Poutine - Assad, bourreaux contre-révolutionnaires

Après des mois de bombardement de l’aviation russe, l’armée de Al-Assad et les milices chiites irakiennes, libanaises et afghanes ont repris les différents quartiers d’Alep Est tenus par « les rebelles ». Les médias nous montrent alors les terribles images de ce qu’il reste de la population évacuée au milieu des ruines. Oubliant souvent de mentionner que cette évacuation se faisait encore quelques jours plus tôt sous les tirs et les bombardements : le lendemain de l’accord russo-turc, le cessez-le-feu est déjà rompu par Assad et les miliciens chiites à sa solde.

Bachar Al-Assad et Vlamidir PoutineBachar Al-Assad et Vlamidir Poutine

Depuis le début de la guerre, aucun cessez-le-feu n’a été respecté, le boucher Assad veut l’anéantissement total des insurgés. Poutine, par sa force de frappe le lui a permis, avec la complicité des impérialismes occidentaux, Obama et Hollande en tête.

Une guerre de classes

Aujourd’hui les JT relaient les images de la foule en liesse à Alep Ouest. Qui sont les habitants d’Alep Ouest ? Ce sont les plus riches, restés fidèles à Assad, par intérêt de classe. Il convient ici de rappeler à nouveau d’où est partie l’étincelle en avril 2011 : du quartier populaire de Saïf Al-Dawla, au sud-est d’Alep. Spontanément, sans organisation, des rassemblements en soutien à « Deraa » 1 voient le jour dans les rues d’Alep Est et dans tout le pays. Farouk Mardam Bey, historien et éditeur franco-syrien nous l’explique mieux que quiconque : « [Bachar Al Assad a instauré] le capitalisme le plus sauvage, appauvrissant et marginalisant des millions de citoyens, cette masse démunie (...) survivait dans les faubourgs des grandes villes. C’est elle qui a été la principale composante sociale de la révolution, et c’est elle qui a été aussi la cible privilégiée du régime, avec son artillerie lourde, ses barils d’explosifs et son armement chimique. « Tuez-les jusqu’au dernier », réclamaient littéralement les chabbîha (nervis des Assad) depuis le début du soulèvement… et qu’on laisse la nouvelle bourgeoisie « progressiste » piller tranquillement les richesses nationales et entasser ses milliards de dollars dans les paradis fiscaux ! » 2

Ceux qui se trouvent encore à Alep, après 6 ans de guerre, sont les plus démunis : « Les plus riches sont partis pour les États-Unis et le Canada, les autres en Europe, ceux qui avaient un peu moins de moyens sont allés au Liban, en Turquie… Et ceux qui restent coincés à l’intérieur d’Alep sont ceux qui n’ont plus rien. La hiérarchie sociale se retrouve dans l’horreur . » (Fawaz Baker, musicien originaire d'Alep).

Une innommable barbarie d’État

Voici la réalité du conflit syrien : une guerre de classes ; un peuple opprimé contre un dictateur. Les impérialistes des deux bords en s’invitant dans cette guerre, soutenant au gré de leur intérêt du moment les divers groupes islamistes 3 l’ont profondément complexifiée mais le fond reste le même : ce qui se joue, ce sont les intérêts capitalistes contre les peuples.

Pour terminer, citons encore Farouk Mardam Bey 4 , qui s’adresse dans ce texte « aux admirateurs de gauche de la Syrie d'Assad », autrement dit à cette gauche « insoumise » pour 2017 : « Faut-il encore, après tout cela, rappeler les crimes contre l’humanité commis par Hafez al-Assad, en toute impunité, durant ses trente ans de règne sans partage ? Deux noms de lieu les résument : Hama où plus de 20.000 personnes, peut-être 30.000, ont été massacrées en 1982, et la prison de Palmyre, véritable camp d’extermination où les geôliers se vantaient de réduire leurs suppliciés en insectes. C’est de cette même impunité que certains, hélas de gauche, voudraient faire bénéficier Bachar al-Assad, le principal responsable du désastre, de ces plus de dix millions de déplacés, ces centaines de milliers de morts, ces dizaines de milliers de prisonniers, de la torture et des exécutions sommaires dans les prisons, de l’interminable martyre de la Syrie. Et ce martyre, tant que les bourreaux ne seront pas vaincus et punis, préfigure tant d’autres dans le monde - un monde où la Syrie aura disparu. »

Notre position

Nous faisons donc notre la déclaration du MST d’Argentine et du Mes/PSOL-Brésil :

« … Face à cette réalité, il est plus que jamais nécessaire d’engager une campagne internationale contre le génocide à Alep et d'autres villes syriennes, assurant l'entrée de nourriture et de l'aide humanitaire et de la sécurité pour le transfert de toutes les familles de réfugiés. Condamner et dénoncer la brutalité militaire de Al Assad et Poutine dans d'autres villes de la Syrie et de maintenir un soutien actif et tous ceux qui continuent de lutter véritablement contre le régime dictatorial. […] Aucune ingérence ni intervention impérialiste en Syrie et dans la région . Non à l'Etat islamique. Dehors Al Assad et Poutine . Soutenons le peuple syrien qui lutte pour sa liberté. Vive la révolution kurde . »

Julie Charmoillaux,
23-12-2016

1. En février 2011 à Deraa, dans le sud de la Syrie, des adolescents, taguent « ton tour arrive docteur », à l’adresse de Bachar Al-Assad, sur un mur de la ville, ils sont arrêtés et torturés pendant des semaines.
2. https://www.mediapart.fr/journal/international/131216/survivre-cette-guerre-c-etait-aussi-une-question-de-classe-sociale
3. Très directement comme la Russie avec ses alliés chiites mobilisés par l’Iran, la Turquie avec ses livraisons d’armes à Daesh révélées par le journal Cumhuriyet, le soutien de la France à Al-Nosra, la branche d’Al-Qaida, et plus globalement motus et bouches cousues de la part de « l’Occident » sur les aides financières et les livraisons d’armes des pays du Golfe aux diverses branches de l’islamisme sunnite.
4. https://blogs.mediapart.fr/farouk-mardam-bey/blog/191216/aux-admirateurs-de-gauche-de-la-syrie-dassad

Modifié le dimanche 08 janvier 2017
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