Immense victoire !

EditorialMercredi 12 avril, les députés de l'UMP et de l'UDF ont donc adopté la proposition de loi sur " l'accès des jeunes à la vie active en entreprise ", destinée à remplacer l'article 8 de la loi sur " l'égalité des chances ", autrement dit le Contrat première embauche. Et c'est ainsi qu'au bout de deux mois de grève dans les facultés et lycées, de manifestations historiques dans tout le pays, le CPE est mort et enterré.

Certes, certes, il reste encore le CNE, frère jumeau du CPE ; bien sûr, la loi prétendue " d'égalité des chances " n'a pas été retirée ; l'apprentissage dès 14 ans, le travail de nuit des enfants à partir de 15 ans sont des mesures barbares qui nous rejettent un siècle en arrière, certes, certes. Mais seuls des Martiens ou des esprits chagrins ne comprendraient pas que la mort du CPE est une victoire considérable de la jeunesse et des salariés.

C'est d'abord une victoire écrasante contre le gouvernement Chirac-Villepin, sans oublier Sarkozy, qui ne s'en sort pas si indemne que les médias veulent bien le dire. Les jeunes n'oublieront pas que c'est lui qui a procédé à la répression des manifestants, traînant des étudiants par dizaines devant les tribunaux, comme à Grenoble ou à Rennes, pendant qu'il a laissé complaisamment les casseurs, les vrais, les lumpen voleurs de portables et de sacs à main, fondre sur les lycéens comme des vautours.

C'est une victoire par K.O. de la jeunesse contre un gouvernement qu'on nous présentait comme inflexible. C'est une victoire de la mobilisation unie de la jeunesse, organisée à travers ses assemblées générales et ses piquets de grève. Et c'est aussi une victoire de la jeunesse qui a contraint les organisations syndicales de salariés à l'unité sur un seul mot d'ordre : " retrait du CNE-CPE ! " alors que le CNE était passé dans une quasi-indifférence des confédérations et la totale passivité des partis de la gauche parlementaire. C'est une victoire de la jeunesse et des salariés ainsi que de leurs familles qui sont descendus dans la rue toujours plus nombreux pour affirmer leur solidarité, jusqu'à atteindre des chiffres historiques le 28 mars et le 4 avril.

La preuve est faite, une fois de plus, que la mobilisation unie des jeunes, des salariés et de leurs organisations permet de gagner. En refusant de devenir, par le biais du CPE, des sous-prolétaires, les jeunes ont défendu l'ensemble des salariés et ceux-ci l'ont parfaitement compris.

Il reste que les confédérations syndicales sont restées sourdes quand la coordination étudiante et lycéenne leur a demandé à plusieurs reprises d'appeler les salariés du public et du privé à la grève générale, au prétexte désormais bien connu que " les travailleurs ne sont pas prêts ". Trois millions de manifestants, deux fois de suite, des sondages écrasants contre le CPE ne suffisent pas à prouver à nos dirigeants que les salariés sont plus que prêts. Que leur faut-il ? Ils pourraient même dire aujourd'hui cyniquement qu'il n'y a pas eu besoin de grève générale pour faire céder Villepin. Qu'ils prennent garde à ce genre d'arguties : il y a eu grève générale pendant deux mois, mais uniquement des étudiants et lycéens, avec le soutien évident des travailleurs. Comment ne pas comprendre alors que la grève générale public-privé aurait été le meilleur soutien à la jeunesse, aurait permis de vaincre en quelques jours un gouvernement aux abois et aurait certainement pu atteindre les autres objectifs aujourd'hui en suspens. C'est pourquoi il faut saluer l'immense victoire de la jeunesse qui, au compte de la classe ouvrière tout entière et avec sa complicité, a rompu avec éclat le processus des défaites sur la Sécu, les retraites et la décentralisation dans lequel nous ont entraînés les confédérations. Une page est tournée. Les travailleurs sauront en tirer les enseignements.
Modifié le lundi 17 avril 2006
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