De la présomption d'innocence
Editoriall'affaire d'Outreau prouve qu'il y a quelque chose de pourri au royaume de France. Voilà donc un jeune juge d'instruction qui envoie en prison 14 innocents pendant trois ans, qui a détruit des familles entières, mis des enfants à la DASS, sali l'honneur d'êtres humains et qui déclare devant la commission d'enquête parlementaire avoir fait son travail " honnêtement ", avec peut-être des " erreurs d'appréciation, mais qui n'en fait pas ". Pas un mot de regret ni d'excuse pour les innocents qu'il a crucifiés. Rappelons que l'un d'entre eux, François Mourmand, s'est suicidé en prison ...On le plaindrait presque, à le voir tremblotant, hésitant, blême et pathétique. Mais les inculpés se chargent de remettre les pendules à l'heure : " Pendant l'instruction il jouait le dur, maintenant il joue le gentil quand il dit qu'il est ému pour nous et pour nos familles. C'est se foutre de nous ", a déclaré Daniel Legrand fils, à la suite de l'audition par la commission d'enquête. Les avocats de la défense, comme maître Philippe Lescène, avocat de Sandrine Lavier, ont, eux aussi remis en cause le système de défense du juge Burgaud : " Il a dit des choses qui ne correspondent pas à la réalité de l'instruction ".
Le juge Burgaud croyait tenir l'affaire de sa carrière et une fulgurante promotion, voilà la réalité. Assurément, il passera à la postérité, mais à quel titre !
Il a cependant raison lorsqu'il affirme : " Personne ne m'a dit que je faisais fausse route ". Se lamentant sur sa solitude de juge d'instruction, il n'oublie pas cependant de balancer publiquement le procureur de la République du Tribunal de Grande Instance de Boulogne-sur-Mer, Gérard Lesigne, le procureur de Douai, Jean-Amédée Lathoud, et la chambre de l'instruction dans un dossier auquel plus de ... 60 magistrats ont eu accès.
60 magistrats, pas moins. Difficile alors de tout mettre sur le dos du juge Burgaud, même si sa propre responsabilité est flagrante, pitoyable, honteuse.
Difficile aussi de tout mettre sur le dos de la jeunesse du juge Burgaud et de son inexpérience, comme on l'a lu et entendu ici ou là.
Ainsi, Gérard Lesigne, procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, est un homme mûr et pétri d'expérience puisqu'il a plus de 50 ans. Comme le décrit le quotidien Sud-Ouest du 10 février, les membres de la commission d'enquête parlementaire avaient, avec Gérard Lesigne, " devant eux un authentique premier de la classe, l'esprit en éveil, la parole déliée, se disant désormais convaincu de l'innocence des acquittés ", après pourtant avoir requis contre eux six condamnations.
Un malin et un roi de l'euphémisme, ce procureur. Les témoignages des enfants ? " Un déficit de véracité ", qu'il s'est bien gardé de vérifier.
Pourquoi a-t-il requis, en s'appuyant sur des témoignages erronés, le maintien en détention des gens finalement acquittés ? Au lieu de reconnaître son erreur manifeste, il préfère dire : " Il s'agissait d'une sémantique inappropriée ". Problème de sémantique aussi sans doute lorsqu'il laisse croire, contre les conclusions de l'enquête policière, à l'existence d'une piste belge.
60 magistrats ont eu accès à ce dossier. Pas un pour arrêter cette machine à broyer, pas un pour rappeler le principe sacré de la présomption d'innocence inscrit dans la loi et dans la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 dans son article 9 : " Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi ". Il y a bien quelque chose de pourri ...
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