Macron ou Comment s’en débarrasser ?

La Lettre de La Commune, nouvelle série, n° 6 – lundi 17 juillet 2017

Macron n’est rien, pourrait-on dire. Au mieux, un Jupiter gonflable en un temps où les Dieux sont tombés sur la tête. Voilà pourquoi, pour lui donner une contenance politique, il a fallu fabriquer une « Macromania », le grimer en Roi Soleil. Il n’est rien et son « mouvement » est moins que rien, sinon des paillettes. Ce 14 juillet, il s’ébroue face aux militaires : «  votre Chef, c’est moi » et le monde virtuel médiatique s’exclame : « quelle autorité ! ». Le voilà qui parade avec Trump, tant décrié voici quelques mois ou avec le criminel de guerre Netanyahu et qui divise le monde en deux catégories : ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien, qui s’en prend aux femmes africaines après avoir ri du sort des comoriens qui tentent désespérément de s’arracher à la misère sans fin.

Macron ou Comment s’en  débarrasser ?

Macron n’est pas rien puisque les restes de la Ve République reposent sur lui, sur ce cerveau sans âme, ignorant de toute vie réelle. Laurent Wauquiez qui est pourtant très limité, a lui-même compris que ce vilain type n’a pas de boussole, ni « valeurs ». Il est en marche…à vue.

L’accession au pouvoir de Macron est, elle-même, un accident, ou, pour être plus précis, la résultante d’une série d’accidents politiques en chaîne.

Il y a bientôt un an, quelques jours avant sa mort, Rocard disait de Macron (et Valls) sur un ton aigre-doux: « ils n'ont pas eu la chance de connaître le socialisme des origines, qui avait une dimension internationale et portait un modèle de société. Jeune socialiste, je suis allé chez les partis suédois, néerlandais et allemand, pour voir comment ça marchait. Le pauvre Macron est ignorant de tout cela » 1 . « Macron comme Valls ont été formés par un parti amputé. Ils sont loin de l'Histoire» . Ce sont pourtant ses créatures.

Macron ? Un Accident !

Lorsqu’il quitte le gouvernement, en septembre, Macron n’a aucune prescience de ce qui va suivre. Personne ne croit qu’il puisse être élu et tous ceux qui, par la suite, l’ont soutenu le raillent vertement : François Bayrou, Bruno Le Maire, Édouard Philippe ne sont pas les derniers à le dénigrer. Il vient de s’extirper d’un gouvernement qui n’est plus que l’ombre de lui-même tel un rat quittant un navire en perdition. Il veut sa part de marché électoral comme les autres, dans cette lutte des places qui commence dans la perspective d’un gouvernement de « grande coalition » orchestré par Juppé. À ce moment-là, c’est ce dernier qui brille dans les sondages et en Une des médias tenus par les groupes financiers. Valls fulmine contre Macron « le traître ». Lequel a compris que la « réforme » du PS voulue par Valls était impossible. Hollande bute alors sur son extrême impopularité. Nous connaissons la suite : éliminations successives de Sarkozy, Juppé, Hollande, Valls, Fillon rattrapé par ses affaires, Hamon dépassé par Mélenchon et Macron, promu nouvelle icône des médias tenus par l’oligarchie financière. Voilà comment, avec seulement 18 puis 15% des voix réelles, une clique invertébrée a pu ramasser le pouvoir.

Qui le fait Roi ?

En appelant à voter pour lui « contre Le Pen », le PS, le PCF, LR, le parti de gauche lui ont accordé un faux crédit. En acceptant de « jouer le jeu » d’une concertation contre le Code du travail, les hautes directions syndicales ont non seulement légitimé Macron, mais aussi le principe de « la réforme du marché du travail, tout en entérinant la loi El Khomri au moins tacitement. Même le « front social » qui entend tout à la fois incarner un syndicalisme « radical » et se poser en mouvement politique contestataire de masse, ne dit mot en faveur de l’abrogation de la loi El Khomri, pas plus que toutes ces personnalités « de gauche » et de « gauche de gauche » (dont, Philippe Poutou) signataires d’un appel contre les ordonnances.

Bien entendu, tout ce beau monde n’a pas de mots assez durs pour fustiger Macron et se fait fort de partir à l’assaut de sa « politique ».

Là encore, Mélenchon mérite une mention spéciale pour avoir pensé à un gouvernement de cohabitation « FI-Macron » après les législatives. Une façon comme une autre de faire passer ce triste sire pour « légitime ».

Macron peut également remercier chaleureusement Marine Le Pen qui aura été son meilleur agent électoral, avant de frimer en bombardant le FN « seule opposition à Macron ».

La dépouille de Jupiter

Quant à la « politique de Macron », elle n’est rien. Macron n’a pas de politique, il a une « mission » : vider le Code du travail de sa substance et détruire la Sécurité sociale sur ordonnances. Il se fait fort de prendre tout le monde de court mais, en s’y prenant de la sorte, il ne confectionne rien d’autre qu’une bombe à retardement. Pour le reste, il entend reprendre la réforme constitutionnelle à laquelle Hollande a dû renoncer lorsque la mobilisation du printemps 2016 pour le retrait de la loi El Khomri s’affirmait. Loin de l’Histoire, Macron l’est plus encore des principes démocratiques les plus simples. Quant à la politique étrangère, c’est le dernier à parler qui aura raison.

Voilà la dépouille de Jupiter, sorti de la cuisse de Hollande.

Lui ou Nous

Comprenons nous nous bien : il ne s’agit pas de sous-estimer la nocivité dangereuse de ce déchet du régime. Au reste, nous venons de décrire les appuis dont il dispose pour aller le plus loin possible dans la mission que lui ont assignée les cercles dirigeants du capital financier. Et ce n’est pas une opposition parlementaire sans cravate, brandissant le Code du travail comme le petit livre rouge de Mao pendant la « Révo - Cul » qui lui portera ombrage. Si nous devons lui contester quelque chose, c’est son trône. L’équation est simple : c’est lui ou nous. Macron ? Il faut s’en débarrasser. Reste à savoir comment y parvenir, bien sûr.

Comment ?

  • En défendant le syndicalisme libre de revendications et d’action à l’opposé du syndicalisme de concertation, de conciliation, d’allégeance, de « partenariat social », de « proposition » et de dispersion sociale

  • En nous groupant partout autour des revendications vitales, pour en finir avec les licenciements, le travail précaire, la CSG, l’asphyxie des hôpitaux, l’état d’urgence et sa logique liberticide, pour un vrai salaire, un vrai travail, un vrai toit pour tous, etc.

  • En réaffirmant l’exigence d’abrogation de la loi El Khomri dont les « ordonnances » sont indissociables, et, sans plus attendre, l’abrogation de la loi d’habilitation des ordonnances, en préalable à toute « discussion » avec Macron

  • En organisant la solidarité matérielle aux grèves en cours dans tout le pays

Telles sont, à notre avis, les premières mesures à prendre pour aller de l’avant, tous ensemble.

Discutons-en.



17 juillet 2017


1 http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2016/06/23/25002-20160623ARTFIG00170-pour-rocard-macron-et-valls-sont-loin-de-l-histoire.php

Modifié le lundi 17 juillet 2017
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