Un génocide qu'il faut arrêter

Dossier : Le massacre du ghetto de Gaza

A l'heure où nous écrivons ces lignes, la population de Gaza vit sous les bombes, dans un bain de sang et tente de résister à un génocide. Il n'y a pas d'autres mots. Les méthodes employées par l'Etat d'Israël sont clairement et définitivement celles d'un Etat fasciste. Ce sont celles de l'extermination d'un peuple par la terreur, dont les oppresseurs nient jusqu'à l'existence. Ce sont, à l'identique, celles qu'Hitler appliqua à la population juive enfermée dans le ghetto de Varsovie en 1943. Exagération d'extrémistes? Malheureusement non.

l'écrivain suisse Max Frisch écrivit un jour : " il y a pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles ". Ce silence complice dans lequel les Etats européens et arabes veulent enfermer et " dissoudre " la tragédie du peuple palestinien, ce calvaire qui dure depuis plus de soixante ans, massacres après massacres, déportations après déportations, emprisonnements, brimades et tortures. Il existe encore d'autres façons de couvrir la barbarie de l'Etat sioniste. Celles qui consistent à " commenter " un affrontement entre une aile " dure " du gouvernement israélien et les " intégristes islamistes " du Hamas. Ici commence la désinformation, sous couvert d'une laïcité feinte, tout en se payant le confort intellectuel de renvoyer les parties dos-à-dos, au nom d'une pathétique condamnation des violences " d'où qu'elles viennent ". C'est ce que font les Benoît Hamon, les Mélenchon et autres bonnes âmes " très à gauche ", toutes très attachées à la défense d'Eretz-Israël. Depuis deux ans, la population de Gaza est soumise à un blocus terrible de la part de l'Etat sioniste. Ce blocus l'affame, la prive des soins les plus élémentaires... Comme dans le ghetto juif de Varsovie en 1943 Et que disent tous ces gens au long de ces années : ils ne cessent de répéter leur refrain sur le " droit à l'autodéfense de l'Etat d'Israël " Et, tout comme Sarkozy, ces gens-là prétendent peu ou prou que tout a commencé par les tirs de roquettes du Hamas, tel un orage sous un ciel serein, et que la riposte d'Israël est seulement "disproportionnée".

La fable des tirs de roquettes du Hamas

Même le prétexte des tirs de roquette du Hamas est un faux monté de toutes pièces . Ainsi, le journaliste israélien Michel Warschawski enfonce le clou : " Depuis quatre ans, le Hamas respecte scrupuleusement une trêve unilatérale, et les (rares) attentats ainsi que les roquettes tirées du nord de la bande de Gaza sont surtout le fait... des brigades Al-Aqsa, liées au Fatah " ( Programmer le désastre pp.11-12 Editions La Fabrique).[1]
Mais disons-le clairement : quand bien même ce serait le Hamas, et alors ? N'aurait-il pas lui le droit de se défendre face au déluge de fer et de feu que la population de Gaza subit chaque jour et qui vient de relayer deux ans de blocus meurtrier ? Et cela ne gêne nullement nos grands humanistes que dans cette affaire, le Hamas ne dispose somme toute que l'équivalent d'un lance-pierres contre des F16 ?

Le but de l'Etat sioniste est-il seulement de " briser le Hamas " ?

l'éradication du Hamas fait bien partie des objectifs de l'Etat d'Israël, mais dans une logique qui est celle de l'extermination du peuple palestinien. Comment comprendre, sinon, l'acharnement d'Israël à empêcher l'aide humanitaire, y compris celle du CICR (la croix rouge), allant jusqu'à tirer sur un bateau qui transportait des médecins, des chirurgiens, et une ancienne sénatrice américaine (le 30 décembre). Dans une dépêche AFP du 3 janvier, nous lisons : une équipe de quatre experts médicaux du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dont un chirurgien spécialiste des blessures de guerre, s'est vue refuser l'entrée dans la bande de Gaza par les autorités israéliennes, a indiqué l'organisation Cette logique d'extermination se lit jusque dans les rapports du programme alimentaire mondial (émanation de l'ONU) "La difficulté de garantir un accès humanitaire vers Gaza ces deux derniers mois a réduit la possibilité de réapprovisionner les stocks de nourriture du Pam, dont les 3.300 tonnes actuellement stockés dans des entrepôts seront épuisées d'ici un mois( ...) "Nous répondons comme nous pouvons à un besoin urgent et immédiat de nourriture, mais la destruction des infrastructures et le manque de produits de base comme les combustibles et le gaz font que plus de gens vont sombrer dans la pauvreté et que leur seule option sera d'être assistés par la communauté internationale (propos de Christine van Nieuwenhuyse , représentante du programme alimentaire mondial, recueillis par l'AFP, le 2 janvier)

Le sionisme fait-il partie de la tradition juive démocratique ?

