Marxisme économie – 2 : Retour sur quelques idées reçues

Nous poursuivons ici notre exposé sur l’économie et le marxisme. L’économie, comme nous l’avons précédemment montré, est basée sur le travail humain. Le travail est, initialement, la production de nos moyens d’existence. En se perfectionnant, il devient production de richesses. Cette production de richesses commence elle-même par la fabrication de marchandises en vue de l’échange. Puis cette production se généralise et viennent se poser les questions qui peuplent la vie que nous menons : salaires, prix et profits.

Marxisme économie – 2 : Retour sur quelques idées reçues

Pour comprendre la question des salaires, des prix et des profits, il nous faut vaincre des idées reçues et sans cesse rebrassées par les classes dirigeantes qui font de leur mieux pour cacher les rapports sociaux qui nous gouvernent.

Voilà ce que celles-ci nous chantent dès le berceau :

« Le salaire, c’est le prix du travail effectué par les salariés

Les prix sont fixés selon le jeu de l’offre et de la demande

Les profits sont le résultat d’un prix de vente supérieur aux coûts de production du produit fabriqué et distribué par l’entreprise. »

« En plus, on vous paye ! »

Les capitalistes, c’est-à-dire ceux qui détiennent les moyens de production, ne se présentent pas comme des gens qui exploitent les travailleurs : en échange de leur travail, ils leur versent un salaire. Il arrive que des salariés s’entendent dire de leurs « managers » : « non seulement, on vous donne du travail, mais, en plus, on vous paye ». Il est vrai que les esclaves d’antan n’étaient pas payés. Et que nos jours, l’esclavage à l’état pur existe toujours et se développe de plus en plus. En Allemagne, le mot qui désigne le patron, c’est « arbeitgeber », littéralement celui qui « donne du travail ».

La « bonne marche des entreprises »

On nous enseigne régulièrement que les capitalistes vendent les produits du travail salarié à un prix supérieur aux frais de production, pour en dégager un profit. Ce profit va permettre d’une part de rémunérer le travail de direction et d’inspection de l’usine et de faire de nouveaux investissements, dans de nouvelles machines par exemple, dans un mobilier plus moderne. Tout ça pour dire que les profits sont indispensables à la bonne marche de toute entreprise. En gros, lorsque la demande sera forte, le patron pourra augmenter ses prix, dans le cas contraire, lorsque la demande fléchira, l’entrepreneur devra brader les objets qu’il vend et sera, qui sait, contraint à la faillite, faute d’avoir su se reconvertir, d’avoir su moderniser son appareil productif et susciter une nouvelle demande par une nouvelle présentation de ses produits, une nouvelle gamme.

« Coût du travail » et profits

Pourtant ces mêmes capitalistes invoquent la nécessité de réduire les coûts salariaux pour faire des bénéfices afin d’investir, ils revendiquent une flexibilité plus grande du travail pour augmenter la productivité de l’usine.

Ce faisant, ils reconnaissent implicitement au moins qu’il y a un rapport entre salaires et profits, puisqu’ils entendent augmenter les profits au détriment des salaires, en bloquant les salaires ou en réduisant le nombre de salariés à charge de travail égale.

La masse des salaires représente un coût qui vient amputer les profits et qu’il convient donc de réduire le plus possible.

Ce sont les mêmes capitalistes qui parlent de la nécessité de réduire les coûts du travail pour être compétitif, c'est-à-dire être en mesure de proposer des prix « défiant toute concurrence » sans rogner sur les profits qui sont vitaux pour les entreprises.

Et enfin, à l’échelle de la société, lorsqu’il s’agit d’évaluer le Produit Intérieur Brut (PIB) du pays, c'est-à-dire l’ensemble des richesses produites en un an à l’intérieur du pays, il est question de la répartition entre salaires et profits, en pourcentage.

Les économistes capitalistes finiront par dire que salaires et profits sont les deux éléments de la même valeur ajoutée.

Les salariés ne sont pas des mendiants

Surgissent alors les chantres de la répartition équitable des richesses, du « partage des profits ». Voilà qui est très charitable. Ils nous disent : les profits ont augmenté au détriment des salaires et des emplois et il faudrait rééquilibrer tout cela. Les capitalistes répondront alors que sans profit, pas d’investissements possibles et sans investissements, on ne peut pas créer des emplois. En revanche, nous voulons bien « intéresser » les salariés aux bénéfices.

Or, les données d’entrées de cette discussion dans laquelle les salariés sont placés en position de mendiants sont tout simplement fausses.

Les salaires ne sont pas la rémunération du travail mais de la Force de travail des salariés. Les profits ne sont pas le résultat d’un bon marchandage des produits vendus mais d’une Plus-value issue d’un Surtravail des salariés. Ne perdons pas de vue que le capitaliste est le propriétaire des moyens de production (bâtiments, machines, outils…) et que le salarié ne possède quant à lui d’autre propriété que sa Force de travail (capacités physiques et intellectuelles). Nous expliquerons dans un prochain épisode comment cela est possible et en quoi cela est vrai…

A suivre.



Daniel Petri,
31/01/2018

Modifié le mardi 13 février 2018
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