Le vent se lève !

La Lettre de La Commune, nouvelle série, n° 119 - Jeudi 14 novembre 2019

Un vent de révolution souffle sur le monde ! Partout, le refus de la misère, de la vie chère, du chômage, le rejet des gouvernements corrompus et l’exigence de démocratie font descendre dans la rue des millions de travailleurs/euses, de femmes, de jeunes. Chili, Equateur, Haïti, Guinée, Algérie, Liban, Irak, Hong-Kong, Catalogne, partout la classe ouvrière se dresse avec force et détermination contre les politiques des capitalistes et des impérialistes. Partout, les gouvernements répriment avec la même férocité, la même violence, faisant intervenir la troupe contre les populations. Il en va ainsi du coup d’Etat du 10 novembre 2019 contre Evo Morales en Bolivie, putsch dirigé par le patronat et la bourgeoisie, élaboré et soutenu par l’impérialisme US. Pour le moment, la détermination et la pugnacité des masses prouvent partout l’incapacité des capitalistes à les défaire et à les mettre au pas.

Le vent se lève !

En France, le mouvement en Gilets Jaunes, qui « fêtera » le samedi 16 novembre prochain son année d’existence, est par sa nature l’expression de la crise politique, de la crise de régime, de la crise des partis qui caractérise la situation. Le mouvement en Gilets Jaunes, c’est la voie vers la grève générale, c’est la revendication de rupture avec Macron. La réponse de Macron-Philippe-Castaner, c’est la systématisation des violences et de la répression d’Etat, c’est le recul des droits et libertés démocratiques. Car pour Macron, aujourd’hui, il ne reste guère plus que la matraque pour gouverner tant sa faiblesse politique est évidente. L’intensification de la lutte des classes, c’est aussi les 8 mois de grève dans les services d’urgence des hôpitaux, grève qui s’organise par service, par hôpital, contre les directions des fédérations syndicales de la santé, toutes entières dédiées à leur rôle de « partenaires sociaux » ouverts aux « discussions ». Contre la mort de l’hôpital public, la grève et la manifestation nationale organisée ce 14 novembre sont évidemment à suivre attentivement.

La « feuille de route » de Macron pour la deuxième partie de son quinquennat tient en deux réformes classées « à risque » : la réforme de l’assurance chômage et les retraites. Concernant l’assurance chômage, la réforme est entrée en vigueur le 1er novembre. C’est une offensive majeure qui a été menée contre les droits des chômeurs/euses. La réalité, c’est 3 milliards et demi d’économies réalisées sur le dos des plus précaires qui sont clairement désignés comme responsables de leur situation et à qui on vole l’allocation pour laquelle ils ont cotisé. Même Laurent Berger, le patron de la CFDT s’indigne, c’est dire ! « C’est une des réformes les plus dures socialement qui s’est opérée ces vingt-cinq dernières années ». Pour mémoire :

- il faudra désormais avoir travaillé au moins 6 mois sur les 24 derniers mois (au lieu de 4 sur 28 comme actuellement) pour pouvoir ouvrir ses droits à indemnisation ;

- une fois au chômage, le seuil permettant un rechargement des droits n’est plus d’un mois (150 heures permettant jusqu’ici d’ouvrir droit à 1 mois de prolongation d’indemnisation) mais de 6 mois (910 heures) ;

- au-delà d’un certain revenu, la dégressivité est de règle à partir du 7 ème mois et l’indemnisation est alors réduite de 30% ;

- le salaire journalier de référence baissera en avril 2020 de 22%. 905 euros c’était encore trop ! Il passera à 708 euros !!!

