Lula, président !

président ! | BrésilA cinq mois des élections au Brésil, dans le pays le plus important du continent, s'ouvre enfin la possibilité que Lula, le dirigeant ouvrier surgi dans les grèves des années 80, soit élu président. La campagne déchaînée par le gouvernement et les banquiers contre le Parti des travailleurs, dont le candidat dépasse les 40% dans les sondages, démontre qu'il est possible que Lula triomphe.Si le Brésil n'en est pas (encore) à connaître la situation de délabrement de l'Argentine, il n'est pas pour autant sorti indemne de toutes ses années de soumission au FMI. Les banques, les entreprises de transport, les mines, les télécommunications, l'énergie électrique... ont été privatisées avec, comme conséquence, l'augmentation de leurs tarifs, du chômage, et une plus grande dépendance extérieure. Le taux de chômage dans les grandes villes se situe autour des 20%. l'inflation continue de croître, diminuant les exportations, et le pays a déjà perdu des milliards de dollars avec la paralysie quasi totale de son commerce avec l'Argentine. La récession économique dans les principaux pays impérialistes et les mesures protectionnistes adoptées (augmentation des aides à l'agriculture et taxes aux importations d'acier) par les Etats-Unis et l'Europe rendent difficiles les exportations et augmentent ainsi le déficit du commerce extérieur. La Banque mondiale est inquiète, car la dette extérieure brésilienne s'élève à 10% du total de la dette des pays " émergents ".

Depuis l'année dernière, les grèves se sont développées surtout dans les services publics après le triomphe de la lutte des universitaires qui ont arraché une augmentation salariale après sept années de gel des salaires. Cette année, dans sept Etats, les professeurs ont fait grève, ainsi que les fonctionnaires de la Justice, tandis que les Sans-Terre continuent leur mobilisation et qu'un important mouvement contre l'ALCA se développe. La corruption a montré le vrai visage du gouvernement néo libéral. Les plus récents scandales ont abouti à la démission de leurs mandats de sénateurs, du porte parole du gouvernement, Roberto Arruda, et d'Antonio Carlos Magalhanes, tous deux dirigeants du PFL Parti front libéral (droite)., ainsi que de Jader Barbalho, président du sénat, dirigeant du PMDB Parti mouvement démocratique brésilien (droite)., qui avait détourné des fonds publics pour son compte.

Le candidat officiel en difficulté

Le candidat officiel, ex-ministre de la Santé qui a laissé en héritage une épidémie de dengue Dengue : grave affection cutanée contagieuse. dans l'Etat de Rio de Janeiro, n'arrive pas à " décoller ", obtenant 16% dans les sondages. Il est bien loin des 40% de Lula. Sa candidature subit une crise après l'autre et, après des mois de recherche pour trouver un candidat à la vice-présidence, il a annoncé avoir, finalement, rencontré l'homme idéal : le député Henrique Alves, du PMDB. Cette annonce n'a pas duré plus de 48 heures, suite aux déclarations explosives de son ex-épouse révélant que ce député possédait différents comptes secrets de plusieurs millions de dollars dans des paradis fiscaux ! La dernière carte jouée est celle de la députée Rita Camata, elle aussi du PMDB, alors que pèsent sur son mari des accusations le désignant comme l'instigateur des escadrons de la mort dans l'état d'Esperitu Santo dont il était le gouverneur.

Malgré ces difficultés, les multinationales et le FMI, aux côtés des secteurs les plus puissants de la bourgeoisie brésilienne, continuent d'appuyer Serra, considérant que, malgré la montée en force de Lula, rien n'est encore joué.

Les obstacles sur le chemin du PT

Le principal obstacle sur le chemin de Lula pour battre le candidat bourgeois est la propre politique de Lula et du PT. Ils ont balayé d'un revers de main tout ce qu'ils ont écrit et défendu durant des années, et aujourd'hui ils se proposent d'honorer tous les engagements de la bourgeoisie : payer la dette, maintenir la privatisation des entreprises, garantir les institutions et, pour cela, ils proposent à la vice-présidence le sénateur du parti libéral, puissant entrepreneur du textile, José de Alencar.

Après l'organisation, par la Confédération nationale des industries, d'un débat entre les candidats les plus importants à la présidence, la conclusion unanime a été qu'il n'existait pas, entre eux, de différences perceptibles !

Mais malgré ces démonstrations de bonne volonté envers les chefs d'entreprise, les grandes banques comme Morgan Stanley, Merryll Lynch, ABN Amro et Santander, face à la montée de Lula, ont organisé une baisse des valeurs brésiliennes, provoquant l'augmentation du " risque Brésil ", une hausse du dollar et une baisse en Bourse. Elles ont réaffirmé ainsi que " les marchés " chercheront, jusqu'au dernier moment, à ce que le prochain président soit leur homme de confiance.

Une victoire pour la classe ouvrière

Ce n'est pas un hasard si les travailleurs latino-américains suivent avec un grand intérêt la campagne électorale brésilienne. Une victoire de Lula signifierait une déroute électorale pour les plans impérialistes sur le continent. Cela signifierait, particulièrement pour les travailleurs brésiliens, pouvoir régler son compte à l'actuel président Cardoso et un encouragement à la lutte pour tous les secteurs de la classe ouvrière. C'est pour cela que la principale tâche des travailleurs et des révolutionnaires consiste, non seulement à intervenir dans les luttes et à organiser la campagne contre l'ALCA, mais surtout à se tenir en première ligne dans la bataille pour que Lula soit élu président, en exigeant dans le même mouvement un programme de rupture avec l'impérialisme, les banquiers et les grands propriétaires terriens.

Miguel Malheirosconseiller municipal PT de Niteroi ; membre de Convergence socialiste des travailleurs
Modifié le jeudi 23 juin 2005
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