Pour en finir avec la République des AFFAIRES, des MATRAQUES et des RÉFORMES

Place aux salariés et à la jeunesse, place aux revendications et à la population, dehors la Bande à Macron !

La Lettre de La Commune, nouvelle série, n° 59 – jeudi 9 août 2018

L’affaire BENALLA est « en vacances ». Tout a été dit, révélé et constaté ou presque. Non seulement, sur l’Elysée mais aussi sur le degré de putréfaction du régime de la 5ème République. A bien des égards, cette affaire a valeur de leçon de choses. Elle n’a pas épargné l’opposition « antilibérale » qui, comme on pouvait s’y attendre, s’est défaussée avec un sens aigu du ridicule le plus grandiloquent. Loin de faire oublier la crise sociale, cette affaire l’a mise en relief, ne serait-ce qu’en montrant ce que valent les fauteurs de crise et de réformes, gredins  de petite envergure et gogos sans vie qui se nourrissent du vide politique abyssal…qui devient une brèche.

Pour en finir avec la République des AFFAIRES,  des MATRAQUES et des RÉFORMES
Contenu

Eléments de mensonges

Contre les apprentis, les chômeurs et les communes

Comment épargner Macron

Monsieur Chassaigne s’excusant de vivre

Les brasseurs du vide

Dernière minute

Quelque part dans le 94, Marc*, 68 ans, écoute parfois un vieux poste de radio. Il souffre d’un cancer… dans des abris de fortune, sous la cagna ou à même la rue. Ailleurs, dans le 91, Laura *, 54 ans, affronte chaque week end depuis un an une panne totale d’ascenseur et d’éclairage des parties communes dans son HLM. Se déplaçant en fauteuil roulant, elle ne peut donc pas descendre les escaliers. Inutile de dire que ce ne sont pas des cas isolés.

(*les prénoms ont été modifiés)

L’affaire Benalla contraste avec ces tranches de vie muettes. En un sens, elle est aussi un fait divers, c’est-à-dire, un fait marquant de la vie que mènent les parasites élyséens, de la mentalité « hors sol » de tant de députés qui se droitisent dans leur botte, s’engoncent dans leur « fidélité » à leur Jupiter gonflable.

Ils ne sont plus que des machines à ulcérer, exaspérer, indigner, révolter, jusque dans leur façon de temporiser ou de se « socialiser », un peu comme s’ils avaient pris au pied de la lettre la maxime de Francis Blanche : «il ne suffit pas d’être inutile, encore faut-il être odieux » 1 .

Eléments de mensonges

A cet instant, ils ne savent plus que faire de leur révision constitutionnelle absolutiste qui transformerait les chambres (Sénat et Assemblée nationale) en antichambres de leur « destruction créatrice ». Nul doute que le doute s’est insinué dans leurs rangs et qu’il continuera à ronger ce qu’il reste encore de conscience parmi les députés improvisés de LAREM – La Réaction En Marche, celles et ceux qui pensent que l’on « manager » le peuple, le dissoudre dans les « éléments de langage » dont la règle veut que l’on appelle jamais un chat, un chat. Il est vrai que la langue de bois des politiciens de « l’ancien monde » y préparait. Il est vrai que les dignitaires des confédérations syndicales sont, eux aussi, experts en « élément de langage ».

Parmi les éléments de mensonge, le Préfet de police DELPUECH a pris aussi sa part. Le magazine Marianne relate :

« … Le 25 juillet dernier, le haut-fonctionnaire a expliqué devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale…, que les deux trentenaires vivement appréhendés par le collaborateur du président de la République, Alexandre Benalla, place de la Contrescarpe, " n’avaient pas de papiers sur eux" et avaient "déclaré de fausses identités". … Le Monde révèle ce mardi 7 août que les trentenaires, un jeune homme de nationalité grecque, travaillant à Paris comme cuisinier, et une jeune graphiste française, ont bien dit la vérité aux forces de l'ordre. Tous deux ont notamment livré leur véritable identité aux policiers. C'est la sûreté territoriale de Paris - un service situé sous l'autorité de la préfecture de police - qui a confirmé cette information à la justice. … Le rapport concernant le restaurateur grec fait bien état de son véritable nom, de sa véritable adresse et de son adresse exacte. Quant à la graphiste, elle a présenté ses papiers à... Philippe Mizerski, le major chargé d'accompagner Alexandre Benalla. C'est lui qui a rédigé sa fiche, entièrement renseignée . » 2