Rejetée par une très grande majorité de la population, la réforme des retraites annoncée par Macron est explosive. La une du journal Le Monde du 13 novembre résume à elle seule la situation : « Retraites : le gouvernement se prépare à une contestation massive ». Et le début de l’affrontement est prévu le 5 décembre. Non pas à l’initiative des directions syndicales confédérales, mais suite à l’appel à la grève illimitée lancée par les organisations syndicales de la RATP après le succès de la grève totale du 13 septembre. Le 5 décembre, c’est le contingent qui réalise le nécessaire. A la RATP, l’appel à la grève illimitée, jusqu’à la victoire, a agi comme un catalyseur, a donné confiance aux travailleurs/euses, aux militant.e.s et aux syndicats de base pour s’engager résolument dans le combat. Il a cristallisé un mot d’ordre commun à tous : Ni loi ni réforme ! Retrait de la réforme Macron ! Pas touche au régime général, pas touche aux régimes spéciaux de retraites ! Contre le plan de division des bureaucraties confédérales, le 5 décembre répond à l’aspiration au tous ensemble au même moment. Le 5 décembre illustre l’aspiration de la classe ouvrière à engager le rapport de forces contre Macron, il est le signe de la tentative de débordement des appareils syndicaux par les masses. Acculées, courant après la grève massive qui se prépare, les confédérations CGT, FO, FSU, Solidaires et 4 organisations de jeunesse ont finalement dû se résoudre à appeler à « une première journée de grève interprofessionnelle ». La CGC soutiendra ses fédérations qui y participeront. D’ores et déjà, fédérations et syndicats sont nombreux à appeler dans l’unité à la grève reconductible à partir du 5 décembre comme à la RATP, à la SNCF, le Transport, le Commerce, la Chimie, dans les Fonctions publiques…

Enfin, les syndicats et fédérations étudiant.e.s ont organisé une quarantaine de rassemblements devant les CROUS le 12 novembre, après l’immolation par le feu d’un jeune étudiant de 22 ans, Anas, militant syndical, en grande précarité financière. Entre la vie et la mort, par son geste, Anas a clairement souhaité dénoncer la politique mortifère des gouvernements successifs envers l’université et les étudiants.

Anti-ouvrière, la politique de Macron est également anti-immigrés.

Ainsi, le 6 novembre le gouvernement a annoncé les mesures suivantes contre les femmes et les hommes réfugié.e.s qui cherchent asile en France :

- la prise en charge des soins des demandeurs/euses d’asile ne sera plus immédiate mais au bout de 3 mois (sauf soins urgents !) ;

- la durée de prise en charge des demandeurs/euses d’asile débouté.e.s sera raccourcie (6 mois au lieu de 12)

- la prise en charge des sans-papiers sera réduite. Il s’agit de pister les fraudeurs/euses et d’exclure les soins non urgents (croisement des demandes de visa et des bénéficiaires de l’aide médicale d’Etat) ;

- une politique de quotas en fonction des besoins économiques du pays va être mise en place.

Afin de « favoriser les reconduites à la frontière », traduire expulser toujours plus, trois nouveaux centres de rétention vont être créés (Lyon, 140 places ; Bordeaux , 140 places ; Olivet près d’Orléans, 90 places). Pour ce faire, la loi devrait être assouplie afin de rendre effectives les obligations à quitter le territoire dès le rejet en 1ère instance des demandes d’asiles de ressortissants émanant de « pays sûrs ».

Toutes ces mesures privatives de soins et de libertés ont été dès le lendemain, 7 novembre 2019, suivies d’une grande opération de rafle-évacuation des tentes des réfugiés de la Porte de la Chapelle. Opération selon la maire de Paris, Anne Hidalgo de « mise à l’abri » sans laquelle elle n’aurait pas accepté ! Une opération militaire, clairement exprimée par le préfet Lallemand : nous allons « reconquérir …. l'espace public » avec « maintien de la présence policière permettant d'éviter la reconstitution de ces campements ». Le Parisien annonce que dans la nuit du 11 au 12 novembre les forces policières « ont massivement repoussé 160 migrants » !

Lallemand, Castaner et Macron sont bien entrés en guerre contre leurs ennemis si redoutables, les femmes voilées, les chômeurs et les chômeuses, les réfugié.e.s …

Alors oui, mille fois, Macron a raison de se faire du souci. Les derniers remparts qui constituent les gardes-flancs de sa politique anti-ouvrière, au premier rang desquels les directions et bureaucraties syndicales, sont en train de céder sous les coups de boutoir des travailleurs/euses et la pression de la lutte des classes.

Gilets Jaunes, grèves, mouvements de jeunesse, tous les clignotants passent au rouge vif pour Macron. Gageons que la classe ouvrière saura trouver la voie et les moyens de s’organiser pour le mettre en échec et obtenir le retrait de sa réforme.




Jeudi 14 novembre 2019

Modifié le vendredi 15 novembre 2019
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