Entre le marteau et l'enclume

LibanLe Liban a subi les plus effroyables bombardements durant la guerre des 34 jours de juillet-août dernier, dont Israël porte l'entière responsabilité. Ce n'est pas d'hier que l'État sioniste a placé le Liban sur son échiquier dans le rôle du pion sacrifié. On a vu dans les années 80 les ambitions d'Israël cherchant à promouvoir au Liban un État strictement chrétien qui serait son allié, participant à l'extermination des Palestiniens réfugiés dans ce pays. On a vu en 1982 à Sabra et Chatila ce que Sharon et son sbire libanais Saad Haddad comptaient faire des Palestiniens chassés de leur terre en1948.Aujourd'hui, alors que les médias internationaux insistent sur le rôle du Hezbollah comme agent de l'Iran et sur celui de la Syrie accusée d'altérer depuis quinze ans l'indépendance libanaise, il est bon de rappeler quelques points de repère essentiels.
- Les milices pro-israéliennes des années 70 et 80 avaient proclamé un prétendu " Liban libre " en 1979 sur le territoire de 800 km2 que l'armée sioniste occupe jusqu'en 2000.
- Durant la guerre civile, en 1983, Israël a encouragé les milices chrétiennes et druzes à se massacrer mutuellement, comme il pousse aujourd'hui le Hamas et le Fatah à le faire dans la bande de Gaza.
- Les forces dites d'interposition de l'ONU, la FINUL, ont emboîté le pas à Israël en laissant derrière eux le champ libres aux phalangistes pour pourchasser les partis laïcs libanais.
- La Syrie a eu les faveurs temporaires de l'Occident pour avoir soutenu la coalition anti-Irak lors de la guerre du Golfe en 1991 et les États-Unis ont laissé le dictateur syrien Assad faire la loi au Liban pendant quinze ans là où Israel n'était pas présent.



Rafic Hariri, corrompu et agent de Bush


- La période de stabilité qui s'ensuit au Liban est celle du gouvernement corrompu de Rafic Hariri qui, avant d'être présenté comme un martyr après sa mort dans un attentat il y a deux ans, a gangrené pendant dix ans, comme ministre, les finances du pays et surfé sur les spéculations immobilières et foncières, faisant du Liban un des États les plus endettés de la planète où tous les financiers véreux du monde arabe avaient pignon sur rue.
- La situation change en 2004 lorsque Washington dans sa guerre contre l'" Axe du mal ", engage l'offensive diplomatique, une fois l'Irak occupé, contre la Syrie, l'Iran et le Hezbollah proclamé " organisation terroriste ". Pour cela, il fait adopter par l'ONU la résolution 1559, qui exige " le désarmement de toutes les milices ", donc surtout du Hezbollah, le retrait des troupes syriennes et l'interdiction du prolongement du mandat présidentiel d'Émile Lahou, Président réputé pro-syrien du Liban. Une fois de plus, la Maison Blanche dit aux peuples du Moyen-Orient pour qui ils doivent voter : en gros, pour tous ceux qui acceptent de fléchir les genoux devant Israël, et pour eux seulement. Et c'est parce qu'en Palestine le Hamas s'y refuse que Bush veut punir le peuple palestinien tout entier pour son vote de janvier 2006 qui a donné le pouvoir au Hamas, lequel a remporté 76 sièges sur 120.



La FINUL contre le Hesbollah


- Chirac a soutenu la famille du défunt Hariri, un des hommes liges des USA au Liban, et emboîté le pas à Bush pour la création de la force de la FINUL2 visant à démanteler les positions du Hezbollah et à faire à la place d'Israël le " boulot " que celui-ci n'a pas pu réaliser lors de la guerre des 34 jours.
- Toute la prétendue " communauté internationale " a laissé Israël pilonner le Liban redevenu le terrain d'affrontements où des forces extérieures agissent. Même ceux qui n'apprécient pas le Hezbollah, sunnites, druzes, chrétiens ou athées, sont solidaires de son combat face à Israël ; le pays est en ruines, plus d'un millier de Libanais sont morts suite à une agression d'une violence inouïe exercée par l'État hébreu avec le même acharnement que contre les Palestiniens de Jénine, Ramallah ou Tulkarem au début de ce nouveau siècle.

Mais le peuple libanais est largement conscient que ceux qui veulent lui nuire poussent à la roue pour un affrontement intercommunautaire, dans un État laïc où justement les appartenances confessionnelles avaient réussi à cohabiter pendant plus de trente ans avant qu'Israël y sème les germes de la guerre civile qu'il souhaite déclencher à nouveau. Guerre civile en marche enIrak, guerre civile latente en Palestine, guerre civile préparée dans l'ombre au Liban, s'il y a un " Axe du mal ", ne passe-t-il pas par Washington et Tel-Aviv ?
Modifié le mardi 28 novembre 2006
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