A l’instar de toutes les organisations politiques en France, La Commune a, ces dernières années, rencontré d’importantes difficultés organisationnelles, des crises internes de direction, des difficultés de renouvellement générationnel et de recrutements. S’ajoutent, depuis peu, des désaccords politiques majeurs avec une partie du Comité Exécutif International (CEI) de la LIS sur la situation politique en France.
Ces désaccords sont nés d’une compréhension différente des événements et, par conséquent, des tâches qui y correspondent.
Nous refusons de mener une politique d’unité avec des secteurs issus des rangs du NPA et de toutes ses tendances car nous pensons que ceux-ci font justement partie du problème que tentent, par la lutte des classes, de résoudre les travailleuses et travailleurs de ce pays.
Cette politique « unitaire », nous l’avons menée en 2008-2009 en intégrant le NPA quand celui-ci, avec 10 000 adhérent.e.s, incarnait encore le projet de construction d’un parti ouvrier large, anticapitaliste, féministe, anti-raciste et écologiste. Nous en sommes sortis en 2014. Nous voyons aujourd’hui le fracas de ce parti gangrené, dès sa création, par un électoralisme forcené, véritable garde-flanc du stalinisme et de la social-démocratie, du Front de Gauche hier, à La France Insoumise et à la NUPES aujourd’hui.
Vouloir mener une politique de front unique d’appareils en lambeaux, c’est méconnaître la crise de régime, les causes et les effets de l’abstention ouvrière, la crise des partis bourgeois, ouvriers-bourgeois et d’ « extrême gauche ». C’est méconnaître la réalité de la politique française et, au fond, le rejet viscéral par la classe ouvrière de toutes celles et ceux qu’elle considère comme les responsables de leurs problèmes.
De manière bureaucratique, sans aucune discussion entre le CEI de la LIS, ses sections, et le groupe La Commune, deux dirigeants du CEI de la LIS ont décidé de prendre des contacts directs avec des groupes français comme L’Étincelle, Anticapitalisme et Révolution, ou des militants issus du CCR-Révolution Permanente.
Nous avons pris acte de cette nouvelle orientation politique dont l'objectif est la constitution d'un front électoral. Nous jugeons cette politique fausse et néfaste et en avons tiré toutes les conclusions qui s’imposaient.
Paris, le 20 décembre 2022
]]>Mariano Rosa, coordinateur du Réseau Écosocialiste d'Argentine
Le Forum a dépassé toutes nos attentes. De la minute d'ouverture, avec un atelier de départ qui comprenait des représentants du Pakistan, du Liban et du Brésil, à la fin, avec l'Amérique centrale au centre du débat et la solution stratégique à la crise de civilisation, les participants ont présenté un vrai rapport global du paysage socio-environnemental. Il y a eu des témoignages d'intervention directe dans les processus de mobilisation, il y a eu des définitions théoriques et politiques, il y a eu des propositions alternatives et il y a surtout eu des coïncidences de fond sur des questions-clés :
▪ Le Pakistan, sa réalité de catastrophe humanitaire et la campagne internationale promue par la LIS en soutien à l'activité de « La Lutte », sa section nationale.
▪ Le Liban et le rôle des gouvernements, du régime et de la bourgeoisie locale dans la mauvaise infrastructure de transport et de traitement des déchets du pays, qui a d'énormes conséquences environnementales.
▪ Le Brésil, avec la réalité de la déforestation catastrophique en Amazonie, poumon vert de la planète. Et les continuités entre Lula-Dilma et Bolsonaro.
▪ Le débat très riche sur le bilan écologique du stalinisme en Europe de l'Est et l'approfondissement avec le capitalisme restauré, ainsi que des expositions très intéressantes de référents de la région.
▪ Il y a eu une approche approfondie de l'extractivisme dans ses diverses expressions et de l'agenda socio-environnemental en Argentine. Également de Curitiba, au Brésil, l'expérience du véganisme populaire a été incorporée.
▪ De l'Australie à l'Asie du Sud, avec une perspective écosocialiste en toile de fond et les polémiques contre les fausses idéologies propagées par les usines du capitalisme, ainsi que l'apport de thèses sur la planification démocratique de l'économie en faisant appel à des outils cybernétiques avancés, développés dans une autre instance dans le Forum.
▪ L'Afrique, avec une radiographie dramatique et objective sur le bilan du pillage et de la déprédation colonialiste, a eu un impact particulier en raison des explications bien informées et solides des participants kenyans.
▪ Enfin, l'Amérique centrale, dotée d'une biodiversité extraordinaire attaquée par les entreprises et les gouvernements locaux, menacée par la matrice de pillage impérialiste, a clos les débats avec des contributions du Panama et du Nicaragua, ainsi qu’une perspective plus globale du marxisme pour une alternative afin de surmonter la catastrophe écocide du système.
En bref : deux jours d'échange, d'apprentissage et d'accumulation d'expérience militante sur les territoires.
Des coïncidences, des défis stratégiques
Il y eut un accord général très puissant pour identifier la logique du système capitaliste mondial comme la cause centrale du désastre écologique planétaire. Le profit comme axe, la crise économique de plus d'une décennie comme déclencheur de mécanismes de plus grande exploitation, d'oppressions et de marchandisation de la nature, étaient des données de consensus essentiel parmi les présentations en général. En ce sens, les contributions des professeurs Renán Vega Cantor et Fernando Benjumea, de Colombie, ont été très claires. Les expériences fournies par les camarades pakistanais, libanais et brésiliens étaient importantes, ainsi que les informations sur l'Afrique des intervenants de cet atelier. Il y avait une nouvelle approche du Collectif hispanophone CibCom, autour de l'utilisation de la technologie dans la planification économique socialiste, avec la démocratie par le bas.
Aussi, l'explication sur la fausse équivalence entre stalinisme et socialisme en matière de politique environnementale, la revendication des premières années d'expérience de la révolution russe sous Lénine et Trotski, développée par Alejandro Bodart du comité exécutif de la LIS. Dans mon cas, j'ai présenté des arguments pour démasquer les fausses solutions du capitalisme vert dans ses versions les plus hégémoniques et celle du Green New Deal, venue des États-Unis. De même, souligner en partie les tâches que nous nous sommes fixés dans la phase actuelle de sensibilité amplifiée face à la destruction du climat et des écosystèmes. Le capitalisme dans sa nature actuelle, contre-révolutionnaire et écocide, nous conduit à un point de non-retour en termes de destruction de la planète et sa portée est internationale.
Clairement, le défi qui nous attend est de renforcer l'organisation internationale pour répondre à la tâche de sauver la planète du désastre et des mains de ces apprentis sorciers qui sont les membres de la minorité la plus dangereuse de l'histoire : le 1% capitaliste qui, dans sa recherche du profit, ne laisse rien après son passage.