Comme toujours, dès que s'affirme la solidarité internationale avec le peuple palestinien, le CRIF, prétendant parler au nom des juifs, monte au créneau pour stigmatiser les opposants à l'Etat d'Israël comme autant d'antisémites potentiels ou avérés. Il est de bon ton d'assimiler l'antisionisme à l'antisémitisme. Le sionisme étant présenté comme l'idéologie naturelle des juifs. Il convient donc de rappeler que le sionisme (en référence au Mont Sion, colline sur laquelle fut bâtie Jérusalem) est une théorie qui date de la fin du XIX ème siècle et qu'elle fut très minoritaire parmi les juifs qui, dans leur grande majorité, aspiraient à s'intégrer dans les pays où ils vivaient et se liaient naturellement au mouvement ouvrier et au socialisme. En Europe centrale, dans les années 20, les juifs d'Europe centrale qui furent contraints par la répression à se réfugier en Palestine furent nombreux à prôner l'Unité des juifs et des arabes, comme par exemple Léopold Trepper, le chef de l'Orchestre Rouge puis dans les années 60, le porte-parole des juifs de Varsovie. Autre juif polonais, Marek Ederman fut un des chefs de l'insurrection du Ghetto de Varsovie en mai 1943, l'un des fondateurs de l'organisation juive de combat qui s'est forme en 1942. Il fut membre du Bund, mouvement socialiste juif de masse qui voyait l'issue à l'oppression des juifs dans la lutte des classes, l'émancipation ouvrière et l'autonomie culturelle juive. Il fut l'un des quarante survivants de l'insurrection du Ghetto. Il refusa d'immigrer en Israël et de participer aux commémorations officielles de l'insurrection. Dans les années 70, ce médecin s'opposa activement au régime stalinien en Pologne au sein du Comité de défense des ouvriers (KSS/KOR) puis dans le syndicat Solidarnosc. De nos jours, les juifs sont très nombreux à ne pas s'identifier à l'Etat sioniste. Ainsi, au lendemain de l'agression israélienne contre le Liban, Evelyn Hecht-Galinski fille de l'ancien président du Conseil Central des Juifs d'Allemagne (équivalent du CRIF en France) a protesté contre ce même Conseil dans une interview au quotidien allemand le Frankfurt Allgemeine Zeitung (8 septembre 2006) :" Nous sommes témoins d'une occupation sans fin, de la dépossession, de l'oppression et des humiliations quotidiennes des Palestiniens, des innombrables agressions militaires contre un peuple qui n'a ni Etat ni armée, des assassinats ciblés, des expropriations arbitraires de leurs terres, des destructions d'infrastructures, des explosions de maisons, de la construction effrénée de murs et de barrières, du développement incessant de colonies ; et en dernier lieu d'une guerre d'agression contre le Liban et Gaza. Nous ne pouvons pas garder le silence plus longtemps."(...) En tant que juive allemande, je ressens de mon devoir de dénoncer l'injustice, même si cette injustice est l'oeuvre de la soi-disant seule démocratie du Proche Orient. Le gouvernement israélien ne fait pas seulement mauvais usage de mon nom propre ; il a l'impudence d'invoquer aussi le legs de mes ancêtres assassinés. Le gouvernement israélien n'a pas honte d'utiliser mes grands-parents qui ont péri dans les camps de concentration et les fosses communes du régime nazi pour justifier sa malfaisance en Palestine et au Liban.

Qu'est ce que le sionisme et qui l'a inventé ?

La meilleure présentation du sionisme réside dans ce qu'ont dit les chefs sionistes eux-mêmes. En 1926, un certain Jabolinsky, fondateur de l'Irgoun (organisation paramilitaire sioniste qui recourut au terrorisme) annonce la couleur : " les arabes palestiniens ont exactement la même psychologie que nous. Ils considèrent la Palestine avec le même amour instinctif et la ferveur avec laquelle tout Aztèque considérait Mexico et tout Sioux sa prairie. Tout peuple combattra les colonisateurs jusqu'à ce que la dernière étincelle d'espoir (...) soit éteinte(...) Nous ne pouvons offrir aucune compensation contre la Palestine, ni aux Palestiniens, ni aux Arabes. Toute colonisation doit se poursuivre au mépris de la population indigène (...) Aussi longtemps qu'il y aura une étincelle d'espoir pour les Arabes, ils ne l'abandonneront pas, parce qu'il ne s'agit pas d'une tourbe, mais d'un peuple, un peuple vivant ".Menahem Begin et Itzhak Shamir font partie de l'école de pensée de Jabolinski. Par lucidité autant que par cynisme, ils reconnaissent l'existence du peuple palestinien. Ce n'est pas le cas de Golda Meïr, qui fut Premier ministre, déclarant : " il n'y a pas de peuple palestinien, que des ennemis ". Jabolinski en appelait aussi à la pureté du sang : " il est impossible à un homme de s'assimiler à un peuple dont le sang est différent du sien ". N'a t-on pas déjà entendu ça quelque part, de la bouche d'un Goebbels, par exemple. " Nous n'autoriserons pas des choses du genre des mariages mixtes parce que la préservation de notre intégrité est impossible autrement que par le maintien de la pureté de la race ". Là encore, c'est un " copié-collé " de Mein Kampf. Quant à Ben Gourion, le sioniste " socialiste " qui fut premier ministre israélien en 1948, son mot d'ordre préféré à propos des Palestiniens, était " chassons-les ". Lui aussi savait se montrer parfaitement cynique et retors : "Si j'étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C'est normal ; nous avons pris leur pays. Il est vrai que Dieu nous l'a promise, mais comment cela pourrait-il les concerner ? Notre Dieu n'est pas le leur. Il y a eu l'antisémitisme, les Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu'une seule chose : nous sommes venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient-ils accepter cela ?" (David Ben-Gourion, cité par Nahum Goldmann dans "Le Paradoxe Juif", page 121)

