Or, si ce maire avait été sincèrement déterminé à combattre l'insalubrité du bâtiment F, il aurait pu prendre un arrêté de péril obligeant les propriétaires (c'est-à-dire l'État) à faire les travaux de réfection nécessaires pour supprimer les risques, il aurait pu réquisitionner et réhabiliter ce bâtiment.

l'attitude de ce maire n'est pas sans rappeler celle de son camarade Rouquet, maire d'Alfortville, qui a fait expulser de manière similaire et anticipée d'un an les familles alfortvillaises mal-logées ou sans logis qui avaient réquisitionné, avec le CCSA, la résidence pour personnes âgées Grünebaum-Ballin, toujours vide un an après cette évacuation.

Solidarité croissante

Symboliquement, les footballeurs de l'équipe de France, Lilian Thuram et Patrick Vieira, ont adressé 70 invitations aux personnes hébergées dans le gymnase de Cachan pour assister au match France-Italie, le 6 septembre. Entre autres artistes, Josiane Balasko affirme sa solidarité avec les expulsés de Cachan. Ces gestes illustrent à leur manière la solidarité croissante de la population avec les sans-papiers et les mal-logés et le rejet des expulsions.

Ce qu'il faut, c'est un toit, un bail en HLM pour tous, c'est la réquisition immédiate des 400 000 logements vides en région parisienne, c'est la régularisation sans condition de tous les sans-papiers.
Modifié le mercredi 13 septembre 2006
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