Regarder en l’air : activer l'écosocialisme et la révolution
La bonne nouvelle est qu'il y a une croissance exponentielle et énorme de la conscience socio-environnementale et planétaire dans le monde, en particulier chez les jeunes, mais elle imprègne aussi les couches moyennes, populaires et même de la classe ouvrière (il y a eu des grèves face aux lois en faveur des industries polluantes, il y a une prise de conscience croissante chez les enseignant.e.s et chez de secteurs des travailleurs de la santé). Par conséquent, sur la base de cette bonne nouvelle, les défis que nous avons sont :
Alors qu’il a urgence à augmenter les salaires, bloquer les prix et les loyers, alors que les crises énergétiques et climatiques explosent, le gouvernement Macron a fait voter au Parlement deux lois en contradiction avec les besoins fondamentaux de la population. Bien sûr, pas plus la NUPES que les bureaucraties syndicales n’ont appelé à la mobilisation pendant cet été ni aux premiers jours de septembre. Pendant que les syndicats réformistes, vont aller négocier avec Macron dans le Conseil National de la Refondation, la CGT, la FSU et Solidaires invitent à patienter pour manifester le jour J, le 29 septembre, et pas plus, tandis que LFI envisage de mobiliser un samedi de la mi-octobre, juste avant les vacances scolaires. Ce calendrier n’est rien d’autre qu’un plan d’accompagnement et de capitulation devant les impératifs fixés par Macron-Borne et le MEDEF.Les masses sauront déjouer tous ces pièges, balayer ces obstacles ...
]]>La loi d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat a été votée le 4 août 2022 en commission paritaire Assemblée nationale-Sénat. Cette loi fourre-tout révèle tout un arsenal de mesures anti-ouvrières. De ce point de vue, le volet « protection du niveau de vie des Français » tient essentiellement à l'annonce de dispositifs à la marge, ponctuels, temporaires, défiscalisés et exonérés de cotisations sociales. L’ensemble de ces mesures, ajoutées à celles de la loi de finances rectificative pour 2022 (datée du 16 août 2022) qui octroie 44 milliards supplémentaires au budget de l’État, se caractérise par de très faibles revalorisations des salaires et des pensions, en deçà de la hausse de l’inflation (dépassant désormais les 6 %), l’octroi de primes facultatives et dérisoires et ce, sans bloquer la hausse des prix des produits alimentaires, de l’énergie ou des loyers ! Voici les principaux détails de ces deux lois.
Aucune indexation des salaires et des retraites sur l’inflation !
En effet, il n’a aucune mesure pérenne face à l’inflation. Alors que Macron candidat avait promis l’indexation des pensions sur l’inflation, Macron président a décidé que seule interviendrait une revalorisation de 4% des pensions de retraite de base, du Revenu de Solidarité Active (RSA), des allocations familiales ou de l'allocation aux adultes handicapé.e.s. Prévue pour juillet, cette hausse se fait attendre et devrait être versée le 9 septembre…
4 % pour les retraites de base du privé, aucune mesure pour les retraites complémentaires, aucune mesure pour les retraites des fonctionnaires … avec une inflation à 6,1 % et qui pourrait dépasser les 10 % d’ici la fin de l’année !
Pour ce qui est des fonctionnaires en activité, la hausse prévue (3,5 %) ne compense pas la perte de pouvoir d’achat du point estimée par la CGT à 10 % au moins, suite au gel du point d’indice mis en place depuis 2007…
Pour le privé, Macron veut inciter, via un outil de restructuration des branches professionnelles, les partenaires sociaux à rehausser régulièrement leurs minima de branche au niveau du SMIC (après avoir incité au contraire les années précédentes).
Pour rappel, l’indexation des salaires sur les prix a été supprimée en 1983 par le gouvernement socialiste dirigée par Pierre Mauroy, au nom de la lutte contre l’inflation. Aujourd’hui encore, les économistes évoquent la spirale inflationniste qui, si les patrons augmentent les salaires, entraînerait la hausse des prix, et ainsi de suite.
Mais, pourtant, il y a une solution : le blocage de la hausse des prix !
Aucun blocage des prix des produits de première nécessité et des loyers !
Loin de bloquer ou baisser les prix, le gouvernement opte pour une hausse « raisonnée » des coûts de l’énergie : prolongement de la « remise carburant » jusqu’à la fin 2022 (30 centimes par litre en septembre et octobre ; puis 10 centimes par litre en novembre et décembre) ; maintien en 2022 du bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie mis en place fin 2021 (plafonnement de la hausse des factures d'électricité à 4% et gel des prix du gaz à leur niveau d'octobre 2021). Il octroie aussi diverses aides défiscalisées : aide d'urgence pour les foyers se chauffant au fioul (230 millions d'euros) ; doublement pour 2 ans du plafond d’exonération de la prime carburant versée par les employeurs …
La hausse des loyers ne pourra dépasser 3,5 % (seulement jusqu’au 30 juin 2023 !), non compensés par la revalorisation de 3,5% de l'Aide Personnalisée au Logement (APL) que le gouvernement avait précédemment baissée…
Primes, exonérations, défiscalisations
Sinon, ce sont des primes exonérées de cotisations sociales (ancienne prime Macron désormais appelée « prime de partage de la valeur » portée à 3000 ou 6000 euros par an, facultative et distribuée selon le bon vouloir du patron : prime exceptionnelle par l’État de 100 euros par foyer (et de 50 euros par enfant) pour les personnes recevant les minimas sociaux ...)
La loi porte aussi des suppressions ou des réductions des cotisations sociales (possibilité d’heures supplémentairesavec réduction des cotisations sociales pour les entreprises de 20 à 249 salarié.e.s ; suppression définitive des cotisations sociales, jusqu'à 550 euros par an, pour les indépendants touchant un revenu inférieur ou égal au SMIC...)
Ce sont des augmentations de salaires que nous réclamons, et non la charité : 40 millions d'euros (sur 44 milliards !) sont destinées à des associations d'aide alimentaire.
Exonération des cotisations sociales et défiscalisation sont les moyens trouvés par le gouvernement pour que cela coûte le moins cher possible aux employeurs et à l’État … avec son corollaire qui justifiera ensuite toutes les réformes à venir : la hausse du trou de la Sécurité sociale et de la dette de l’État !
Enfin des mesures qui ne coûtent pas un sou aux patrons et gouvernement puisque cela porte sur des sommes appartenant déjà aux salarié.e.s : déblocage possible et exceptionnel de l’épargne salariale jusqu'au 31 décembre 202 ; utilisation possible des tickets restaurant pour tout achat alimentaire jusqu'au 31 décembre 2023.
Et le top du top : la possibilité de rachat des jours RTT (qui seront exonérés d'impôt sur le revenu et de cotisations sociales jusqu'au 31 décembre 2025). Heureusement que Jospin et Aubry ont annualisé le temps de travail, sinon ce n’aurait jamais été possible !!!
N’oublions pas les différents cavaliers législatifs de cette loi d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat : mesures de « protection du consommateur » (résiliation en ligne facilitée ; lutte contre les pratiques commerciales illicites…) ; mesures sur le transport routier de marchandises ; mesures sur les huiles usagées comme carburant ; mesures concernant « la souveraineté énergétique ».
