La résistance continue

IrakLe fait majeur de ce mois de décembre en Irak est l'arrestation de Saddam Hussein, le 13 décembre, dans un trou lui servant d'abri, un cadre de dénuement total qui tranche avec les stéréotypes américains des dictateurs aux mille palais. Sans doute s'agit-il d'une cachette de fortune, utilisée en raison du resserrement de l'armée américaine autour de son personnage.Bush lui-même, s'il compte sur la remontée des sondages à la suite de cette arrestation qui, rappelons-le, est due à la délation et à la trahison du dictateur par un parent proche, n'a pas été très optimiste quant aux chances de voir les attentats disparaître avec la nouvelle situation. Et de fait, ceux-ci n'ont pas connu d'interruption.

Le fléau impérialiste

En fait, l'invasion américaine est un parfait concentré des fléaux exportés par l'Impérialisme : après avoir affamé la population irakienne entre les deux guerres de 1991 et 2003, les gouvernements américains ont mis l'économie irakienne en coupe réglée, en confiant à des sociétés US - dont Haliburton est l'emblème le plus parlant - les richesses du sous-sol du pays envahi.

Derrière le discours onctueux sur le " rétablissement de la démocratie " et la " paix retrouvée " se cache - comme le disait naguère Jacques Prévert - " la carie dentaire du pacifique raisonnement ", la " délicate question d'argent " qu'on entrevoit dans la " bush " de l'orateur.

A ce fléau s'ajoute le germe de la guerre civile entre sunnites et chiites, les premiers étant amalgamés au clan Saddam, les seconds au gouvernement des mollahs de Téhéran. Rappelons que la grande majorité des Irakiens est chiite (branche de l'Islam exigeant que le calife, ou chef spirituel, politique et militaire des croyants, soit un descendant de Mahomet, condition que les sunnites n'estiment nullement indispensable). Kerbala et Nadjaf sont des villes saintes du chiisme, répandu par ailleurs en Iran et au Liban.

La répression dont les chiites ont été victimes en 1991 pour s'être soulevés contre Saddam sur injonction de Bush père, qui les a laissé tomber ensuite, est dans toutes les mémoires des habitants, tout comme pour les Kurdes aussi lâchement abandonnés à l'époque par les agresseurs de l'Irak.

Il existe certes en Irak un réseau inextricable de liens de sujétion tribaux au sein même des deux grandes factions musulmanes, et Saddam en a largement joué, en particulier en direction des Bédouins de l'ouest du pays, nomades alliés au clan de Tikrit, ville natale du dictateur. Mais on peut tout au plus dire qu'elle empêche une unification de la résistance anti-Bush et anti-américaine. En aucun cas, et chacun le sait, la pression ne peut être relâchée par les factions résistantes, chacune pour ses raisons propres. l'insécurité est également entretenue par les Etats-Unis eux-mêmes, dont l'armée tire sur tout ce qui bouge, y compris ses propres collaborateurs de la nouvelle police irakienne, déjà soumise aux attaques des irakiens les plus déterminés à chasser les troupes d'occupation.

Les menaces de la Maison blanche insistant sur la présence d'Al Qaïda dans le pays (présence qu'aucune preuve n'étaie) sont en fait destinées à briser la résistance et à déverser une partie du fardeau de l'occupation sur les armées européennes (et bientôt japonaise) qui ont bien voulu assister Washington dans ses basses oeuvres.

Un gouvernement fantoche

Le gouvernement mis en place par Bush ressemble à celui de Karzaï en Afghanistan : il ne représente que lui-même et quelques chefs de tribu soucieux de profiter de la manne US pour leur propre compte. Où est la relance de l'économie dévastée ? Où sont les promesses de rétablissement de l'eau potable et de l'électricité ? Les enfants irakiens mangent-ils enfin à leur faim ? Les soins dans les hôpitaux sont-ils possibles et fiables ? Chacun sait qu'il n'en est rien. Là est le troisième fléau, celui qui empoisonne la vie du brave citoyen soucieux de sauver sa famille. Le gouvernement du plus puissant Impérialisme ne cherche pas à changer cela, parce qu'il ne voit que son profit économique immédiat, affichant son ignorance crasse et son goût immodéré de la gâchette dans un univers manichéen où le dieu Dollar joue le rôle du Bien et ceux qui lui résistent le rôle du Mal. Même si Bush fils et son quarteron de cousins germains du Ku Klux Klan sont les représentants caricaturaux de cette approche, il n'y a pas âme qui vive dans les sphères dirigeantes qui défendrait d'une manière plus souple les intérêts de l'impérialisme, un impérialisme enlisé dans le " merdier " irakien.
Modifié le vendredi 24 juin 2005
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