Claude Monnier (1929-2017), militant ouvrier internationaliste

Claude Monnier, vieux militant trotskyste a mis fin à ses jours le 14 mars, à l’âge de 88 ans. Il est l’un des derniers, sinon le dernier de la cinquantaine de militants qui, en 1958, était de ceux qui avaient refusé la liquidation de la IVe Internationale et de sa section française, le PCI , par Michel Pablo, Ernest Mandel et Pierre Franck. Nous avions avec ce vétéran de la IVe Internationale des contacts fraternels et chaleureux.

Claude Monnier (1929-2017), militant ouvrier internationaliste

Né en 1929 dans une famille ouvrière, Claude Monnier a fait partie de cette génération de militants ouvriers confrontés au stalinisme, alors à son zénith. Travailleur chez Renault, il participe à la grande grève qui aboutit au renvoi contraint et forcé des ministres PCF du gouvernement en mai 1947. Engagé dans la lutte anticolonialiste au moment de la guerre d’Algérie, travailleur à la RATP après avoir quitté Renault, Claude Monnier n’a cessé de militer.

En août 2011, il a répondu à une sollicitation de Pedro Carrasquedo qui lui demandait sa biographie pour le Maitron par le texte ci-dessous :

« Salut, Je n'ai pas un parcours glorieux à étaler et j'ai des difficultés avec ma mémoire.

Rentré chez Renault en 1947 comme OS (ouvrier à tout faire) et c'est en 1948 au moment des grèves, que j'ai rencontré les trotskystes si ma mémoire ne confond pas les mois.

Avec Daniel Renard et ses camarades

Je travaillais dans l'atelier de Daniel Renard, en sa compagnie j'ai fait ma première grève avec occupation de l'usine, là j'ai rencontré : Jo Crétier ; Henri Perrin, Henri Barratier.

J'ai adhéré au PCI et la 1ere cellule s'agrandit avec le camarade Trupin et Goutfangeas. L'adversité des ouvriers envers les trotskistes fit que je fus muté pour incompétence dans un atelier de production à la chaîne des boîtes de vitesses de la 4CV.

J'ai quitté Renault en 1953 pour aller en centre de formation d'adulte fraiseur. Renault n'a jamais voulu me rembaucher.

Prison pour anticolonialisme

J'ai vadrouillé dans 2 petites usines ou je doutais de ma valeur professionnelle, puis chez Panhard et ensuite chez Breguet turbine ou je me suis blessé. Pendant cet arrêt de travail, Renard est venu me chercher pour être le garde du corps de Belladi Lamine et Bensid, deux algériens du MNA. Je fus arrêté à Creil avec D. Renard en revenant d'accompagner Belladi dans sa planque. C’était en Novembre 1957.
Je fis un mois de prison à Compiègne.

A ma sortie de prison j'ai été embauché pour être le chauffeur de Belladi jusqu'au jour où Messali Hadj a déclaré qu'il était content que De Gaulle revienne au pouvoir

A partir de ce jour, je quittais ma fonction et devais chercher un emploi.

Ne voulant plus être en industrie, j'ai fait le livreur dans une petite maison de dépôt de biscuit Stéréo.

J'ai quitté cette boîte pour passer mon permis, viré pour incompétence. J'ai posé ma candidature à la RATP comme chauffeur de bus en 1958.

Avec Stéphane Just

Après une formation d'un an je fus chauffeur de bus au dépôt de Montrouge. Après la grève du mois de mai 1968 que j'ai faite jusqu'au début juin, puis au dépôt de Thiais.

Mais comme disait Stéphane Just, le travail militant était impossible car les heures de fonctions différaient d'un jour à l'autre et pour tous les gars.

Dégoûté par ce travail de fou j'ai décidé un jour de tout plaquer et d'aller m'installer dans l'Allier en pleine brousse, ou j'ai eu la chance de trouver un emploi dans une petite boîte. J'ai remilité sur Moulins avec les militants du département ou j'ai commencé à avoir des désaccords avec les dirigeants (Pierre Lambert et le cc).

Au moment des élections de Mitterrand. Pas question de voter pour cet agent du patronat.

Je craignais le chômage car mon intervention dans la petite boîte ou j'étais commençais à crisper le patron et il n'avait jamais eu un trotskyste dans le personnel, je sentais qu'il ne pourrait pas me tolérer longtemps. Micheline était au chômage et nous avions encore ma fille scolarisée.

Une fois de plus je suis revenu dans l'Essonne pour y militer je fréquente encore un copain, les autres ont fuit depuis notre expulsion du PT en 1984. »

Claude Monnier est exclu du PCI en 1984, dans la même charrette que Stéphane Just et bien d’autres, par Lambert, Lacaze, Gluckstein, Cambadélis…

Claude Monnier est resté un militant révolutionnaire, un trotskyste. Adieu camarade, les militants de La Commune saluent ta mémoire.



Elie Cofinhal,
1er avril 2017




Repères biographiques

Daniel Renard (1925-1988) : militant ouvrier trotskyste chez Renault et un des principaux « meneurs » de la grande grève Renault de 1947, exclu de la CGT en 1953. Il sera un des tout premiers militants à rejeter le « pablisme » dans la IV ème internationale

Stéphane Just (1921-1997) : militant ouvrier à la RATP – dirigeant de l’Organisation communiste internationaliste jusqu’à son exclusion en 1984. Auteur de nombreux documents théoriques dont une partie est reproduite dans https://www.marxists.org/francais/just/

Modifié le vendredi 14 avril 2017
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