Recours aux énergies fossiles
Arrêtons-nous sur ces mesures de « souveraineté énergétique » et aux dispositions de sécurité prise pour les approvisionnements en électricité et en gaz ainsi qu’à l’accès régulé à l’énergie nucléaire. Une partie des mesures porte sur le stockage de gaz naturel en vue de faire face à toute « menace pesant sur la sécurité d’approvisionnement en gaz naturel ou en électricité », sur les mesures d’urgence et exceptionnelles permettant à l’État de décider dans ces situations. En dehors de toute décision démocratique ou contrôlée par le Parlement, le gouvernement, probablement en Conseil de défense comme le 2 septembre 2022, décidera le choix des utilisations de l’énergie : lesquelles sont indispensables, lesquelles sont inutiles ...
Dans la loi sur le pouvoir d’achat, a été décidé le recours aux énergies fossiles : réquisition des centrales à gaz pendant 4 ans maximum, création d’un terminal méthanier flottant au large du Havre, remise en route des deux dernières centrales à charbon, celle de Cordemais (Loire-Atlantique) encore en activité et celle de Saint-Avold (Moselle) qui devait fermer en mars 2022…
Le projet de terminal méthanier est porté par TotalÉnergies : l’article 14 de la loi déroge aux obligations d’études environnementales et permet des simplifications administratives pour hâter sa création afin d’augmenter les importations de gaz de schiste en provenance des États-Unis et de gaz du Qatar. Un projet non pérenne ? Il ne sera prêt que dans environ un an et demi et nécessitera a minima 10 ans pour être amorti, 20 pour être rentable. C’est un recours durable aux énergies fossiles ! Aucune mesure à l’opposé pour la recherche et le développement des énergies renouvelables !
Par contre, dans la loi de finances, la renationalisation totale d’EDF (pour un coût 9,7 milliards d'euros) permettra à l’État de prendre en charge la lourde dette de l’entreprise et orienter la production de l’électricité vers le nucléaire, en investissant dans un nouveau programme de réacteurs. C’est toujours le même principe : au privé et aux capitalistes, les profits ; à l’État, et à la population, la dette et les investissements !
Parmi les divers cavaliers législatifs : si la destruction de l’archéologie préventive a été évitée de peu grâce à la vigilance des salarié.e.s du secteur, le programme d’ajustement capitaliste est mis en place par la suppression dès 2022 de la contribution à l'audiovisuel public (« redevance télévision »), mettant en mal l’indépendance et l’existence du secteur public audiovisuel mais aussi, à l’initiative du Sénat, une enveloppe de 20 millions d'euros pour lancer le chantier de la carte Vitale biométrique dans l'objectif de lutter contre la fraude sociale !!!
Ces deux lois n’ont décidément rien à voir avec la défense et l’augmentation du pouvoir d’achat de la classe ouvrière. On l’a remarqué : les chômeuses et chômeurs sont exclu.e.s du dispositif et subissent de plein fouet la réforme de l’assurance-chômage. La baisse de leur indemnisation par cette réforme n’est a priori pas suffisante pour le gouvernement qui envisage une nouvelle réforme sur ce sujet très prochainement.
Pendant que le Parlement votait ces deux lois, le gouvernement aiguisait ses armes pour baisser encore le coût des pensions en reculant l’âge de la retraite, en fusionnant les régimes...
Il n’y a qu’une riposte, la grève générale
Face à ces attaques, force est de constater que la NUPES n’a fait que gesticuler au Parlement. En menant une « bataille d’amendements », qui n’a bien sûr donné aucun résultat, tout en excluant l’intervention directe des masses pour augmenter le rapport de forces face à Macron, à la droite, à l’extrême droite et au MEDEF.
Alors que l’été a été égrené de grèves multiples en France pour l’augmentation des salaires, comme dans le reste de l’Europe, aucune bureaucratie syndicale ne s’est risquée à appeler à la grève générale durant le temps du débat parlementaire ou même dès la rentrée.
Au contraire, dès juin, les salarié.e.s ont été appelé.e.s à une grande mobilisation … le 29 septembre ! Mélenchon qui voulait soi-disant en découdre, convoque désormais sa « Marche contre la vie chère » en octobre ! Les provocations de Macron avec la fin de l’abondance et de l’insouciance n’y ont rien fait : la grève du 29 septembre, et pas avant, sera sans lendemain.
Le seul renoncement des organisations politiques et syndicales, à part bien sûr la CFDT, la CFDT et la CGC, sera de ne pas se rendre au Conseil National de la Refondation ou CNR que Macron convoque le 8 septembre. Une énième fausse concertation avec des Français.e.s tiré.e.s au sort auquel.le.s Macron voulait jouer son air favori, en bras de chemise, celui du héros entraînant la nation derrière lui ! C’est un peu mal parti...
Quoi qu’il en soit, si le 29 n’est pas suivi d’un 30, rien ne sortira de la mobilisation !
Pour La Commune, la tâche immédiate est la satisfaction des besoins de la classe ouvrière par un plan d’urgence, par la grève générale jusqu’à satisfaction :
Augmentation générale de 500 euros nets des salaires, des minima sociaux et des pensions à égalité hommes et femmes
Pas un salaire, pas une retraite en dessous de 2 000 euros nets
Indexation des salaires et des retraites sur les prix
Retour à la retraite à 60 ans, pour 37,5 annuités de cotisations et un taux de remplacement de 75 %
Baisse et blocage des prix sur les produits de première nécessité et suppression de la TVA
Retour immédiat de l’ISF afin que la crise soit payée par ses responsables, les capitalistes
Défense inconditionnelle de la Sécurité sociale, du salaire différé, sur les bases du modèle 1945
Paris, le 6 septembre 2022
]]>
L’année dernière, Netflix a sorti « Don’t Look Up » (Ne regardez pas en l’air), avec Leonardo DiCaprio. L’intrigue du film est assez simple : un groupe de jeunes scientifiques découvre par des calculs astrophysiques qu’un astéroïde va entrer en collision avec la Terre dans six mois, il va provoquer une extinction massive. L’histoire exprime trois idées, que nous avons reprises afin de présenter un parallèle avec le panorama planétaire actuel, réel, non cinématographique :
Contrairement au bon sens installé par les responsables, le groupe de jeunes scientifiques lutte contre l’idée de « ne pas regarder en l’air », c’est-à-dire qu’ils combattent le scepticisme dans des conditions d’extrême minorité.
Bien sûr, nous n’allons pas romantiser ce film ni recommander sans critique tout produit culturel Netflix avec tout son bagage idéologique. Mais nous retenons un message sous-jacent comme orientation et fondement de l’appel de notre 1er Forum socio-environnemental international : oui, nous regardons en l’air, les yeux grands ouverts. Parce qu’il n’y a pas de planète B.
