D'Austerlitz à Waterloo
Editorial Le premier et principal enseignement de ce premier tour, c'est, bien sûr, la déroute du bloc UMP-UDF et du gouvernement Chirac-Raffarin. Ce verdict-là est net et sans bavure, sans appel. Les partis de l'actuel gouvernement totalisent moins de 35% des suffrages exprimés."Sévère défaite", "sanction", les médias n'y vont pas par quatre chemins pour annoncer cette gifle magistrale infligée par les masses au gouvernement sur le terrain, ô combien déformé, des élections. La lucidité médiatique s'arrête là. Le soi-disant extraordinaire recul des abstentions décrit par les mêmes commentateurs ne gommera pas les 38% d'abstentions enregistrées à ces élections régionales, encore accentués aux cantonales. Comparons ce qui est comparable. Par rapport aux élections régionales et cantonales de 1998, l'abstention, tout en restant très forte, a reculé de 3,5%. Cette fraction très réduite d'abstentionnistes de 1998 s'est portée sur ce qu'il est convenu d'appeler la gauche qui, compte tenu de la dureté des coups portés par l'actuel gouvernement, pouvait apparaître pour un "moindre mal" à l'électeur.
Cela étant, la dite gauche n'a aucune raison de pavoiser : 24% des inscrits soit 40% des "exprimés". Il n'y a pas eu le moindre raz-de-marée pour l'ex "gauche plurielle". C'est la droite, et tout particulièrement l'UMP qui s'est effondrée. Nuance de taille à l'heure des bilans. Quant à la prétendue "remontée" du PCF, à quoi tient-elle donc ? Aux régionales 98, le PC s'était fondu dans les listes "gauche plurielle" aux ordres du gouvernement Jospin. En revanche, il avait fait acte de présence aux cantonales et si l'on se hasarde à comparer les résultats des candidats PCF aux cantonales 98 par rapport aux cantonales 2004, ils sont trois fois sur quatre en chute libre. Tant et si mal que le PCF va perdre la direction du conseil général de la Seine-Saint-Denis, qui était avec celui du Val-de-Marne un de ses derniers bastions historiques.
Du côté de l'extrême droite, c'est en quelque sorte un match nul. Elle reconduit, sans plus, ses "scores" de 1998. Ne nous avait-on pas annoncé une percée de Le Pen ? Bien entendu, l'enracinement de l'électorat de l'extrême droite est toujours de trop mais c'est une sorte de piétinement sur place depuis plus de dix ans, montrant que le FN est un parasite qui se nourrit d'abord de la décomposition des partis de droite de la Vème République. Et donc de l'UMP au premier chef, qui est le parti des "affaires", de la corruption et des réformes anti-ouvrières.
Reste l'extrême gauche présentée officiellement comme la grande perdante de ce scrutin. Ah bon ? LO et LCR sont pourtant la seule force électorale à progresser en pourcentage et en voix par rapport à 98. La progression de 4,2 à 4,6 peut sembler modeste, à condition d'oublier que le PCF ne s'était pas présenté aux régionales en 1998 et que dans sa quête de voix, Marie Georges Buffet fut obligée de déclarer : "Le constat des dégâts capitalistes me rapproche effectivement d'Arlette Laguiller. Il faut qu'il y ait un rassemblement politique pour lutter contre le gouvernement en place.". A condition aussi de perdre de vue que la modification du mode de scrutin instaurant le seuil de 10% pour le second tour handicapait dès le départ ces listes. C'était d'ailleurs un des buts recherchés.
J'étais sur la liste aux régionales Ile-de-France de LO-LCR et notre organisation, qui a soutenu ces listes LO-LCR pour un plan d'urgence contre le chômage, la précarité et la misère se félicite de la gifle retentissante donnée au gouvernement Chirac- Raffarin. Elle se félicite tout autant des résultats obtenus ainsi que de l'espoir incontestable que ces listes unitaires ont suscité parmi les salariés, les femmes travailleuses, les chômeurs, les retraités et les jeunes. Les réunions publiques massives en témoignent. Elle partage la position arrêtée pour le second tour consistant à refuser de donner la moindre consigne de vote. Sur le terrain électoral comme sur le reste de la lutte de classes, rien n'est réglé. Bien au contraire. En finir avec Chirac-Raffarin, voilà l'objectif désormais devant nous. Et il est à portée de main.
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