Les travailleurs de l'AP-HP en lutte : Pas touche à nos RTT !

Ancien Président d’Emmaüs, ancien ministre de Sarkozy et actuel directeur général de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsh veut imposer une réorganisation du temps de travail en réduisant le temps de travail, ce qui aurait comme conséquence de passer de 20 jours de RTT à 15. La réponse ne s'est pas fait attendre, les organisations syndicales appelaient à une série de jours de grève, largement suivis par le personnel.

Des méthodes de patron-voyou

Il a commencé par faire une tournée des 38 hôpitaux du groupe pour leur expliquer la démarche qu'il comptait suivre pour mettre son plan pour « assainir les finances »de l'AP-HP. Toutefois il a réservé les arcanes de son plan aux médias sans que les organisations des salariés en soient prévenues. C'est à ce moment que les salariés de l'AP-HP apprennent que leur patron compte économiser 20 à 25 millions d'euros par an et « sauver 4000 emplois sur cinq ans » en réorganisant les horaires de travail. Ne nous y trompons pas, l'attaque de Martin Hirsh contre les salariés s'inscrit totalement dans le «  Pacte de responsabilité » du gouvernement Hollande-Valls. Le gouvernement veut économiser 10 milliards d'euros dans la santé, dont 3 dans les hôpitaux publics. C'est une bataille centrale pour le secteur de la santé, c'est en finalité la survie de l'hôpital public qui est en jeu. Ce qui gêne le gouvernement c'est la méthode Hirsh qui laisse de côté le temps de négociation . Marisol Touraine déclare au Monde que «  Martin Hirsh a peut-être voulu aller un peu trop vite ».

« Une attitude très humiliante pour le personnel »

Dans l'entourage du ministre de la santé, on considère que le directeur général de l'AP-HP «  a fait une erreur en s'exprimant dans la presse avant de s'exprimer devant les organisations syndicales », Rappelons que l'accord RTT de 2002 n'avait été signé que par la seule CFDT. Même à l’Élysée qui pourtant soutient la réforme, l'on considère que l'entretien fait au journal Les Échos le 20 mars 2015 est «  une erreur tactique « . Le député Bernard Debré qui a exercé plus de quarante ans à l'AP-Hp juge que la façon dont  Martin Hirsh a abordé le problème est «  très humiliante pour le personnel « . «  Il a dit aux gens qu'ils allaient travailler six minutes de moins. J'ai été chef de service, vous imaginez que les infirmières travaillent ainsi, qu'elles sont à dix minutes près ? On peut être courageux sans être technocrate ni prétentieux « . Le bon petit soldat Hirsh croyant répondre de façon adéquate au gouvernement a réussi à mettre dans la rue des milliers de salariés au grand regret de Hollande et Valls.

Les salariés imposent l'unité de toutes les organisations syndicales

Le 21 mai , la majorité du personnel était en grève à l'appel des organisations syndicales, 8000 salariés de toutes catégories professionnelles étaient rassemblés devant le siège de l'AP-HP. Les slogans étaient clairs, «  le plan de Martin Hirsh n'est ni amendable ni négociable « , «  retrait du projet « . Le jeudi 28 mai, deuxième jour de grève, a été de nouveau une journée très suivie malgré les méthodes musclées anti-grève : 8000 assignations pour la seule journée du 28. Dans les jours qui ont suivi, Hirsh s'est fait chahuter partout où il est allé. En direct de Pompidou, où il participait à une émission en direct sur France Inter,  il s'est fait huer et a été obligé de céder son micro à un représentant du personnel qui a démonté ses arguments. A Avicennes (93), il n'a pu inaugurer un nouveau bâtiment sous la pression des salariés. Le  11 juin, nouvelle journée de mobilisation où étaient présents des délégations de grévistes de province : Toulouse, Caen, Rouen, Besançon, Rennes et des hôpitaux psychiatriques de la région parisienne  car chacun a bien compris que si le plan Hirsh passe à l'AP-HP, ce sont tous les hôpitaux publics qui passeront à la moulinette gouvernementale.

L'avenir du mouvement

Le gouvernement a bien compris l'enjeu de la lutte, voilà pourquoi est sorti après le 11 juin un «  relevé de conclusions « formulation qui fait suite en général à une fin de négociation, mais qui est en fait qu'une nouvelle formulation du projet. Derrière ces pseudos propositions, une odeur de mise en place de division entre les salariés et l'intersyndicale. Il est vrai que les organisations syndicales ne font pas preuve de propositions claires . Ce sont les AG d'hôpitaux qui ont imposé le départ en manifestation le 28 mai alors que le 21 l'intersyndicale avait fait en sorte qu'il n'y ait pas de manifestation de rue. Une rencontre, discrète a eu lieu le matin du 11 juin entre la direction  et l'intersyndicale. Le doute s'installe chez les salariés, à tel point que le syndicat Sud Santé s'est cru obligé de sortir un tract intitulé : Pour en finir avec le fantasme de trahison. A suivre donc .

Francis Charpentier
6 juillet 2015

Modifié le jeudi 09 juillet 2015
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