Contre les apprentis, les chômeurs et les communes

Pendant l’affaire – il faudrait dire les affaires- BENALLA, les réformes, hormis la révision constitutionnelle, n’ont pas été « suspendues ». La loi qui englobe en un seul tout la formation, l’apprentissage et le chômage est passée comme une lettre à la poste. Ainsi, grâce à cette loi, il deviendra possible de faire travailler les apprentis mineurs 40 heures par semaines et de nuit. Et, en cas en cas de faute grave ou d’inaptitude, le passage en Prud’hommes ne sera plus obligatoire. De plus, tout jeune travailleur pourra être incité à entrer en apprentissage jusqu’à l’âge de 30 ans, avec le risque de radiation de pôle emploi s’il refuse cette « offre raisonnable d’emploi ». ! Il y aurait long à dire sur les autres dispositions de cette loi-cadre. (Nous n’omettrons pas d’y revenir dans le détail, dans les semaines qui viennent. 3 )

La 5ème république n’est pas seulement la république des affaires, c’est aussi la république des décrets qui échappent au vote et aux discussions parlementaires puisque c’est le conseil des ministres qui les édicte. Ainsi, 300 millions d'euros étaient destinés à financer notamment des investissements dans les communes rurales souvent désertifiées et des actions dans les quartiers sinistrés. Un simple décret aura suffi pour annuler cette somme (qui n’a au demeurant rien « d’un pognon dingue », mais juste de quoi garder la tête hors de l’eau) accordée aux communes 4 . Donner c’est donner, reprendre, c’est voler, comme disent les enfants.

Comment épargner Macron

Face à cette situation, messieurs les opposants « antilibéraux » se sont bien privés d’exiger la destitution du Président de la république, préférant faire comme si son gouvernement était « responsable » puisque c’est lui qui « détermine et conduit la politique de la Nation »…selon la feuille de route de l’Elysée qui fait et défait le gouvernement à sa guise et peut révoquer le parlement selon son bon vouloir, c’est lui qui promulgue les lois selon son bon vouloir et peut selon l’article 16 s’accorder des pouvoirs exceptionnels et devenir un pur dictateur pendant au moins 30 jours.

Monsieur Chassaigne s’excusant de vivre

Nous avons donc entendu Monsieur Chassaigne qui croit sans doute être communiste dire au moment du débat autour de cette farce qu’a été la motion de censure :

« Certes, la Constitution de la Ve République est particulièrement protectrice – et il le sait – à son égard, puisque, selon l’article 67, « le Président de la République n’est pas responsable des actes accomplis en cette qualité ». Une irresponsabilité de principe qui ne saurait omettre l’hypothèse évoquée par l’article 68, lequel prévoit : « Le Président de la République […] peut être destitué […] en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat. La destitution est prononcée par le Parlement constitué en Haute Cour. Dès lors, si les diverses enquêtes ouvertes devaient montrer que les actes commis par Emmanuel Macron constituaient un « manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat », il appartiendrait à la représentation nationale de s’interroger quant à l’opportunité d’enclencher cette procédure de destitution . Le fait, notamment, de ne pas avoir directement ou indirectement demandé à saisir le procureur de la République, comme l’y obligeait l’article 40 du code de procédure pénale, pourrait fonder ce manquement 5

Ici, monsieur Chassaigne a voulu montrer jusqu’où s’étend sa mansuétude à l’égard du Chanoine Macron : voyez, on pourrait demander la destitution de Macron mais nous sommes des gens sérieux, pondérés, raisonnable, on ne vous veut aucun mal. Lui arrive-t-il aussi de s’excuser de vivre ? Comme Mélenchon, il a aussi voté la motion de la « droite » alors que la « gauche » avait la sienne. Comme pour dire : voyez comme nous sommes, tout comme vous, la Droite, attachés à la 5ème république, à l’honneur de la Police …

Ont-ils peur du vide politique, ces opposants qui aiment pourtant répéter « retenez nous ou on tire sur le quartier général », faiseurs de marée et de fête à Macron », de déclamations qui étalent leur culture, à l’affût des bons mots, lançant d’un doigt vengeur aux Macronneux pour les tancer : «vous n’aimez pas l’Etat » 6 ?

