Révolte des banlieues : Qui sont les vrais responsables ?

16ème jour de la révolte des banlieues.

Il est désormais impossible d'affirmer, comme le font Sarkozy et le gouvernement qu'il s'agit d'une minorité, d'une frange marginale de la jeunesse des banlieues. Il s'agit bien d'un soulèvement à caractère national qui touche les principales villes du pays et même des villes d'importance moyenne, en région parisienne et en province.

Quelle est la réponse du gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy ? l'état d'urgence et l'envoi en apprentissage dès 14 ans.

l'état d'urgence a été imposé en vertu d'une loi de 1955, loi instituée contre les militants de l'indépendance de l'Algérie. Autrement dit, contre les grands-parents des jeunes d'origine algérienne engagés dans la révolte actuelle.

" On fait ce qu'on veut... "



Cette loi permet d'interdire les déplacements, de perquisitionner jour et nuit, de décider les expulsions et interdictions de séjour, d'assigner à résidence, d'interdire les "réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre " et, dans article 11, de décider la censure de la presse et des média.

C'est une loi qui rappelle les conditions d'une guerre civile...Elle est juste l'étape d'avant l'état de siège.

Comme dit l'historien Benjamin Stora (Libération du 9 novembre), "la réactivation de la loi de 1955 va raviver la mémoire douloureuse des grands-parents. Alors que l 'Etat français a organisé l'amnésie par des lois d'amnistie successives ". Lois d'amnistie des tortionnaires et autres généraux félons et hommes de l'OAS...

Comme l'ont déclaré des policiers lors d'une perquisition en région parisienne : " On fait ce qu'on veut. "

Les autres mesures annoncées par Chirac et Villepin : la création de 20 000 contrats d'accompagnement pour l'emploi et contrats d'avenir et l'abaissement de l'âge de rentrée dans l'apprentissage de 16 ans à 14 ans pour "insérer " les jeunes des banlieues.

Encore plus de précarité et d'exploitation



Autrement dit, au désespoir de cette jeunesse, ils répondent par la multiplication des petits boulots, de la flexibilité, de la précarité et de l'abaissement de la scolarité obligatoire à 14 ans.

Qui tire les marrons du feu ?

Le patronat qui se voit offrir encore de la main - d'oeuvre à bas prix, vulnérable, taillable et corvéable à merci. Ce même patronat à qui les gouvernements qui se sont succédé, de gauche comme de droite, ont offert des "zones franches " dans les banlieues (où ils sont exonérés de charges sociales) et des cadeaux de toute nature.

Qui donc jette de l'huile sur le feu ?



Le gouvernement, le provocateur Sarkozy en tête, répond par la matraque et des mesures aggravant la misère et la souffrance des jeunes et de leurs parents. Depuis 30 ans, ils traitent ces jeunes comme des animaux et aujourd'hui ils s'étonnent de leurs réactions ?

Qui est responsable si les banlieues ont deux fois plus de chômeurs que le reste du pays, avec des pointes à 50%/60% de chômage dans certains quartiers ?

Pourquoi un tiers des jeunes d'origine maghrébine sont-ils au chômage, contre 10% des français de souche (ce qui est déjà trop)

Pourquoi ces banlieues ont -elles à elles seules la majorité des Rmistes du pays ?

Pourquoi dans les média "voyous " est -il devenu quasi-synonyme d' "Arabes ", "jeunes ", "de Maghrébins ", "délinquants ", de "musulmans " ?

Pourquoi un responsable national d'un syndicat de policiers se permet -il en toute impunité d'affirmer que derrière cette révolte on voit le complot islamiste ?

La vérité, c'est qu'il s'agit d'une révolte de la misère, un soulèvement du désespoir : "des garçons affamés, des adolescents victimes d'alcoolisme, je comprends leur révolte. On les prend pour des moins que rien. Les enfants naissent ici, grandissent ici, passent leurs vacances ici et ...échouent ici. Leur univers se résume à glander en bas de l'immeuble. Dans leur tête, c'est perdu d'avance ". (Témoignage d'une enseignante du 93)

l' "Union nationale " contre les jeunes



Que le gouvernement de droite ait choisi la répression et les mesures favorables au patronat, quoi de plus normal après tout. C'est dans sa nature. Mais qu'ont fait les organisations de gauche ?

Sur l'état d'urgence, Jean- Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale a déclaré : " Nous ne sommes pas hostiles par principe au couvre- feu. Il faut rétablir les conditions du respect de l'ordre républicain. C'est la première des priorités ". Chevènement, ancien ministre de l'intérieur a imposé le couvre- feu dans sa ville de Belfort. Quant à André Gérin, maire PCF de Vénissieux, il s'est déclaré lui aussi d'accord avec les mesures Sarkozy sur l'insécurité (France 2, jeudi 6 novembre).

Honte à eux, honte à ces hommes de "gauche " qui unissent leur voix à Chirac-Villepin- Sarkozy au nom de l'"l'ordre républicain et de la "République des droits et des devoirs ", c'est - à - dire celle des droits pour les forts et des devoirs pour les faibles.

Un vrai travail, un vrai salaire, un vrai logement, levée de l'état d'urgence



Les vrais responsables de la violence dans les banlieues, ce sont ceux qui, à droite comme à gauche, ont alimenté alternativement cette poudrière par leur politique anti -ouvrière et anti - jeunes.

Aujourd'hui, ils ont peur et ils appellent à l'ordre.

Le seul facteur d'ordre pour une société digne de ce nom passe par : " un vrai travail, un vrai salaire, un vrai, logement décent pour tous, et l'égalité des droits " Et d'abord, par la levée de l'état d'urgence et la libération de tous les jeunes emprisonnés.

Qui aidera cette jeunesse à orienter sa colère et sa haine contre les vraies racines du mal qui ronge cette société ?

Qui la mènera au combat contre les responsables de la misère qui s'étend ?

Dans cette voie, la responsabilité des organisations ouvrières est engagée.
Modifié le mercredi 16 novembre 2005
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