Pas une minute de plus
Le livre de Nathaniel Rich, « Perdre la Terre », avance une thèse incontournable : en 1979, nous savions déjà pratiquement tout ce que nous savons aujourd’hui sur le changement climatique. La science du climat des années 1970 et 1980 a anticipé les coordonnées centrales de la dynamique par rapport à l’effet de serre qui se jouent aujourd’hui presque au millimètre près. D’attendre, de retarder, de nier, de distraire, telle est la réponse que les puissances capitalistes du monde ont déployée depuis lors jusqu’à aujourd’hui. James Hansen, climatologue à la NASA, a publié un article sur le sujet dans le magazine Science en 1981 et a comparu devant la Commission de l’énergie et des ressources naturelles du Sénat américain en 1988. Il a présenté des preuves catégoriques menant à une conclusion claire : les émissions de CO2 provenant principalement de l’utilisation massive de combustibles fossiles provoquent une hausse de la température moyenne de la planète. Il a sonné une alarme retentissante au cœur du pouvoir politique impérialiste. Il a été stigmatisé, persécuté, ostracisé scientifiquement.
Plus encore, dans la préhistoire du mouvement socio-environnemental, nous savons aujourd’hui que les scientifiques de la compagnie pétrolière Exxon ont prédit avec exactitude en 1982 les niveaux de CO2 dans l’atmosphère que nous avons récemment atteints. Disposant de ce précieux outil social, cette corporation a choisi de tout dissimuler et de consacrer des millions de son budget publicitaire à la promotion d’un négationnisme climatique militant flagrant. Après tout cela, les rapports du GIEC se sont succédé, de 1990 jusqu’au dernier il y a quelques semaines, vérifiant et soutenant avec une solidité scientifique toutes les hypothèses de Hansen et des climatologues d’il y a 50 ans. Mais pour conclure cette partie de l’article, une donné qui quantifie les conséquences du retard capitaliste à prendre des mesures urgentes : de 1992 à aujourd’hui, 50% de toutes les émissions de CO2 de l’histoire de l’humanité ont été émises dans l’atmosphère. Impresionante.
Des apprentis sorciers, cherchant la quadrature du cercle
La courbe des émissions augmentant d’année en année, la nécessité de mesures structurelles et globales est devenue évidente. Cela pousse le capitalisme mondial et sa dynamique économique dans un coin, vers une reproduction élargie permanente et dépendante du pétrole. Pour le sauvetage d’urgence de l’1%, les porte-parole rémunérés de la science du climat sont toujours là pour proposer des solutions technologiques innovantes. Depuis quelques années, peux, l’intervention de ces porte-parole de la science indigne est clairement perceptible dans les rapports du GIEC, truffés de divers acronymes :
Ces solutions inédites permettraient de rendre compatibles le capitalisme et la réduction des émissions. Il s’agit de ce que l’on appelle des « technologies à émissions négatives », dont le but serait d’éliminer le CO2 qui existe déjà dans l’atmosphère. Alors, quelles sont les conséquences de l’action de ces découvreurs de la quadrature du cercle ?
On peut continuer à brûler des combustibles fossiles plus longtemps.
Opter pour une décarbonisation plus lente et oublier les plans encombrants de réduction drastiques. On peut même dépasser temporairement les limites de réchauffement de 1,5 ou 2°C, puis stabiliser à nouveau le climat en dessous de ces limites.
Si cela peut sembler être une technicité exagérée, c’est en réalité ce que cachent les slogans de « zéro-net », de « compensations de carbone » et de « solutions fondées sur la nature » qui dominent les politiques climatiques officielles dans le monde entier.
Or, quel est le petit détail mineur ? Ni les performances ni la viabilité de ces technologies n’ont jamais été testées.
En bref, comme dans le film de DiCaprio, au lieu de dévier l’astéroïde, le cours des politiques climatiques officielles du capitalisme dominant veut risquer le sort de toute la civilisation à des instruments technologiques coûteux et incertains, capables de tout résoudre à la dernière minute. Nous leur disons haut et fort : pas question !
Les yeux grands ouverts : comprendre, agir, changer ce qu’il faut
Il y a 20 ou 30 ans, le négationnisme avait peut-être plus de marge d’action et d’influence puissante. Mais à fur et à mesure que les effets du réchauffement climatique sont devenus plus visibles, la prise de conscience sociale a augmenté. Surtout avec la vague verte pré-pandémique de mobilisation des jeunes qui a mis en avant la gravité et l’urgence de la question avec des protestations internationales majeures. En outre, l’accent est désormais mis sur les mesures de sauvetage éco-social pour notre civilisation.
Et à ce niveau, nous, les anticapitalistes et écosocialistes de la LIS, avons beaucoup à dire : par notre expérience des luttes, par l’élaboration théorique et politique, par le fait d’avoir les yeux grands ouverts pour comprendre, pour agir et pour transformer ce qu’il faut.
Depuis cette perspective, bien à gauche de l’ensemble de la soi-disant communauté internationale cooptée par les entreprises, nous appelons au 1er Forum socio-environnemental international, et nous lançons un appel spécial aux jeunes qui luttent dans le monde entier contre les atrocités causées par la matrice productive capitaliste qui menace l’avenir de la vie planétaire.
Afin de parvenir à des conclusions communes et de nous organiser de manière consciente, nous proposerons de délibérer en panels avec des intervenants de différents pays sur divers axes thématiques stratégiques, avec des participant.e.s des cinq continents.
Par-delà les frontières. Avec la tâche historique d’activer le frein d’urgence. Le 10 et le 11 septembre. Parce qu’il n’y a pas de planète B.
Formulaire d'inscription :
https://forms.gle/nXhaXHRUUEUcYroPA
Les inondations catastrophiques dans la majeure partie du Pakistan ont une fois de plus révélé l’état désastreux de l’infrastructure du pays. Comme dans beaucoup d’autres pays pauvres, le misérable capitalisme pakistanais en crise est incapable de faire face aux catastrophes du changement climatique provoquées par le système.
Plus de 30 millions de personnes ont été touchées par les récentes inondations et des milliers sont déjà mortes. Des dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées sans abri et sans défense en plein air. On craint que le pire ne soit encore à venir sous la forme de plus de pluies, d’inondations, d’épidémies dans les zones touchées, d’inflation alimentaire et d’aggravation de conditions économiques déjà désastreuses. Il n’y a pratiquement aucune aide du gouvernement, embourbé dans la crise économique la plus profonde sous la tutelle du FMI.
Les victimes des inondations ont besoin de notre soutien et de notre aide immédiate. La mise à disposition d’endroits sûrs et secs, de nourriture, d’eau potable, de tentes et de médicaments, peuvent sauver d’innombrables vies. En plus de ces mesures, il faut une campagne de protestation des travailleurs et des étudiants à travers le pays pour forcer le gouvernement à lancer un programme complet d’aide et d’indemnisation.