Les palestiniens doivent-ils reconnaître l'existence de l'Etat d'Israël ?

Le reproche le plus souvent adressé au Hamas est que ce mouvement refuse de reconnaître l'existence d'Israël, c'est-à-dire d'un Etat qui se dit juif sur les terres palestiniennes qui est aussi un Etat expansionniste, sous couvert de " retour à la terre promise ". La terre promise qui, selon un représentant israélien devant l'ONU en juillet 1947 : " s'étend du Nil à l'Euphrate " et " inclut une partie de la Syrie et du Liban ". Un Etat en quête perpétuelle de son " espace vital " tout en étant rivé aux USA et en osmose avec la Turquie mais aussi avec l'Afrique du sud du temps de Peter Botha et de l'Apartheid. Cet Etat qui a été édifié sur la destruction systématique des villages palestiniens en 1948 (385 sur les 475 villages existants) au gré d'une politique de terreur et de massacres, conduisant à l'exode de centaines de milliers de Palestiniens vers Gaza, la Cisjordanie et le Liban. Cet Etat qui se maintient depuis plus de 60 ans par la terreur, les rafles, les massacres, les guerres successives. Aussi bien, le refus de la reconnaissance d'Israël ne procède pas d'une posture " radicale " mais de l'expérience tragique. A l'origine la création d'un Etat des juifs, était une utopie réactionnaire. Dans les faits, c'est devenu une machine d'oppression et de destruction barbare. Les habitants juifs qui sont établis à Israël sont pris dans ce piège et apprennent à leur tour que " un peuple qui en opprime un autre n'est pas libre ". Pour les palestiniens, accepter Israël, c'est se résigner à vivre sur des bandes de terre transformées en ghetto, d'où on ne peut sortir, en " s'autogérant " sous l'égide d'une " autorité palestinienne " qui ne va pas sans rappeler le Judenrat (conseil juif) chargé de faire la police dans le ghetto de Varsovie et de gérer la misère en son sein, sous la férule des nazis. Quant au Hamas, mouvement créé par les frères musulmans, qui, dans un premier temps, ironie de l'histoire, fut largement favorisé par Israël pour diviser les palestiniens entre eux, il s'est renforcé et a acquis un caractère de masse depuis que l'OLP a renoncé au combat pour une seule nation palestinienne sur tout le territoire historique de la Palestine (avant la partition de 1947). Le Hamas a remporté les élections de janvier 2006 parce qu'il a maintenu ce cap du combat pour une seule Palestine. Ce combat est aussi le combat de nombreux courants laïques en Palestine qui veulent une seule Palestine laïque et démocratique, avec ses composantes juives et arabes, à égalité de droits. C'est notre position. Il n'y a en effet pas d'autre issue, dans la perspective d'une paix juste au proche orient.

[1] Analyse du traitement de Gaza par les médias, avec Michel Warschawski.
Warschawski a écrit plusieurs ouvrages, dont Sur la frontière (Stock, 2002) et Programmer le désastre, la politique israélienne à l’oeuvre. Ce dernier livre, paru aux éditions La Fabrique en février 2008, commence par un démontage en règle des mystifications sur le Proche-Orient, fabriquées et / ou entretenues par les médias internationaux.
Sources :

  • Ralph Schoenman….. La face cachée du sionisme. SELIO.1988
  • Marc Mennecier, Paul Rauschert….La question palestinienne du XIX ème siècle à nos jours. 3 ème édition Cahier de La Commune n°4
  • site web de CAP JPO Palestine
  •  site web du journaliste Michel Collon
Modifié le mardi 20 janvier 2009
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