La Bourse ou la Vie
La Lettre de La Commune, nouvelle série, n° 31 – jeudi 8 février 2018
La bulle spéculative a-t-elle explosé ? Ce lundi, les marchés financiers ont « dévissé » puis il semble qu’ils se soient redressés… « Le bon marché du capital incite à la spéculation, tout comme le bon marché de la viande et de la bière incite à la voracité et à l'ivrognerie »1 avait noté un économiste au 19 ème siècle. La baisse des taux d’intérêts ne pouvait pas provoquer autre chose que la fringale et l’ivresse sur les marchés financiers. Dès les premiers signes d’une hausse de ces taux, un vent de panique a soufflé sur les places financières. Mais, « tout va très bien, madame la marquise »…
Contenu
Quand ils peuvent financer n’importe quoi, pourvu que ça mousse
Ce qui a fait trembler les marchés
Tous les grands réalistes-pragmatiques politiques de droite ou de gauche, de gouvernement ou d’opposition répètent à l’envi qu’il n’y a pas d’autre choix que la réduction des dépenses publiques et sociales de l’Etat et les « réformes » faites pour faire exploser le modèle social.
La spéculation à taux zéro
Voyons de plus près ce que recouvre ce réalisme. « Depuis bientôt dix ans, les marchés financiers ont été habitués à vivre dans un environnement à taux zéro, et même de rachats de dettes souveraines ( quantitative easing ) par les banques centrales. Plus de 6 000 milliards de dollars ont ainsi été déversés par les institutions monétaires afin de restaurer le système financier et faciliter le financement de l’économie. Cet argent a été en grande partie capturé par le monde financier, qui l’a utilisé et gaspillé, en s’appuyant sur des effets de leviers considérables » vient de rappeler Martine Orange sur Mediapart 2
Quand ils peuvent financer n’importe quoi, pourvu que ça mousse
Elle précise : « « Dans cet univers croulant sous un excès de liquidités, tout et n’importe quoi a été financé, le rendement espéré à court terme servant de seul critère. Au cours de ces deux dernières années, les sociétés référencées dans l’indice Standard & Poor’s 500 ont ainsi dépensé 1 000 milliards de dollars en rachats d’actions , en grande partie en s’endettant, dans le seul but de soutenir leur cours de bourse ».
Ce qui a fait trembler les marchés
Martine Orange rapporte : « Tout se met en place, analysent les investisseurs financiers, pour que les principales banques centrales du monde abandonnent leur politique monétaire très accommodante et resserrent leurs conditions en même temps. Et cette seule perspective fait trembler les marchés financiers, devenus totalement drogués à l’argent des banques centrales . » . Cette politique « très accommodante » était celle de « l’argent pas cher », c’est-à-dire de taux d’intérêts dérisoires.
A l’heure où nous écrivons, la panique semble se calmer, du moins pour l’instant…
A bas la spéculation !
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Revenons-en à la spéculation : c’est un moyen pour les capitalistes de faire des profits, sans passer par la production de richesses matérielles, c’est-à-dire : les « investissements productifs ». Ces profits sont tellement exorbitants que des capitaux, au lieu d’être investis dans la production industrielle ou de services, en sont détournés vers la spéculation sur la valeur des actions ou le prix des obligations (titres d’emprunt). Naissent alors un marché des actions, un marché des obligations, hors sol, hors de l’économie réelle.
La spéculation est donc fondamentalement destructrice puisque des capitaux accumulés dans la production en sont expulsés pour irriguer les marchés financiers et finalement engloutis dans des paris aléatoires. Cette spéculation ne procède pas, comme on le dit trop souvent, d’une « financiarisation de l’économie » mais de la nature même du système capitaliste dont le seul aiguillon est le taux de profit, la rentabilité immédiate. Les capitalistes sont attirés vers la spéculation, comme la limaille est attirée vers l’aimant.
Ainsi, initialement, celui qui achète une action (c’est-à-dire une part d’une entreprise) attend les dividendes (sa part des profits réalisés par l’entreprise) puis, il attend que l’action augmente pour la revendre sur le marché des actions. Le prix de l’action est alors « déconnecté » des dividendes de l’entreprise.
Comme le notait au 19ème siècle cet économiste cité par Marx : « « Le but des banques est de faciliter les affaires. Tout ce qui concourt à ce but facilite en même temps la spéculation. Affaires et spéculation sont en bien des cas si étroitement liées qu'il est difficile de dire où cesse l'affaire et où commence la spéculation . . . Partout où il y a des banques, l'obtention de capital est plus aisée et moins chère »3
A tout moment, la spéculation menace de dévorer l’économie toute entière. On peut tenter d’en corriger momentanément les effets les plus ravageurs, mais elle ne peut être « encadrée » ou « contrôlée » puisque ce sont les lois aveugles du marché qui domine le tout.
Les remèdes toujours pires
Tant et si mal que l’économie mondiale est constamment au bord de la catastrophe. Nos grands réalistes – pragmatiques sont impuissants face à cette réalité et réagissent face aux crises boursières comme si une fatalité s’était abattue sur eux, comme s’ils étaient les jouets d’un phénomène météorologique cataclysmique. Leur réponse est alors un remède toujours pire : la frénésie de réformes, la volonté effrénée de « réduire les coûts du travail », de revenir à des formes primaires d’exploitation des salariés. Ainsi, officiellement, le chômage baisse dans l’Etat espagnol mais, dans la vraie vie, des salariés sont embauchés pour …une heure de travail. Le gouvernement dit : les salaires augmenteront si les profits augmentent, si la productivité augmente. Pure chantage dans un pays où les salaires ont été saignés.
Il n’y a rien à « partager »
On peut toujours chanter qu’il faudrait « une autre répartition des richesses », un « partage plus équitable entre salaires et profits », cette autre face du « réalisme » frelaté est, au mieux, un leurre. Il faut arracher les richesses des mains des capitalistes, confisquer les profits issus de la spéculation, en finir avec la propriété privée des banques et des grands moyens de production industriels et donc exproprier ceux qui la détiennent. Il faut une politique ouvrière et démocratique qui commence par la satisfaction des revendications essentielles et par la satisfaction des besoins nécessaires de la population et qui, partant, gouverne contre les capitalistes et les banquiers. Oui, une politique ouvrière vers le socialisme est indispensable pour la défense de tous les exploités, opprimés et spoliés. Voilà la leçon que la crise du système capitaliste des exploiteurs et des spéculateurs nous dicte, au quotidien.
Inverser le cours des choses
Les plans capitalistes de Macron nous montrent, à leur façon qu’il faut inverser le cours des choses, renverser la vapeur pour garder ce que nous avons et faire triompher les droits fondamentaux de tous, permettant de vivre : emploi garanti, salaire et logement décents, sécurité sociale et retraite, en finir avec l’oppression des femmes, rétablir services publics au service du public, etc… Comment ? Par la lutte de classes !
Jeudi 8 février 2018
1 Cité par Marx – Le Capital, tome 3. Page 376 - Nouvelle frontière - Ontario-Montréal Canada
2 https://www.mediapart.fr/journal/economie/050218/les-marches-financiers-au-bord-de-la-panique
3 Cité par Marx – Le Capital, tome 3. Page 376 - Nouvelle frontière - Ontario-Montréal Canada
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