Par conséquent, il est urgent d’établir des « Comités révolutionnaires de secours et de protestation contre les inondations » dans tout le pays. Ces comités, en plus des campagnes de secours et de protestation, organiseront des campagnes de sensibilisation de masse sur la vulnérabilité de la situation actuelle.
Nous affirmons que les classes dirigeantes, y compris les capitalistes, les propriétaires foncières et les ONG impérialistes, ainsi que leurs institutions de domination de classe et le statu quo, ne croient qu’à l’exploitation et au pillage des ressources publiques. Nous ne pouvons pas laisser à leur merci nos frères et sœurs de classe dans les zones touchées par les inondations. Seuls les exploités et les opprimés peuvent comprendre la douleur des autres exploités et opprimés.
Par conséquent, nous t’appelons à faire partie de la « Campagne révolutionnaire de protestation et d’aide face aux inondations » et à apporter un soutien financier, politique et social aux victimes des inondations. Nous invitons toutes les organisations politiques et sociales progressistes au niveau national et international, y compris des syndicats, des organisations étudiantes et des organisations des droits humains, à se joindre à la campagne.
Des demandes immédiates
1. Toutes les ressources gouvernementales doivent être utilisées sur le pied de guerre pour secourir les personnes prises au piège des inondations.
2. Fourniture de nourriture et de soins médicaux immédiats aux victimes des inondations.
3. Les bâtiments gouvernementaux et autres palais somptueux des classes dirigeantes devraient être utilisés pour loger et pour indemniser les victimes des inondations qui restent sans abri.
4. Toutes les zones touchées par les inondations doivent être déclarées affectées par la calamité et toutes leurs factures de services publics, taxes et autres obligations doivent être annulées pendant au moins un an.
5. Tous les frais de scolarité et autres frais pour les étudiants dans les zones touchées par les inondations doivent être annulés immédiatement.
6. Un montant d’au moins un demi-million de PKR doit être accordé à chaque famille concernée.
7. Le gouvernement doit reconstruire toutes les maisons emportées par les inondations.
Pour plus de détails sur nos activités de secours et de protestation, suivez notre page Facebook : https://www.facebook.com/flood.campaign
Bientôt, nous lancerons un appel financier international.
]]>En 2019, 184 personnes ont été exécutées par décapitation selon Amnesty International. Depuis l’accession au pouvoir de la famille Salmane, le nombre de journalistes ou de blogueurs emprisonnés a plus que triplé. Le militant des droits de l’homme, Abdallah el-Hamid, condamné à onze ans de prison pour avoir rompu « l’allégeance au roi », est mort d’un supposé accident vasculaire cérébral.
Le bilan du prince ne s’arrête pas là. Le droit des femmes est bafoué ; militer pour le droit des femmes est à très haut risque. Loujan al-Hathloul a croupi trois années derrière les barreaux pour avoir réclamé le droit des femmes à conduire. Pendant ces trois années, elle a passé plusieurs mois au secret où elle a été torturée et victime de violences sexuelles. Elle est aujourd’hui en liberté conditionnelle avec interdiction de toute apparition publique, et sous surveillance renforcée de la « State Security », la police secrète du prince.
Tous les ingrédients d’une dictature sanguinaire sont au rendez-vous. Mais l’Arabie Saoudite a un atout dans sa manche : elle est la grande amie des « démocraties » occidentales. Détenir la deuxième réserve mondiale de pétrole vous amène des amitiés particulières. En mars 2022, les exportations ont atteint 30,6 Mds USD, une augmentation de 123 % par rapport à 2021 ; ce qui pourrait donner une recette de 300 Mds.
Hormis la dépendance des pays occidentaux au pétrole saoudien, cette manne économique permet à ces mêmes pays occidentaux de se créer des marchés lucratifs avec la dictature. La France s’est ouvert un marché de matériel militaire, matériel qui permet aux saoudiens de massacrer le peuple yéménite dans l’indifférence généralisée des profiteurs de guerre. L’ Arabie Saoudite est le premier client de la France avec les Emirats Arabes Unis, qui sont eux aussi pleinement impliqués dans la guerre sale au Yémen. Avec ce merveilleux tableau de chasse, la France est le troisième exportateur d’armes au monde.
De là à dire que le gouvernement français s’assoit sur les droits démocratiques des peuples et sur les massacres qui en découlent, il n’y a qu’un pas. Et ce pas, la France le franchit quotidiennement. Macron, en grand démocrate, est très attiré par les dirigeants autoritaires, voire meurtriers. Il suffit de regarder dans son agenda pour s’en convaincre. Le 18 juillet, il a reçu Mohamed ben Zayed al-Nahyane, président des Emirats Arabes Unis, dénoncé par Amnesty international comme un despote brutal ; toutefois, il est bon de rappeler que le despote a commandé 80 Rafale à Dassault et que son territoire héberge trois bases militaires françaises. Un peu plus tard, il a reçu Abdel Fattah-al-Sissi, le dictateur égyptien, qui a fait enfermer dans ses geôles 60 000 prisonniers politiques ; mais ce dernier a acheté 54 Rafale et d’autres équipements militaires. Fin juillet, il a fait le tour des popotes africaines où il a rencontré Paul Biya, président du Cameroun depuis 40 ans et aussi chasseur d’opposants. Et pour finir, il reçoit « le prince meurtrier » lui redonnant ainsi un statut international qu’il avait perdu après l’assissanat de Jamal Khashoggi.
Finalement, le boucher de Ryad rentre chez lui après un séjour agréable payé par nos impôts. Il semble que Macron n’ait pas mieux fait que Biden. Il devrait néanmoins se rappeler de la grenouille de La Fontaine qui finit par exploser en vol ; c’est d’ailleurs tout ce que nous lui souhaitons.
]]>
Ce qui reste de cette triste collaboration est que l’élève a parfaitement appris de son maître.
C’est cette année le soixante-quatorzième anniversaire de l’expulsion de plus de 700 000 Palestiniens de leurs villes et villages. La Nakba reste pour le peuple palestinien un souvenir de souffrance face à la dépossession de leur terre. Malgré le droit international, les réfugiés n’ont jamais pu revenir à leurs domiciles qui pour une grande partie ont été détruits. A ce jour, plus de 5,6 millions de Palestiniens sont réfugiés et au moins 150 000 sont possiblement expulsables par les autorités sionistes.
L’apartheid est une violation des droits humains garantis par le droit international, ainsi qu’un crime contre l’humanité selon la Convention sur l’apartheid ; il est constitué quand existent « de graves violations des droits humains commis dans le cadre d’un régime institutionnalisé d’oppression systématique et de domination d’un groupe racial sur tout autre groupe racial ».
