Vive la grève des cheminots
À bas Macron, ses ordonnances, ses lois scélérates
La Lettre de La Commune, nouvelle série, n° 39 – Mardi 3 avril 2018
Le porte-parole de LREM ne comprend pas les raisons de la grève des cheminots [1]. Pour ce faire, il faudrait d’abord qu’il comprenne la vie. Il traite les étudiants de bobos égoïstes , ce grand altruiste devant Macron et le CAC40. Les hirondelles de Macron volent décidément toujours plus bas. Leurs propos sont, paraît-il, à porter au crédit de « l’explicabilité ». La véritable Explication, elle, ne fait que commencer .
Macron disait, il y a quelques jours, ne pas craindre la grève des cheminots. Il se trouve à présent face à un faisceau de grèves. La mobilisation dynamique et historique des salariés de Carrefour, la mobilisation des étudiants qui s’étend, la grève à Air France, le mouvement qui prend corps à EDF, la colère des fonctionnaires créent une situation directement explosive dans le pays. Comme en 1995, la grève des cheminots devient l’axe autour duquel se dessine le mouvement vers la grève générale pour arrêter le bras du casseur. La mobilisation historique des retraités, le 15 mars, était l’expression de la révolte qui couve dans toute la population.
En frappant aveuglément dans toutes les directions, y compris contre ce qu’il reste des « prérogatives » des députés, y compris contre les libertés publiques et individuelles, Macron « fédère » contre lui ce que Mitterrand avait appelé en 1981, la majorité sociale de ce pays. Macron est en réalité un homme de paille des cercles dirigeants du Capital financier. Lesquels à travers sa presse, comme les Echos, s’inquiète de son manque d’ « explicabilité », de son incapacité à faire admettre à l’opinion publique le sens de son combat. Jusque dans les rangs de son écurie de course LREM. Contrairement à ce que soutient monsieur Coquerel, député insoumis, Macron n’est pas Thatcher. N’est pas Thatcher qui veut. Les comparaisons avec la grève des mineurs anglais en 1984 ne font pas sens.
Pour notre part, nous ne nous perdons pas en pronostics. Coquerel, lui, n’en est pas avare : «Si les cheminots n’y arrivent pas, ce sera l’effet domino. » [2]. Cet homme qui joue à son tour les experts de la lutte de classes, sans n’avoir jamais vécu de grèves de masse, commence par envisager l’échec. Et, cet échec serait alors l’échec des cheminots. Comme c’est facile ! Nous savions déjà que Mélenchon et ses amis étaient des compteurs de points. « Pour le moment, c’est Macron qui a le point » avait dit Mélenchon cet automne. A tous ces supporters, nous répondons : les cheminots peuvent arracher le retrait du pacte ferroviaire . Rien n’étant jamais gagné d’avance, ce que tous les grévistes savent.
A tous ceux qui, comme Besancenot, parlent du Tous ensemble, nous répondons : oui, bien sûr, le tous ensemble pour arracher l’abrogation des ordonnances, des lois et décrets Macron, pour les salaires et les emplois, pour le retrait du pacte ferroviaire. Tous ensemble, au même moment.
Or, les hautes directions syndicales appellent à des actions, comme celle du 19 avril (mais, pourquoi pas le 24 décembre, puisque, visiblement, pour elles rien ne presse. Le 19 avril, cela fera près de trois semaines que les cheminots sont en grève – rappelons qu’en 1995, la première manifestation interprofessionnelle avait eu lieu 4 jours après le début de la grève). Or, comme nous l’avons vu, la journée imposée par le bureau confédéral de la CGT n’a pas comme objectif le retrait des ordonnances et du pacte ferroviaire. Elle n’a donc rien de « fédérateur ». Le bureau confédéral FO a alors beau jeu de se défausser, le 19 avril.
Dans le même temps, même en traînant des pieds, en se pinçant le nez, les représentants syndicaux acceptent de passer sous les fourches caudines des séances de concertation ou fausses négociations dans le moule des décisions déjà prises par le gouvernement capitaliste. C’est le cas notamment de l’intersyndicale CGT UNSA CFDT à la SNCF. Voulant « dialoguer », cette intersyndicale s’interdit d’exiger le retrait du pacte ferroviaire.
Première conséquence : SUD Rail vient de se détacher de cette intersyndicale de salons.
Libéré de ce cadre de contrainte, SUD-Rail, avec FO-cheminots, se prononce pour le retrait du pacte ferroviaire, clairement et simplement.
L’unité SUD-Rail – FO est donc un point d’appui pour tous les cheminots. Et, au-delà, pour tous les salariés qui veulent en découdre.
Cela peut aider à rétablir les choses au moins sur un point : Qui décide ?
Un bloc contre-nature des chefs fédéraux CGT et des chefs macronistes de la CFDT ou les Assemblées générales souveraines ?
Qui parlera dans les AG ? Des leaders assis sur un tonneau ou une estrade faisant des interventions fleuves ou tous les cheminots grévistes, responsables syndicaux, syndiqués, non syndiqués, tous à égalité de droit à la parole, tous à égalité de mettre aux voix des propositions et des motions ?
Maintenant, la parole est aux cheminots !
3 avril 2018
[1] http://www.lepoint.fr/societe/sncf-le-porte-parole-de-lrem-exhorte-la-france-a-sortir-de-la-grevitude-02-04-2018-2207370_23.php
[2] https://www.politis.fr/articles/2018/03/sncf-a-gauche-le-tous-ensemble-prend-forme-38612/
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