Les brasseurs du vide

Or ce vide, ils en sont les brasseurs obstinés. Plutôt le vide que la mobilisation indépendante des travailleurs et des jeunes pour destituer Macron, pour l’abrogation des réformes, pour les revendications vitales. Plutôt le vide que le débordement, la vraie marée. Leurs marées à eux sont sans vagues…

Mélenchon – Chassaigne dans l’arène parlementaire et Pavageau-Martinez à la tête des syndicats se complètent harmonieusement pour prendre de cours toute initiative « d’en bas ». C’est ce qu’ils ont fait à la SNCF, « dans l’unité », pour imposer à un type de grève « à prendre ou à laisser », isolant le plus possible les cheminots des autres corporations, les empêchant de décider en assemblée générale, le tout pour négocier la convention collective qui doit annuler et remplacer le Statut des cheminots, le tout pour accepter la fin du monopole de la SNCF sur le rail, ce qui aboutit d’une manière ou d’une autre à la privatisation de cette entreprise qui n’était « pas comme les autres », en faisant miroiter d’illusoires « exceptions » à la concurrence. Au même moment, entre deux « journées » de « protestation, entre « fête à Macron » et « marée populaire », les mêmes passaient des heures, des jours, dans la concertation du plan « action publique 2022 » au sortir de laquelle, ils se déclarent « déçus ».

« Qu’est-ce qu’on attend ? »

S’ils pensent qu’ils vont tenir comme des funambules jusqu’en 2022 sur ce fil, qu’ils vont tenir la population excédée en haleine avec des « Européennes » puis des « municipales », des « concertations » sur l’art et la manière de liquider le système de retraite par répartition, ils se mettent le doigt dans l’œil. Les salariés, les jeunes, et celles et ceux qui ont cru en la France insoumise ne sont ni des bobos, ni des gogos. Celles et ceux qui veulent en découdre une bonne fois pour toutes sont de plus en plus nombreux, parmi les militants et les militantes mais aussi parmi les salariés et les jeunes que l’on entend jamais ou que l’on n’écoute pas, et se passent le mot : « qu’est-ce qu’on attend ? ». Se poser cette question, c’est déjà commencer à y répondre.

Le mythe du Macron fort et de l’Etat soudé vient de prendre un coup sévère, à l’occasion de l’affaire Benalla. D’autres affaires comme celle qui vise le secrétaire général Kohler lié à l’armateur italo-suisse MSC commencent à enfler.

Nous arrivons au point de rupture, que les dignitaires de l’opposition, qui se proclament humanistes, et les dignitaires qui se déclarent syndicalistes, le veuillent ou non.



9 août 2018


Dernière minute

Selon le Huffpost, Mélenchon a décidé d’inviter des députés LR à son université d’été, à la fin du mois : « "la première force d'opposition a cœur de donner la parole à tout le spectre politique, malgré des divergences". Cette invitation concerne aussi des députés PS, PCF et « Hamonistes ». Après la marée, le cloaque.






1 http://data.bnf.fr/39470554/il_ne_suffit_pas_d_etre_inutile__encore_faut-il_etre_odieux_spectacle_1979/

2 https://www.marianne.net/politique/affaire-benalla-la-fausse-information-sous-serment-du-prefet-de-police

3 https://www.usinenouvelle.com/editorial/ce-que-contient-la-loi-formation-apprentissage-assurance-chomage-adoptee-ce-1er-aout.N686199

4 https://mobile.francetvinfo.fr/politique/gouvernement-d-edouard-philippe/l-etat-annule-p....

5 Cité par : https://blogs.mediapart.fr/andreafichot

6 https://twitter.com/JLMelenchon/status/1024307304089497600

Modifié le jeudi 09 août 2018
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