L’oppression qu’impose l’État sioniste aux Palestiniens, au cœur de son territoire comme dans les territoires occupés, correspond à la définition juridique sur l’apartheid. Au sein d’Israël, le million et demi de Palestiniens sont victimes de ségrégation en ce qui concerne la nationalité, le mariage, le droit au travail… Dans les territoires occupés, l’armée israélienne contrôle l’eau de Cisjordanie. Aucun droit ne régit le travail. Les Palestiniens vivent dans ce qui ressemble à des « Bantoustans » sous l’autorité de l’armée leur refusant de circuler sans autorisation. Le territoire de la Cisjordanie est envahi de colonies défiant les lois internationales. La pauvreté devient le lot quotidien des Palestiniens ainsi que la perspective d’être abattu au bon gré de l’armée et des colons.
Alors oui, Israël est un régime d’apartheid. N’en déplaise à Anne Hidalgo, madame 1,75 %, qui voit dans la reconnaissance de l’apartheid la porte ouverte à des affrontements communautaires. Quant au CRIF, il hurle à l’antisémitisme alors qu’il est bien évidemment le plus fidèle valet de l’État sioniste, en utilisant la bonne vieille formule : antisionisme égal antisémitisme.
Pour nous, les choses sont claires. Nous avons toujours combattu le sionisme et ce ne sont pas les cris de la bourgeoisie et de leurs serviteurs qui nous empêchera partout où ce sera possible de défendre le droit du peuple palestinien à vivre sur sa terre.
]]>
Alors, il se pose une question, Cayeux a-t-elle sa place dans ce gouvernement de fonds de tiroirs ?
La réponse est rapide, le gouvernement l’a donnée lui-même.
Tout d’abord, par le silence de pratiquement tous ses membres. Aurore Berger considère que tous les membres du gouvernement luttent contre l’homophobie y compris Cayeux, pas froid aux yeux Aurore. Pour Olivier Véran ou Stanislas Guérini, Cayeux s’est excusée donc circulez il n’y a rien à voir. La ministre déléguée à l’égalité, Isabelle Rome, n’a pas eu un mot pour les LGBTI+. Quant à la première ministre elle affirme : “Caroline Cayeux a présenté des excuses… Les choses sont désormais claires.” Des excuses suffisent. Voilà
comment on tire un trait sur des insultes visant une partie des citoyens.
Puis, par la composition de ce gouvernement dans lequel Cayeux ne fait pas exception. Commençons par le chouchou de Macron. Gérald Darmanin bien sûr qui faisait l’éloge de la Manif pour tous, a déclaré que : ”personnellement il ne célèbrerait pas de mariages entre
deux hommes ou deux femmes”. Il est vrai qu’il est plus aisé d’harceler des femmes plutôt que de leur reconnaître des droits. Ce sont Sébastien Lecornu, Jacqueline Gourault, et Jean-Baptiste Lemoyne qui ont milité contre les droits “de ces gens-là”. Le pompon revient à Christophe Béchu qui déclarait, sans broncher, en 2013 : ”Certains défendent (le mariage pour tous) en étant persuadés qu’il représente un progrès de civilisation. Souffrez que, pour notre part, nous avons la conviction que non seulement ce n’est pas le cas, mais que ce texte menace l’équilibre de notre société.”
Tu vois Cayeux tu n’es pas seule. Et ce malgré les déclarations de soutien aux LGBTI+. La duplicité de ce gouvernement est à vomir. Mais à quoi s’attendre d’un gouvernement de menteurs, de délinquants en col blanc et d’harceleurs patentés.
Voilà une preuve de plus qui nous renforce sur notre mot d’ordre : dehors Macron et sa clique.
]]>La dictature d’Ortega-Murillo a réagi en militarisant la frontière pour empêcher la Commission Internationale d’entrer et de rendre visite aux prisonniers politiques, corroborant ainsi toutes les dénonciations faites par les proches et montrant en même temps son inquiétude au sujet de l’initiative internationaliste promue par la LIS. Pour en savoir plus sur l’activité de la Caravane historique qui a atteint la frontière du Nicaragua, nous avons interviewé notre camarade Mariano Rosa, leader du MST dans la FITU d’Argentine et coordinateur de la Commission.
Par Mariano Rosa, depuis le Costa Rica
Tôt le vendredi matin, des dizaines d’autobus, de fourgonnettes, de voitures privées et d’autres moyens de transport se sont rassemblés à San José, la capitale du Costa Rica, tous mis à disposition par les membres des familles et les organisations sociales et politiques qui ont encouragé l’initiative : le PRT et d’autres organisations costariciennes, les parlementaires du FITU d’Argentine, dont notre camarade du MST Luciana Echevarria, les membres du MES PSOL du Brésil et d’autres représentants d’organisations du Panama, du Mexique et de la République Dominicaine.
Au cours des jours précédents et grâce au travail militant de diffusion, de très importantes adhésions et volontés se sont ajoutées, en même temps qu’une grande sympathie se reflétait au sein même du Nicaragua, au-delà du blocus du régime.
Chaque jour, l’équipe d’organisation, chargée de la logistique, a dû intégrer de plus en plus de moyens de transport, et au milieu de la semaine, nous avons reçu une nouvelle très importante ; le ralliement du mouvement paysan, avec une délégation très représentative de son camp d’Upala, dans le nord du Costa Rica, en route pour le Nicaragua, dirigée par Doña Francisca « Chica » Ramírez, l’une des plus importantes dirigeantes des luttes paysannes « anti-canal » et pour la libération des paysans emprisonnés dans l’unité pénitentiaire de Chontales au Nicaragua.
En outre, un contingent de 30 journalistes a accompagné l’ensemble du parcours de la caravane de la dignité, faisant connaître cette importante initiative.
Des manifestations croissantes de sympathie, de solidarité et de soutien social à l’initiative de la Commission et de la LIS
Tout au long du trajet de la Caravane, des centaines de personnes sur le bord de la route ont salué et exprimé leur solidarité en brandissant des drapeaux bleus et blancs, emblèmes de la lutte contre la dictature au Nicaragua. En effet, dans ce pays, il est interdit de faire flotter le drapeau national dans les rues et il est passible d’une peine d’emprisonnement. Il est donc devenu un emblème de lutte et de résistance contre la dictature, malgré le fait que des secteurs du grand capital et de l’église veulent s’approprier son utilisation.
Tout au long de la journée, et surtout après que le résultat final de l’action et la réponse du gouvernement Ortega ont été connus, il y a eu aussi des manifestations très importantes de solidarité locale et régionale, comme la déclaration publique et le communiqué contre la politique Ortega-Murillo de l’écrivain vivant le plus important du Nicaragua, la célèbre exilée Gioconda Belli.
