Haro sur le baudet du Poitou

Editorial Parlant de Raffarin dans un entretien au Parisien du 6 septembre, Jean-Louis Debré, ami personnel de Chirac, remporte incontestablement la palme du faux-cul en déclarant : "Quand il s'en ira, il pourra être fier de son bilan". Façon de dire qu'il est déjà un pied hors de Matignon et que l'autre va bientôt le rejoindre. Cette manière de frapper un homme à terre est significative de la crise abyssale du régime de la Vème République. Après trois déculottées électorales successives, la "majorité" UMP et Chirac ne savent plus à quel saint se vouer. Et l'UMP se jette ainsi dans les bras du premier venu, pourvu qu'il ait un sourire carnassier et un regard de prédateur des Carpates. En retour, Sarkozy-Moïse promet des miracles à une droite éperdue qui est prête à se laisser bercer par les sirènes du ministre des finances qui leur affirme qu'il va refonder la droite.

Le journal patronal Les Echos du lundi 6 septembre rappelle ainsi que Sarkozy a esquissé à Avoriaz un "nouveau projet social " "alliant flexibilité et droits nouveaux". Côté flexibilité et droits nouveaux, les salariés des entreprises privatisées dont ceux de France Télécom savent à quoi s'en tenir. A droite, tous se prosternent devant leur nouveau gourou qui veut ouvrir leurs chacras et exorciser ainsi leur peur que s'engouffrent dans le vide politique les salariés, les chômeurs, les retraités et les jeunes. Et Chirac, conscient de ce plébiscite pour son ancien ennemi est bien obligé de composer et de soutenir en fin de compte un Sarkozy qui veut les clés de l'UMP pour se préparer ensuite à lui chiper sa place. Spectacle pitoyable d'un Raffarin, obligé d'aller à l'université d'été de l'UMP à Avoriaz pour déclarer les yeux baissés que Sarkozy était " son candidat préféré" après avoir essayé pendant des mois (et sur directive de Chirac) de semer sur la route de Sarkozy des peaux de bananes et mines diverses. Comme le fait remarquer Le Parisien : "cela n'a pas empêché durant son discours, une salle cruelle... de se vider". Et le bon copain Jean-Louis Debré de s'esclaffer : " Son candidat préféré ? Première nouvelle". Le quotidien Le Monde, journal qui aime l'ordre, surtout quand il est bourgeois, ne cache pas son inquiétude. Son éditorial du 7 septembre se conclut ainsi : " La France mérite mieux que cette déplorable comédie d'un pouvoir tiré à hue et à dia, sans cap ni autorité, paralysé par la rivalité de ses chefs. La responsabilité d'y mettre un terme appartient à Jacques Chirac. Y- est-il prêt ? l'on peut légitimement en douter (...) l'intérêt du pays impose une nouvelle donne gouvernementale". C'est vrai. Mais quelle nouvelle donne ? Trois défaites électorales, une population majoritairement hostile aux "réformes", refusant bas salaires, délocalisations et chômage, voilà le problème. Le problème pour Raffarin, mort politique en sursis, victime de l'acharnement de ses pairs. Le problème pour Chirac, aux abois, flanqué d'une droite discréditée et illégitime. Le problème pour Sarkozy-Rastignac qui brille parce qu'au royaume des aveugles, le borgne est roi. Un Sarkozy dont on peut déjà dire de lui qu'il est né trop jeune dans un monde de la Vème République trop vieux.
Modifié le samedi 18 juin 2005
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