Qui nous représente ?

Qui nous représente ?

Nous sommes, en ce moment même, saturés d’informations et de prévisions sur les prochaines présidentielles. Nous serions tentés de dire : « n’en parlons pas ! ». La vraie actualité est ailleurs : dans la révolte des travailleurs hospitaliers, dans la vie quotidienne de millions de travailleurs précaires et pauvres, au fond de cette crise du logement qui profite aux spéculateurs immobiliers et aux marchands de sommeil, dans la trame des plans de licenciement sans fin. Les élections qui viennent ne sont en rien un enjeu pour les salariés, les jeunes, les chômeurs, les retraités et leurs familles. Bien malin serait celui qui pourrait prédire ce qui va se passer dans les prochains mois ou les prochaines semaines. Une sorte de chaos politique s’est emparé de tous les partis, de toutes les institutions. Ainsi, après les confidences de Hollande, Valls craque et livre sa « honte » et sa « colère ». Ségolène Royal, perfidement, lâche : François Hollande « doit s’expliquer » et « personne n’est candidat naturel ».

Il en est pourtant un qui se veut « naturel » et qui entend incarner « l’insoumission » : Mélenchon. Il est tellement « nature » qu’il est applaudi par … Brigitte Bardot : « Déjà, il ne mange plus de viande et il ne supporte plus des images comme on a pu les voir... Donc, Mélenchon, bravo ! Moi, j'applaudis ». Mélenchon ? Parlons-en au contraire ! Il se targue de représenter les salariés, les jeunes et les syndicalistes qui se sont dressés pour le retrait de la loi El Khomri, mais aussi toutes celles et tous ceux qui veulent en finir avec le régime de la Ve République. Sans revenir sur son sulfureux passé d’apparatchik, sénateur et ministre, nous ne devons pas hésiter une seconde à contrer sa politique présente. Ce candidat ne représente pas plus les travailleurs, leurs besoins et aspirations que Clinton ne représentait la classe ouvrière des USA. Tout ce qu’il peut dire sonne faux. À commencer par ses envolées sur une assemblée constituante qui serait, non pas élue mais dont les membres seraient …Tirés au sort ! Par qui ? Par la Française des jeux, peut-être ! Pure politique-fiction, à l’instar de sa VIe République, énième tentative de replâtrage du régime en chute libre. Cet « insoumis » nous a été imposé en dehors du mouvement ouvrier et démocratique. Et, après avoir tenu des propos rageusement xénophobes contre les travailleurs détachés, ce faux rebelle se sent la fibre sécuritaire. Maniant à la perfection l’art de la duplicité et de l’ambiguïté, Mélenchon dit : « On peut choisir de voter pour la solution d'extrême-droite dans la police et dans l'armée comme on le fait dans toute la société, mais je veux qu'on sache qu'on peut aussi choisir l'extrême République que j'incarne », en s’affirmant comme un « point d’appui », avant d’ajouter qu’il a trop souffert (le pauvre !) : « trop souffert qu'on laisse croire que nous serions ceux qui sont les désinvoltes sur ces questions, ce n'est pas vrai, c'est le contraire, c'est nous les plus sérieux » . Ici, nulle trace de défense des droits fondamentaux des salariés et de la population pauvre, nulle trace d’un combat démocratique quelconque pour la levée définitive de l’état d’urgence que Mélenchon adoube, de fait, par ses déclarations sécuritaires. Nous militons donc aussi contre toute soumission à … « La France insoumise » et à son « Tribun, d’abord ». À ces élections, personne ne nous représente ! Mélenchon ? Pas en notre nom !

Qu’il nous soit permis de rappeler ces quelques mots de Marx : « le prolétariat, qui ne veut pas se laisser traiter en canaille, a besoin de son courage, du sentiment de sa dignité, de sa fierté et de son esprit d’indépendance beaucoup plus encore que de son pain.»

Wladimir Susanj,
15-11-2016

Modifié le jeudi 17 novembre 2016
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