L’arrivée à la frontière et le rôle du gouvernement du Costa Rica
La caravane a fait une halte avant la frontière, dans la ville de La Cruz, où s’est produite une réunion avec le mouvement paysan, où j’ai eu l’occasion de prendre la parole, en ma qualité de coordinateur de la Commission pour la Ligue Internationale Socialiste, avec la dirigeante Francisca « Chica » Ramirez. Après cette activité, nous sommes partis sous la garde de la police costaricienne vers le poste frontière situé à 300 mètres du territoire nicaraguayen. Une fois sur place, il était prévu et convenu que la police costaricienne accompagnerait la caravane jusqu’au territoire nicaraguayen, pour faciliter notre entrée auprès des autorités d’immigration de ce pays ; cependant à la frontière la situation était totalement différente. Face à la détermination de la Commission pour réaliser sa mission d’entrée, la détermination de la dictature Ortega-Murillo à empêcher l’entrée de la Commission avec le message menaçant d’un énorme déploiement militaire, estimé à plus de 300 soldats, plus des tireurs d’élite et des paramilitaires, a fini par fermer effectivement la frontière avec le Costa Rica. Face à cela, le gouvernement costaricien, en quasi accord avec le gouvernement nicaraguayen, a empêché la Commission de s’approcher du poste frontière de Peñas Blancas au prétexte qu’il ne pouvait garantir la sécurité du contingent et pour éviter « une crise ou de graves conséquences dans les relations diplomatiques entre le Costa Rica et le Nicaragua« .
À ce stade, nous ne pouvons que dénoncer le rôle du gouvernement du président costaricien Chavez, qui, à plusieurs reprises et au-delà d’une occasionnelle manifestation isolée, a essayé de cohabiter et de maintenir des relations avec la dictature et ne l’a nullement condamnée. Par exemple, lorsqu’il a été confronté à la nécessité de nommer un fonctionnaire d’Amérique Centrale à un organe régional chargé des relations commerciales avec l’Union européenne, il a d’abord soutenu une proposition de la dictature d’Ortega-Murillo en ce sens, pour ensuite faire marche arrière en raison du refus massif. Il également bloqué les possibilités d’entrée, refusant les visas aux jeunes nicaraguayens étudiants de la LIS exilés en Argentine, et lorsque la Commission est arrivée à la frontière, il a agi comme un coéquipier de facto avec la dictature, puisqu’il n’a rien fait pour faciliter la coordination pour l’entrée effective de la Commission au Nicaragua. C’est pourquoi nous voulons être catégoriques sur ce point : le gouvernement costaricien travaille en tandem avec le gouvernement nicaraguayen et, au-delà de sa façade démocratique, n’a fait que montrer sa totale complicité avec le gouvernement nicaraguayen.
Militarisation et fermeture des frontières : la dictature nous donne raison
Il n’existe aucune information sur un déploiement militaire de plus de 300 tireurs d’élite au poste frontière de Peñas Blancas au cours des quatre dernières années. Il n’y a pas non plus de trace de fermeture de la frontière, comme dans le cas présent, à l’arrivée d’une Commission telle que celle qu’a promue la LIS. Il est évident que l’impact de l’action de la Commission, la mise à l’ordre du jour public de la situation des prisonniers qu’elle a réussi à mettre en lumière, la diffusion de l’information au Nicaragua même à travers un millier de canaux alternatifs aux canaux officiels contrôlés par le couple présidentiel, ont conduit la dictature à prendre la décision, d’une part, de faire une démonstration de force et, d’autre part, d’exprimer sa préoccupation quant à l’effet que pourrait avoir sur l’intérieur du pays l’entrée de la Commission avec les caractéristiques de celle que nous avons promue et construite.
En d’autres occasions, la dictature a invoqué que différentes missions de la soi-disant « communauté internationale » (sans le déploiement ou la force de celle que nous avions dans la Commission internationale dirigée par la LIS), étaient envoyées par l’ambassade des États-Unis, interférant et avec des débouchés putschistes. Cette fois-ci, face à une Commission composée de références clairement de gauche, avec une déclaration d’intention avec une large représentation et avec une adhésion internationale se démarquant de tout le camp impérialiste et de toute ingérence, la dictature était si inquiète qu’elle a été obligée de prendre une décision scandaleuse et disproportionnée.
La manifestation de sympathie de l’intérieur du Nicaragua, qui s’est traduite par des milliers de messages, les dénonciations des proches sur ce qui se passe réellement dans les prisons et à l’intérieur du pays, ont plus que corroboré ce que la Commission a mis sur la table : au Nicaragua, il existe un État policier et une action permanente d’humiliation, de torture et de violation des droits de l’homme dans les prisons du Nicaragua, c’est un fait avéré.
]]>Par Mariano Rosa, membre de la Commission internationale
À la fin des années 1970, le peuple nicaraguayen souffre d’une dictature en vigueur depuis plus de 40 ans : le clan familial Somoza, au pouvoir depuis 1936 sous l’égide de la redoutable Garde Nationale. Le père d’Anastasio avait à son actif le le mérite pro-yankee d’avoir mené à bien l’assassinat d’Augusto Sandino, le héros anti-impérialiste du Nicaragua. À ce moment, cependant, les Somoza étaient en proie à de fortes contradictions et à un isolement croissant de la part du haut et à une pression populaire de la part du bas. Le cadre était le suivant :
– Au niveau international, le syndrome du « Vietnam » limite les interventions militaires directes de l’impérialisme américain : les coups reçus en Asie du Sud-Est conditionnent l’ingérence armée. L’administration démocrate, sous la direction de Carter, propose la ligne de « transitions » graduelles vers des démocraties bourgeoises tutorées. Somoza, un allié, résiste au partage du pouvoir.
– Le tremblement de terre qui a détruit Managua en 1972 et les affaires juteuses de la reconstruction sont monopolisées par le somocisme1 : tensions inter-bourgeoises avec des secteurs passant dans l’opposition.
– L’action du FSLN, malgré son orientation foquiste2, dissociée de la classe ouvrière et des centres urbains, a également réussi à devenir la référence politique la plus cohérente contre la dictature, car l’opposition bourgeoise était terrifiée par la mobilisation et se limitait aux articles dénonciateurs de Pedro Chamorro dans les pages du journal La Prensa.
– Ce contexte général a fini par tourner en faveur de la révolution après l’assassinat dudit Chamorro qui a finalement déclenché une semi-insurrection populaire dans tout le pays, laquelle a fini par conduire le FSLN au renversement de Somoza le 19 juillet 1979.
La révolution des espoirs avortés
La chute de la dictature de Somoza a eu lieu au milieu d’une énorme rébellion populaire, violente, imparable et massive. La sinistre Garde Nationale responsable des meurtres et des tortures, a fui en désordre. Tandis que les colonnes du FSLN avancent pour libérer les villes, des masses populaires rejoignent ses rangs. C’était une célébration des masses prenant une revanche historique et réglant leurs comptes avec le somocisme. Des milices populaires se forment, il y a des embryons d’auto-organisation, et l’exécution des personnes de l’ancien régime. Les occupations de fabriques et de fermes du somocisme se multiplient. Il y a un double pouvoir, en fait, dans les campagnes et dans les villes. Cette phase initiale du processus a de forts points de contact avec l’expérience russe de février 1917 : les fondements du capitalisme s’effondrent et les masses ont objectivement tout le pouvoir à leur portée. Cependant, le FSLN a déjà pris un engagement programmatique envers la bourgeoisie « opposante » au régime : former un gouvernement sandiniste d’unité nationale avec la bourgeoisie anti-somociste. Cet accord a pris la forme de la dénommée « Junte de reconstruction nationale » qui, dès le départ, a limité la possibilité d’une expropriation totale de la bourgeoisie et d’une réforme agraire complète. La ligne sandiniste, toujours derrière les masses, était d’accepter l’expropriation et l’occupation des fermes et des usines des propriétaires Somoza. Les capitalistes « démocratiques » voient leur propriété privée respectée. Cette orientation bloque la radicalisation anticapitaliste prise par la révolution à la base depuis la chute de la dictature.
Les aspirations de la paysannerie pauvre à une réforme agraire totale et celles des secteurs les plus militants de la classe ouvrière nicaraguayenne (construction, cuir, enseignants) ont été limitées dès le départ. Le développement de la révolution a surpris la direction du FSLN et son parcours indépendant. À partir de là, sur les conseils de la bourgeoisie alliée et des appareils qui agissent sciemment pour ralentir le processus, des actions répressives sont déployées contre les forces de gauche indépendantes, comme l’héroïque Brigade Simon Bolivar (orientée par le courant international dont nous sommes issus, référencée comme moréniste, de Nahuel Moreno), qui est même expulsée du pays et remise à la police panaméenne de Torrijos. Le « crime » commis ? Fonder plus de 70 syndicats indépendants et proposer un gouvernement des travailleurs et des paysans, sans capitalistes : ni « anti-patriotes », ni « patriotes ». Aucun. Cette ligne s’est heurtée de plein fouet à la conception collaborationniste de classe du sandinisme dès la minute zéro.
Opération » freezer » : ingérence stalinienne, capitulation
Tout le territoire de l’Amérique centrale a été influencé par le processus nicaraguayen. En fait, le Salvador voisin a également connu un processus profond contre la dictature dans ce pays. Les répercussions ont eu un impact sur l’ensemble de la région, et ont été encore plus fortes dans le Cône Sud, qui avait été en proie à des dictatures génocidaires. C’est pourquoi, face à la terreur d’un nouveau « Cuba », l’impérialisme américain a agi rapidement :
– D’abord, en conseillant la bourgeoisie anti-somociste qui a rejoint le gouvernement avec le FSLN et atteint un premier objectif : freiner la dynamique anticapitaliste et expropriatrice de la révolution.
– Plus tard, avec l’abandon de ce secteur bourgeois du gouvernement, remplacé par d’anciens fonctionnaires somocistes (pour donner des signes de fiabilité, disait le FSLN), l’impérialisme a changé et est passé à une étape contre-révolutionnaire sur le plan militaire : il a financé les contingents mercenaires des « contras » qui ont dirigé les opérations de sabotage. Incendies, bombes dans les raffineries et les ports et attaques pour générer panique et confusion. Cependant, au prix de vies humaines très élevées, et malgré les hésitations de la direction sandiniste, la force des masses armées met en déroute la contre-révolution.
Cependant, au lieu de passer à l’offensive en expropriant et en imposant le contrôle ouvrier, Ortega, à la tête du FSLN, suit les conseils de Fidel Castro et entame le processus de signature de pactes et de compromis qui ont empêché la possibilité de radicaliser et de régionaliser la révolution. Ainsi, ils ont accepté de payer la dette extérieure, de ne pas exercer de représailles contre les mercenaires contras, de restituer les fermes et les usines, et surtout, de ne pas collaborer avec la guérilla salvadorienne de Farabundo Martí et de ne pas intervenir dans les conflits régionaux. Le comble de la catastrophe a été d’accepter l’appel aux élections dans le cadre de la démocratie bourgeoise tutélaire. Ainsi, les conséquences sociales et économiques de l’isolement de la révolution ont conduit à la détérioration des relations du FSLN avec les masses et un méga-front électoral d’opposition bourgeoise, avec Violeta Chamorro à sa tête, a récupéré tout le pouvoir politique du pays pour la bourgeoisie. Nous sommes en 1990 et 17 années de néolibéralisme furieux commencent dans le pays du peuple qui était sur le point de prendre le ciel d’assaut. Quoi qu’il en soit, cette histoire ne fait que confirmer la thèse principale de la théorie de la révolution permanente de Léon Trotsky : un processus révolutionnaire qui n’avance pas vers plus d’anticapitalisme et de socialisme à l’intérieur du pays, et international et mondial à l’extérieur, stagne, régresse et se transforme en son contraire. Apprendre, pour ne pas répéter. C’est la leçon politique.
Avec le peuple nicaraguayen : avant, maintenant et toujours
Depuis son retour au gouvernement en 2007 dans le contexte de la vague « progressiste » continentale, le FSLN sous Ortega a appliqué une politique d’administration capitaliste, représentant la nouvelle bourgeoisie sandiniste et concluant des pactes avec les factions capitalistes déplacées. Pendant les années d’opposition, le FSLN a cohabité avec les gouvernements de droite pro-yankees, et même le frère d’Ortega, Humberto, est resté à la tête de l’armée pendant tout ce temps. Les traits les plus bonapartistes, ainsi que la politique clientéliste dirigée vers les masses, se consolident. Les pétrodollars du chavisme ont aidé pendant une décennie, mais la situation commence à changer radicalement et l’aggravation de la crise économique tend les relations avec les directions du grand capital local et de l’église. En avril 2018, une rébellion populaire menée par la jeunesse étudiante affronte la répression du régime et ses mesures monétaristes de réduction des droits des retraités. La violence brutale déchaînée par Ortega-Murillo a radicalisé encore plus cette nouvelle jeunesse militante, enfants et petits-enfants de militants sandinistes, et dans le même temps, a consolidé l’éloignement des leaders emblématiques du FSLN dans un processus qui converge désormais vers une résistance commune.
Les dérives de la sinistre politique du couple dirigeant avec les assassinats, l’exil massif, l’emprisonnement pour protestation, la torture, l’espionnage, les simulacres de procès, et tous les artifices typiques du pire stalinisme, ne font que réaffirmer que nous sommes face à une dictature bourgeoise par son contenu de classe et stalinienne par les méthodes de son régime politique. Pour notre part, en tant que courant historique, nous avons toujours soutenu les causes justes du peuple nicaraguayen : de la Brigade Simón Bolívar en 1979, aux campagnes contre le blocus et le siège impérialiste. Toujours indépendants de la direction sandiniste, toujours critiques à l’égard de sa politique d’enterrement de la révolution. Aujourd’hui, l’impulsion de la Commission internationale des députés de gauche et des défenseurs des droits de l’homme ratifie cet engagement de toute une vie, et collabore à l’unité d’action pour une confluence internationaliste très positive. Parce que nous portons le peuple nicaraguayen et ses luttes héroïques dans nos consciences et nos cœurs. Parce qu’aucune dictature n’est éternelle. Parce que votre combat, Nicaragua, est notre combat. En avant !